La vie qui nous appelle
En ce mois d’octobre, l’été est déjà loin. Avec ses moments de repos et de légèreté si nécessaires. Le Covid-19 semblait disparaître ; on voulait le croire, ne plus y penser. Puis, il a fallu se rendre à l’évidence : ce n’était pas une parenthèse, bien vite fermée. Le virus nous attendait comme en embuscade avec les cartables de la rentrée.
Chacun a alors vécu la reprise avec des sentiments divers : inquiétude, insouciance, fatalisme, détermination… Nous nous habituons désormais à gérer le grand retour de l’incertitude dans nos vies. Nos belles organisations, nos projets bien étudiés, personnels ou collectifs, se voient remis en cause. Il nous faut trouver de nouveaux équilibres, découvrir dans ce réel qui s’impose la manière d’habiter nos vies – et la mort – autrement, plus modestement, avec simplicité et souplesse. Découvrir aussi comment Dieu est présent et parle dans tout cela. Le monde nouveau ressemble en bien des points au monde ancien. Pourtant, nous voyons que des choses nouvelles émergent, des mûrissements s’opèrent, des prises de conscience longtemps refoulées s’imposent.
Et la vie est là, en attente. Certes modelée, affectée, transformée, différente de ce que nous envisagions et espérions. Une vie dont nous ne nous sommes pas les maîtres, qui reste toujours un don, une promesse mystérieuse. Dieu trace son chemin de Vie dans les méandres de l’histoire humaine.
Alors, comment accueillons-nous ce qui se cherche ? Comment nous situons-nous dans les changements qui s’opèrent ? Nous voyons ce qui est inquiétant et ce qui est prometteur, ce qui appelle et ce qui enferme. En tout cela, il s’agit de savoir à qui nous faisons confiance. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). N’est-ce pas la marque de l’amour, d’être pour toujours ? Si Dieu est Celui des passages, Il est Celui des fidélités. Cette fidélité de Dieu permet d’entendre pour aujourd’hui, sans naïveté : « Voici que je fais un monde nouveau. Il germe déjà ; ne le voyez-vous pas ? » (Is 43,19).
Père François Boëdec sj,
Provincial de l’EOF (Europe Occidentale Francophone)
Editorial de “Echos jésuites”, octobre 2021