Jeudi 18 mai 2023

Ascension du Seigneur (A)

Lectures

  • Actes 1, 1-11 : Vous serez mes témoins…
  • Psaume 46 : Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor.
  • Ephésiens 1, 17-23 : Dieu l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux.
  • Matthieu 28, 16-20 : De toutes les nations faites des disciples.

Lire les textes de la liturgie

Aux périphéries du monde !

 

L’Ascension du Seigneur. Fresque du Monastère de l’Emmanuel à Bethléem

 

L’homélie

Frères et sœurs,

Le matin de Pâques, Jésus ressuscité avaient dit aux femmes : « Allez dire à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. » (Mt 28, 7)… Quarante jours plus tard, nous y sommes ! Ils sont là les disciples, sur une montagne de Galilée, avec Marie probablement… Nous avons cheminé, depuis Pâques, avec les disciples qui peu à peu ont reconnu Jésus vivant. Nous avons pu prendre la mesure de ce que cela signifiait pour nous de croire en Jésus vivant ressuscité au cœur de nos vies, présent dans nos vies… Nous ne sommes pas seuls !

La Galilée ? C’est le lieu d’où est parti Jésus. Souvenons-nous : après avoir été baptisé par Jean au Jourdain, après avoir été tenté au désert, Matthieu raconte qu’« il se retira en Galilée » (Mt 4, 12).

La Galilée c’est le lieu où se sont implantées quatre des douze tribus d’Israël, au nord de la Terre Promise, après la libération d’Egypte. C’est un lieu tourmenté, bousculé, lieu de passage obligé pour toutes les nations qui ont occupé et anéanti la terre d’Israël au long de son histoire, c’est par là que le peuple d’Israël fut déporté vers toutes les nations du monde. C’est un lieu où se sont mélangés les peuples, où en quelque sorte l’humanité s’est forgée, avec ses misères et ses grandeurs. C’est ainsi que Matthieu rappelle la prophétie d’Isaïe : « Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. » (Mt 4, 15-16)

C’était la mission de Jésus. C’est pourquoi il décida que la Galilée serait le point de départ de son ministère, un ministère de salut pour toute l’humanité. Et il ne voulait pas être seul : il appelle ses disciples, au bord de la mer de Galilée, en leur disant : « Je ferai de vous des pêcheurs d’hommes » (Mt 4, 19). Il part avec eux, il monte à Jérusalem, pour sortir tout homme des ténèbres, pour lui redonner la liberté de vivre, en paix avec ses frères… C’est là dans la Galilée des nations que la mission de Jésus a commencé. Il emmenait avec ses disciples, derrière lui, toutes ces nations vers Jérusalem où il les fera rencontrer son Père, au cœur du Temple saint. Jérusalem où, comme dit le Psaume, « tout ensemble ne fait qu’un » (Ps 121, 3).

Pendant trois ans Jésus a conduit ses disciples sur ce chemin de vie, trois années étonnantes où il leur a montré qui il était, un être qui aime les hommes, qui a vu leur misère, qui en a eu compassion, qui ne les jugeait ni ne les condamnait, qui les guérissait, et surtout leur apprenait à vivre avec les autres, pour les autres. Pendant trois ans, les disciples ont appris, ils ont observé tout ce qu’ils devaient faire, à son exemple : c’est cela qu’il leur a montré et commandé.

Mais Jésus ne pouvait pas rester à Jérusalem, sinon il y serait resté enfermé par ce Peuple qui voulait le faire roi. C’est pourquoi il fut rejeté de Jérusalem, il mourut à l’extérieur de la ville, sur le Golgotha.

Et maintenant les disciples sont là, en Galilée, comme au commencement. Il les a convoqués. Ils sont revenus au point de départ… Ils espéraient encore qu’il allait rétablir le Royaume pour Israël… Mais justement il leur fait comprendre une dernière fois qu’il n’est pas venu pour rétablir le royaume d’Israël mais pour toutes les nations, jusqu’aux extrémités de la terre. Il les envoie parmi les nations où ils raconteront ce qu’ils ont vu et entendu, où ils feront mémoire de sa miséricorde, où ils transmettront aux femmes et aux hommes sa bonté et sa sollicitude. Il a reçu de son Père tout pouvoir et il le leur donne aujourd’hui ce pouvoir pour faire de toutes les nations des disciples.

Alors il s’en va !

C’est ce qu’ils ont fait… La Bonne Nouvelle a été répandue à travers le monde… Ce ne fut pas toujours une réussite car ils ont amené avec eux tous les virus de la vie des hommes, les grandeurs comme les misères. Mais le message a été transmis et l’Espérance est toujours là, bien vivante !

Et maintenant c’est à nous d’être envoyés. On pourrait dire que notre Galilée ce sont les « périphéries » de l’humanité. En 2013, il y a déjà dix ans, le futur pape François avait déclaré lors du conclave qui a précédé son élection : « Évangéliser implique un zèle apostolique. Évangéliser présuppose dans l’Église la parrhésia [l’audace] de sortir d’elle-même. L’Église est appelée à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries, pas seulement géographiques, mais également celles de l’existence : celles du mystère du péché, de la souffrance, de l’injustice, celles de l’ignorance et de l’absence de foi, celles de la pensée, celles de toutes les formes de misère »[1] Par ces mots, François a mobilisé les pères du Conclave qui l’ont élu. C’est bien cela le message de l’Ascension que nous célébrons en ce jour ! qui doit nous mobiliser !

A nous maintenant de suivre le chemin des disciples. Jésus nous envoie, chacune et chacun d’entre nous, aux « périphéries » du monde ! Cela commence aujourd’hui ! ici, dans cette Chapelle, à Namur, en ce monde qui est le nôtre ! Et nous pouvons le croire : c’est en chacun de nous que se manifestera la puissance qui a ressuscité le Christ et l’a fait siéger à la droite du Père.

Amen !

Père Henri Aubert sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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[1] Ces propos de Jorge Bergoglio ont été recueillis par le cardinal Jaime Lucas Ortega, archevêque de la Havane, qui lui a demandé le texte de sa communication orale. Cité par Etienne Grieu » Évangéliser aux périphéries : oui, mais que veut dire « périphérie » ? » Dans Revue Lumen Vitae 2015/1, pages 79 à 84.

Un chant pour accompagner notre méditation

Jésus, tu montes aux cieux

Texte : Jean-Pascal Hervy, Musique : Philippe Robert, ADF Musique

Stance : Pourquoi regardez vers le ciel ?
Jésus le crucifié est vraiment ressuscité. Alléluia !
Comme il est parti, il reviendra
Et nous entrerons dans la joie de son Père ! Alléluia !

Refrain :
Jésus, tu montes aux cieux,
parmi nos chants de joie !
Tu n’es plus devant nos yeux
mais nous savons que tu es là ! Alléluia !

  1. Cette gloire sans prix de l’héritage
    Reçue de Dieu par Jésus-Christ
    Sera déployée tel un partage
    Parmi ceux qui vivent de l’Esprit.
  2. Cette gloire sans prix de son alliance
    Reçue de Dieu par Jésus-Christ
    Viendra justifier une espérance
    Dans l’Église unie par son Esprit.