
Mercredi 24 décembre nuit
NOËL
- Isaïe 9, 1-6 : Le peuple qui marchait dans les ténèbres.
- Psaume 95 :Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.
- Tite 2, 11-14 : Pour faire de nous un peuple ardent à faire le bien.
- Luc 2, 1-20 : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur.
Lire les textes de la liturgie
Devenir des pèlerins d’espérance.
La crèche de la Chapelle Universitaire Namur
Pierre Defoux sj (1924-2013)
Homélie
Frères et sœurs,
Il y a tout juste un an, le pape François ouvrait la porte sainte qui inaugurait l’année jubilaire qui se terminera le 6 janvier 2026, en la fête de l’Epiphanie. Le thème de cette année : pèlerins d’espérance.
Qui dit pèlerins, dit marcheurs, dit déplacements. Les lectures de cette veille de Noël évoquent la marche, différentes expériences de marche, et aussi des déplacements extérieurs autant qu’intérieurs.
D’expérience nous savons qu’il y a bien des types de marche : celle du petit qui fait ses premiers pas, celle de ceux qui se dépêchent pour prendre le train, celle du jeune qui part à l’école avec enthousiasme ou en traînant les pieds, celle des plus âgés parmi nous, …
La première lecture nous propose celle du peuple hébreu et sa transformation. Le peuple, nous est-il dit, marchait dans les ténèbres. Sans doute, l’un ou l’autre parmi vous a-t-il expérimenté une marche aveugle lors d’un camp ou d’une retraite, ou encore une promenade dans une nuit sans lune. La marche est lente, hésitante, avec des pertes d’équilibre, et brusquement une branche qui vient vous gifler, un caillou qui fait trébucher, l’envol d’un oiseau qui vous effraie.
Le peuple marchait dans les ténèbres, sans point de repère, sinon le bruit effrayant des bottes de l’oppresseur, de ceux dont le manteau est couvert du sang de celles et ceux qu’ils ont torturés. Le bruit des missiles, des drones tueurs, le souffle et l’odeur de ceux qui enlèvent et maltraitent femmes et enfants, … Images bien actuelles de ténèbres.
Ténèbres aussi de Joseph, qui sous la contrainte d’un édit de l’empereur-dictateur Auguste, doit se mettre en route avec son épouse Marie, en fin de grossesse. Chemin lourd de fatigue, de questions, d’incertitude. Chemin de tant de migrants aujourd’hui. Et enfin, pour Marie et Joseph, au moment de la plus grande fragilité : pas de place. Pas de place pour celui qui était annoncé comme Fils du Très-Haut, héritier du roi David. Que la marche devait être pesante, les ténèbres obscures, les questions lancinantes !
Était-ce l’heure de l’échec, de l’ultime et définitive détresse ? Ou est-ce l’heure où s’éveille « la petite fille espérance », non pas à côté ou ailleurs, mais au cœur de cette réalité si obscure ?
Ces derniers jours, avant qu’on ne pose l’enfant Jésus dans la crèche de la chapelle, il y avait tout juste Joseph et Marie, main dans la main. Quelle tendresse ! Quelle confiance ! Quelle solidarité !
Cela nous invite à nous laisser conduire par Joseph, cet homme juste dans sa confiance, dans sa prise de responsabilité : il est vraiment un pèlerin de l’espérance.
Héritier de la tradition de son peuple, Joseph qui est de la descendance de David a entendu la proclamation d’Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ! » Quelle image avait-il de cette grande lumière ? Un grand roi, successeur de David ? Un justicier comme Jean-Baptiste ? Un Messie qui chasse par la force l’envahisseur romain comme les disciples d’Emmaüs ? Mais ce qu’il expérimente est à mille lieux de ces images.
Tout au long de son parcours, Joseph se laisse déplacer : invitation par l’ange de Dieu à faire sien l’enfant engendré en Marie et qui n’est pas de lui ; contrainte politique de partir vers Bethléem alors que la naissance approche ; et plus tard fuite en Egypte pour sauver l’enfant.
Mais le déplacement le plus grand, pour Joseph, comme pour nous, est de reconnaître le salut de Dieu, en cet enfant qu’il vient de poser dans une mangeoire.
Sans doute nous faut-il la simplicité des bergers, ces hommes qui vivent avec leurs bêtes, pour pouvoir accueillir le message de l’ange et se mettre en route en toute hâte :
« Ne craignez pas … je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple… un sauveur vous est né qui est le Christ, le Seigneur … vous trouverez un nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire. »
On pourrait s’arrêter simplement et se dire que c’est un scandale de poser un nouveau-né dans une mangeoire. Et c’est vrai ! Il y a tant de lieux de scandale encore aujourd’hui. Beaucoup ont été évoqués ces derniers jours pendant l’opération Viva for Life ou se déroulent à nos portes. Mais cela ne dit pas tout, ne dit pas l’essentiel de notre foi.
