Comme nous pardonnons…

Les événements de l’Ukraine nous bouleversent. Ils provoquent notre colère, mais aussi notre angoisse. Ils s’enracinent dans une histoire aussi bien religieuse que politique où des peuples et des Églises se sont affrontés, avec une violence telle que personne ne peut l’oublier.

La guerre s’arrêtera certainement, et nous souhaitons que ce jour vienne très vite, mais ce sera au prix de nombreuses victimes, de terribles ruines et de grands déplacements de populations. Les blessures seront immenses et les haines du passé n’en seront que ravivées. Alors une paix véritable peut-elle être au rendez-vous ? Oui si le cessez-le-feu ouvre sur une démarche réciproque de pardon.

Évidemment, nous ne sommes ni maîtres ni responsables d’une situation qui nous dépasse. Nous ne pouvons rien faire pour l’Ukraine si ce n’est prier et, bien sûr, aider les populations meurtries par le conflit, ce qui n’est déjà pas si mal.

Par contre, nous pouvons redécouvrir et expérimenter de nouvelle manière, la dynamique du pardon dans les méandres, plus ou moins dramatiques, de notre propre existence : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Cette prière que ces populations en guerre chantent dans des mélodies byzantines qui nous inspirent tant !

Jésus, tout simplement, redit à ses disciples que Dieu ne veut pas la mort du pécheur et il leur redit ce qu’il connaît de son Père au plus intime de lui. Image par excellence d’un Dieu qui sauve et qui redonne la vie. Jésus apprend à ses disciples le pardon. Nous découvrirons la vie redonnée de Dieu là où nous aurons nous-mêmes pardonné à nos frères. Mystère de cette Miséricorde de Dieu à la mesure de notre propre humanité, capable de tendresse et de pardon.

En nous tournant vers l’homme et en l’aimant, au-delà de toute souffrance et de toute offense, nous nous tournons vers Dieu. N’est-ce pas en commençant par vivre ce pardon chez nous que peu à peu l’univers sera enflammé par l’amour et le pardon de Dieu, et pourquoi pas en Ukraine ?

Et quand Dieu se tait…

Henri Aubert sj, Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix