Des tensions à vivre…
Plusieurs mots me viennent à l’esprit, en cette rentrée, sous forme de tensions à vivre.
La première est entre gravité et légèreté. Nous sommes dans une période grave, au sens latin du terme, c’est-à-dire pesante, lourde, sérieuse, pénible… Nous sommes devant beaucoup d’incertitudes (guerre en Ukraine, situation économique, écologique, débats éthiques…), et cela nous éprouve insidieusement. Face à cela, il nous faut avoir une bonne légèreté. Pas cette légèreté qui est signe d’inconsistance et d’irresponsabilité, mais cette légèreté de ceux qui se réjouissent de ce que la vie nous donne, et qui y croient malgré tout. La qualité des relations entre nous, le soutien mutuel, font bien partie de cette légèreté. Continuons d’en prendre soin.
La deuxième tension est entre investissement et distance. Comment être investis, engagés, avec sérieux dans nos missions, sans en être prisonniers, en ayant la distance qui convient, sachant mettre les choses à leur juste place, élargir le regard et hiérarchiser les priorités ?
Enfin, la troisième est entre fragilité et solidité. Ce qui peut nous inquiéter, c’est la fragilité de beaucoup de choses dans nos vies, la Compagnie, l’Eglise et la société. Mais cette fragilité ne s’oppose pas à une vraie solidité. Consentir à la fragilité, ne pas en avoir peur, l’intégrer, donne une liberté intérieure. Elle devient une force qui peut nous faire traverser des moments difficiles. Elle est le fruit de tas de décisions petites et grandes qui nous tournent vers ce qu’il y a de plus essentiel, malgré tous les vents mauvais. C’est cela la force des fragiles, tellement évangélique. Pour cela, il s’agit d’être enracinés en Celui qui construit nos existences. C’est au croisement de tout cela que le Seigneur nous attend.