Être pèlerins d’espérance avec Joseph n’est-ce pas « vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété » (mots de l’épître à Tite), càd garder les yeux ouverts, et prendre nos responsabilités ? Sans aucun doute, oui. Mais cela ne suffit pas !
La célébration de Noël, nous invite à renouveler notre accueil de Jésus comme Sauveur, à le reconnaître présent et à l’espérer dans son retour. Cela suppose de réorienter notre regard, et tout comme nous voyons les petits signes du printemps, de voir et d’entretenir les signes d’espérance : le jeune qui reprend confiance en lui à travers un regard, un geste d’amitié ; des soignants se mettant au service de tous dans les situations de guerre ; … (Je vous laisse compléter.)
Ah si, nous pouvions devenir davantage des pèlerins de l’espérance, voyant la lumière, si petite et fragile soit-elle au cœur des ténèbres, propagateurs toujours en marche de bonnes nouvelles, au nom de notre foi en l’Emmanuel, Dieu avec nous.
Amen.
Père Bernard Peeters sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur
La prière universelle de ce dimanche
Le célébrant : En cette nuit de Noël, laissons-nous toucher par les bienfaits et la joie de Dieu et prions-le dans la confiance.
Refrain : Accueille au creux de tes mains, la prière de tes enfants.
- Pour l’Eglise, afin qu’elle accueille pleinement la lumière du Christ, Dieu fait homme et qu’elle sache témoigner de cette Lumière dont le monde a tant besoin ;
Prions ensemble le Seigneur. - Pour notre pays, et pour tous ceux qui travaillent en ce jour de fête au service de leurs frères en étant de permanence pour veiller à leur santé et à leur sécurité, pour ceux qui travaillent dans le nettoyage et la restauration, afin que tous soient traités avec égards et reconnaissance ;
Prions ensemble le Seigneur. - Pour qu’en ce jour de Noël où Dieu se fait petit enfant dans la crèche, la dignité de tout être humain soit respectée, et plus spécialement celle des plus petits et des plus faibles ;
Prions ensemble le Seigneur. - Pour les malades et pour ceux qui sont seuls et isolés, afin que Dieu suscite auprès d’eux aujourd’hui des messagers de sa Paix et de sa Joie ;
Prions ensemble le Seigneur. - Pour notre communauté chrétienne, pour nous tous ici rassemblés, afin que nous annoncions au monde la grande joie de Noël où Dieu se fait petit enfant, venue du Sauveur au cœur de nos existences ;
Prions ensemble le Seigneur.
Le célébrant : Seigneur, écoute les prières que nous venons d’exprimer, exauce-les et donne à notre humanité d’accueillir ta venue dans la paix et la fraternité. Toi qui es vivant pour les siècles des siècles. Amen.
Prière Universelle de la paroisse de Figeac
Un chant pour accompagner notre méditation
Notre Dieu s’est fait homme
Paroles et musique : M. Dannaud – Chants de l’Emmanuel
- Notre Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit Dieu,
Mystère inépuisable, fontaine du Salut.
Quand Dieu dresse la table, Il convie ses amis,
Pour que sa vie divine soit aussi notre vie! - Le Seigneur nous convoque par le feu de l’Esprit
Au banquet de ses noces célébrées dans la joie.
Nous sommes son Eglise, l’Epouse qu’il choisit,
Pour vivre son alliance et partager sa vie. - Merveille des merveilles, miracle de ce jour!
Pour nous Dieu s’abandonne en cette Eucharistie.
Chassons toute indolence, le Christ est parmi nous,
Accueillons sa présence et offrons-nous à lui. - Dieu se fait nourriture pour demeurer en nous,
II se fait vulnérable et nous attire à lui.
Mystère d’indigence d’un Dieu qui s’humilie
Pour que sa créature soit transformée en lui. - II frappe à notre porte le Seigneur Tout-Puissant,
II attend humble et pauvre, mendiant de notre amour.
Dénudé d’arrogance, sous l’aspect de ce pain
II se donne en offrande pour demeurer en nous. - Que nos cœurs reconnaissent en ce pain et ce vin
L’Unique nécessaire qui surpasse tout bien.
Ce que nos yeux contemplent, sans beauté ni éclat,
C’est l’Amour qui s’abaisse et nous élève à lui.