Samedi 1er novembre 2025
La Toussaint
- Apocalypse 7, 2-4.9-4 : Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer.
- Psaume 23 : Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur.
- 1 Jean 3, 1-3 : Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu.
- Matthieu 5, 1-12 : Les Béatitudes.
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Les saints de la porte d’à-côté
Homélie
Frères et sœurs,
Les saints, ce sont ceux que l’Eglise a déclaré saints et saintes de Dieu et qui résident dans le ciel. Les saints sont aussi ceux qui nous ont quittés, dont chacun d’entre nous fait mémoire aujourd’hui ou demain parce ce qu’ils demeurent dans notre cœur auprès de Dieu et que, pour cette raison, ils sont pour nous des saints, parce que Dieu justement dans sa miséricorde les a accueillis même s’ils n’ont pas toujours été exemplaires, à nos yeux comme à ceux avec qui ils ont vécu.
Je note que, dans tous les cas, tous ces saints sont de « l’autre côté » dans l’au-delà… Finalement je me pose cette question : est-ce vraiment cela qui peut nous faire vivre aujourd’hui ? Est-ce que l’invocation des saints peut changer nos vies ? N’est-ce pas simplement une illusion que beaucoup ont rejetée en vivant un plaisir échevelé dans un monde commercial et aseptisé, mais désespérant et insensé. A mon sens, oui ! évoquer aujourd’hui la sainteté est essentiel mais… nous engage !
D’abord, les saints sont le mode d’emploi pour imaginer, développer, construire et si souvent reconstruire… notre vie, là où nous sommes. C’est ainsi que l’on parle de Marie, la première en chemin… On le dit pour tant de personnes, hommes, femmes, enfants, adultes, qui ont été exemplaires tout au long de l’histoire de l’Eglise. Exemplaires non pas parce qu’ils n’auraient jamais fait le mal, mais tout simplement parce qu’ils ont traversé la vie avec toutes ses souffrances, ses difficultés et ses épreuves… Comme saint François d’Assise qui a vécu une vie de patachon dans sa jeunesse avant de se tourner vers le Christ et les plus pauvres… Mais il n’y a pas que ces saints labelisés dans le ciel.
Comme l’a si bien dit le Pape François, « il y a aussi les saints de la porte d’à côté » que nous côtoyons dans l’aujourd’hui de nos vie, ici et maintenant. François dans « Gaudete et Exultate » l’explique si bien. « J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’. »[1]
L’Ecriture répète sans arrêt qu’il est impossible de contempler face à face le visage de Dieu. On risquerait d’en mourir. Par contre toute l’histoire de la Bible raconte que Dieu a créé l’homme à son image. Nous comprenons alors petit à petit que Dieu se reflète en tous ceux que nous rencontrons sur notre chemin, les petits, les malades, les aveugles, les prisonniers, la veuve et l’orphelin… Et je ne puis oublier ceux qui travaillent pour la vie du monde, pour la paix, pour la réconciliation, pour la justice… Peut-être tout simplement ceux que nous aimons. C’est tous ceux-là qu’aujourd’hui les Béatitudes nous donnent comme modèles.
Quand des hommes et des femmes de notre monde vivent les béatitudes, alors se dessine le visage de Dieu. Et cela nous engage. En suivant l’exemple de toutes ces figures, nous sommes, nous-mêmes, invités à jouer notre rôle en tant que sel de la terre et lumière du monde.
En un deuxième temps, je rappelle que nous ne sommes pas saints du jour au lendemain. Les théologiens disent cela de la Vierge Marie, Immaculée bien sûr ! Il reste que, nous, nous sommes derrière elle sur le chemin de la Sainteté avec les hauts et les bas de nos existences, avec les souffrances et les misères qu’elles traversent.
Des témoins comme François d’Assise, Ignace de Loyola et tant d’autres, tous les autres, ont bien compris qu’il était inutile, je dirais même prétentieux de vouloir vivre un idéal impossible à atteindre sur cette terre. Par contre ils ont vu qu’il leur fallait vivre leur existence avec et au service de ceux que Dieu mettrait sur leur route. Avec eux ils allaient construire le Royaume là où ils vivraient dans la forme que l’Esprit leur donnerait d’imaginer.
