Naissance d’une communauté multiculturelle
Quand on parle de migrations, on pense tout de suite à l’actualité de celles et ceux qui ont risqué de quitter leur pays pour aller là où ils trouveraient de meilleures conditions de vie. C’est tout le travail d’accueil, de soutien et d’accompagnement d’organisations comme le JRS (Jesuit Refugee Service) et tant d’autres…
Cependant nous devons nous souvenir que, par le passé, de nombreux migrants se sont peu à peu enracinés dans le terroir où ils sont arrivés et ont constitué avec les populations locales une société et une culture qui n’a jamais cessé de se renouveler, non sans drames il faut le reconnaître ! C’est bien sûr le cas des Etats-Unis, c’est le cas en Europe où les noms mêmes des personnes qui habitent les différents pays qui la constituent sont le reflet de tous ces mouvements.
A la Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix, qui porte si bien son nom, nous en faisons modestement l’expérience. C’est une communauté chrétienne qui a une certaine histoire. Nous en allons en fêter les 50 ans en septembre prochain. Comme toutes les communautés paroissiales d’Europe elle a tendance à vieillir et son renouvellement n’est pas sans poser question. Eh bien, sa chance est d’accueillir des personnes qui viennent d’ailleurs, c’est-à-dire en l’occurrence des familles originaires du Congo, du Burundi… qui forment peu à peu une partie du tissu communautaire de la Chapelle. A la messe de 12h, le dimanche, par exemple, une chorale burundaise a été mise en route avec l’énergie de l’un d’entre eux, Barthélemy. Et cela renouvelle la liturgie, au point parfois de bousculer les plus anciens. Mais c’est une formidable bouffée d’air frais qui dynamise la foi et la piété de tous. Le groupe des jeunes de la Chapelle est lui aussi renouvelé par la présence d’ados de cette origine. C’est très réjouissant !
On écrit beaucoup sur la présence des chrétiens et des prêtres, venus d’ailleurs, qui peu à peu prendraient la place de ceux que l’on ne trouverait plus sur place. Il y a beaucoup de réticences face à ce phénomène… Je pense que ce n’est pas une bonne manière de réfléchir. En effet, c’est une nouvelle chrétienté qui naît et se dessine… comme cela s’est fait au cours des générations précédentes. Et là aussi c’est réjouissant !
En ce sens, il vaut la peine de lire le petit livre de Pie Tshibanda, « Prêtres africains en Europe ». Tshibanda est un homme originaire du Congo, connu tout particulièrement par le spectacle qu’il a donné à travers toute l’Europe : « Un fou noir au pays des blancs » (1999). Aujourd’hui il raconte l’histoire d’un prêtre envoyé par un évêque congolais comme Fidei Donum en Belgique et qui peu à peu découvre sa place dans l’Eglise. C’est tout un travail réciproque d’inculturation qui se réalise, non sans tensions, et cela ouvre de belles perspectives d’avenir !
En ce début d’année, cette modeste réflexion ne pourrait-elle pas nous aider à réfléchir entre nous pour dynamiser notre communauté chrétienne ? Comment allons-nous avancer cette année dans cette perspective ? Nous pourrions échanger là-dessus dimanche prochain lors de la fête de rentrée et par la suite en des formes que nous avons à inventer synodalement.