Quatrième dimanche de Carême – Venons à la lumière

Nos histoires sont souvent troublées : l’Histoire Sainte ne l’est pas moins. En 587 av. J.-C, Jérusalem, cité de Dieu, fut prise par les Babyloniens, le Temple, Maison de Dieu, fut détruit, la terre d’Israël dévastée et le peuple déporté à Babylone durant un long exil (2 Ch 36,14-23). Comment rester fidèle à Dieu quand les témoins majeurs de sa présence ont disparu ? Le peuple insista sur d’autres voies, les louanges que Dieu habite, le respect de la Loi divine, les prophètes. Comble de paradoxe, c’est un païen, le roi Cyrus de Perse, qui libéra le peuple juif, lui permit de regagner sa terre et de reconstruire sa ville et son Temple. Dieu écrit droit avec des lignes courbes. Il est déroutant. Mais fidèle et présent à son peuple. Le judaïsme a donné à Dieu le nom de Shekhinah : la Présence. Surtout la Présence de Dieu en exil, aux temps de nuit et de brouillard. Apprenons à discerner sa présence dans l’Histoire Sainte comme histoire du salut, et apprenons que cette Histoire Sainte, c’est la nôtre.

Au cœur de l’Histoire Sainte, le Christ est venu dans le monde. Le Verbe de Dieu s’est incarné, Il a pris chair, notre chair, Il a planté sa tente parmi nous, Il a habité parmi nous (eskènôsen, shakhan ; Jn 1,14), Il est l’un de nous. L’inhabitation du Christ en notre humanité est l’expression plénière de la Shekhinah, de la présence divine, de la Présence. Cette présence illumine le monde : Christ-lumière. Le tragique, c’est que les humains préfèrent souvent la ténèbre à la lumière. Il ne suffit pas de distinguer lumière et ténèbre, il faut encore accueillir la lumière, la choisir. Venons à sa lumière ! « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3,16). Il ne suffit pas de discerner la présence divine et sa lumière en Christ. Encore faut-il adhérer, croire, donner sa foi à Celui qui nous donne la vie, et la vie éternelle (Eph 2,5-6).

Françoise Mies, bibliste et philosophe à l’Unamur