Le Pape François précise : « Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. Nous sommes tous appelés à être des témoins, mais il y a de nombreuses formes existentielles de témoignage ».[2]
Cela m’amène à mon troisième point. L’amour n’est pas la fusion de deux êtres, la vie en société n’est pas une mise à niveau sans relief de toutes les personnalités, la volonté de construire un être unique et universel, comme on le voulait au temps de la construction de la tour de Babel. Nous resterons différents, il restera toujours quelque chose « entre chaque être humain », la faille de la différence qui peut interroger et blesser mais ne signifie jamais exclure, rejeter, exterminer…
Quoique nous ferons, cette faille sera toujours une souffrance. Et c’est bien pour cela que Jésus nous a appris les Béatitudes.
Et ainsi chacun peut être témoin de l’Espérance…Chacun peut dire, là où il en est de sa propre histoire, qu’il est dur, difficile ce chemin. Chacun de nous peut raconter ces moments de notre histoire où nous l’avons refusé de façon dramatique parfois. Mais nous savons au plus profond de notre cœur (même si parfois nous nous cachons les yeux) que c’est le seul chemin possible pour l’homme.
[1] Gaudete et exultate n°7, 2018
[2] Gaudete et exultate n°11, 2018
Père Henri Aubert sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur
La prière universelle de ce dimanche
Le célébrant :
Comme des publicains et de petits pauvres, nous exprimons la prière de notre communauté chrétienne auprès de notre Père.
Refrain : Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs.
- Donne, Seigneur, à ton Église et à ses membres, la force et l’audace de rappeler la mission que le Christ confie à chacun :
« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »
et donne-nous de ne jamais oublier cette loi d’amour.
Nous t’en prions. - Donne, Seigneur, à nos dirigeants, le sens de la justice et le respect des plus humbles, des « sans défense ».
Nous t’en prions. - Donne-nous, Seigneur, la simplicité qui nous fait parfois défaut pour nous rassembler et faire véritablement communion en Eglise,
et pour nous adresser à toi dans la prière.
Nous t’en prions. · - Donne aux riches et aux satisfaits de ce monde le sens de leur pauvreté et la soif de ton salut.
Et accorde aux pauvres et aux méprisés des personnes qui leur révèlent le prix qu’ils ont à tes yeux.
Nous t’en prions.
Le célébrant : Exauce notre prière, Seigneur, puisque tu l’inspires toi-même dans nos cœurs. Par Jésus. Amen
D’après la Prière Universelle de la Paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul de Colombes
Un chant pour accompagner notre méditation
Heureux les hommes au cœur de chair
Bernard/Akepsimas/Studio SM)
Refrain
Heureux les hommes au cœur de chair
Ils deviendront printemps du monde.
L´amour fait fondre nos hivers,
Il est soleil où Dieu s´annonce.
- Sur nos montagnes sans clarté
Reviens Jésus nous révéler
Les premiers mots de ton mystère.
Nous avons faim de cet Esprit
Qui peut donner à toute vie
La joie plus vaste que nos terres. - Dans nos déserts de pauvreté
Nous n´avons pas toujours trouvé
Un ciel ouvert à ton Royaume.
Nous avons faim de ton Esprit
Pour qui tes lèvres nous ont dit :
Heureux les hommes au cœur de pauvre. - Si ta douceur nous est fermée
Qui donc Seigneur pourra briser
Nos cœurs de pierre et sans partage ?
Nous avons faim de cet Esprit
Par qui les humbles ont accueilli
Un Dieu tendresse en héritage. - Les innombrables affligés
Pourront-ils être consolés
S´ils ne voient pas que tu les aimes ?
Nous avons faim de ton Esprit
Toi qui pleuras sur ton ami
Pour mieux crier “Je te relève”. - Le juste mort et l´affamé
Quand seront-ils des rassasiés
Dans un Royaume de justice ?
Nous avons faim de cet Esprit
Par qui renaît dès aujourd’hui
Le chant nouveau des terres libres.