Cinquième dimanche de Carême – Suivons-le
« Tu étais au-dedans et moi j’étais au dehors et c’est là que je te cherchais » (st Augustin, Confessions, X,27). En annonçant une alliance nouvelle via son prophète Jérémie (Jr 31,31-34), Dieu déclare : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes, je l’inscrirai sur leur cœur ». Les tables de la Loi étaient gravées dans la pierre, extérieures à l’homme. Mais Dieu désire inscrire sa Loi sur le cœur de chacun ; le cœur, dans la Bible, est moins le siège des émotions que celui du discernement, du choix éclairé, de la sagesse, de la conscience. La conscience d’un être humain, certes fragile, quelle merveille ! Elle est notre boussole intérieure. Mais elle abrite aussi la présence de Dieu en nous. À travers elle, Dieu nous parle et nous guide.
Notre conscience ne nous sauve ni du péché ni de la mort. Seul le Christ sauve. Dans les larmes, il adressa « ses supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort et il fut exaucé » (He 5,7). Pourtant, Jésus est mort. Comment en fut-il sauvé ? Par la résurrection. En cette pandémie, n’attendons pas seulement un vaccin : il empêchera un temps de mourir, mais la mort viendra, à son heure. Espérons aussi une délivrance plus radicale, que seul le Christ donne. Ressuscité, premier-né d’entre les morts, Il ouvre pour nous un passage.
St Jean invite à découvrir la présence de Dieu là où spontanément nous ne voulons pas la voir : dans le grain de blé tombé en terre. Nous voudrions que le Christ soit sauvé de cette heure fatale, et nous aussi. Pourtant, si nous avons la main verte, nous savons bien que le grain tombé en terre doit mourir pour la germination, la croissance et les fruits. Il nous faut accepter que le Fils de Dieu meure et soit mort sur la croix : « quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32). Jean voit la croix comme l’élévation suprême du Christ, une glorification bien plus pleine que lors de la transfiguration. Celle-ci était un signe. La croix, la réalité. D’elle jaillit toute vie. Demandons de le reconnaître et, le reconnaissant, demandons de suivre Jésus. Suivons-le. Si le jour de notre mort, il nous arrive de désirer être sauvés de cette heure, souvenons-nous que cette heure de mourir est un « passer de ce monde au Père » (Jn 13,1) : un grand amour nous attend.
Françoise Mies, bibliste et philosophe à l’Unamur