Samedi 31 juillet 2021
Solennité de saint Ignace
Textes de la liturgie
- Deutéronome 30, 15-20 : Choisis la vie !
- Psaume 26 : Ma lumière et mon salut
- Ph 3, 8-14 : J’ai été saisi par le Christ
- Luc 9, 18-26 : Tu es le Christ !
L’homélie
Tu es le Christ
Frères et sœurs,
De la Parole de Dieu que nous venons d’entendre, je tire une certitude : la vie est le don le plus cher qui nous est fait ! Nous désirons vivre plutôt que mourir. Et pourtant c’est un choix. Un choix que nous avons toujours à faire et à refaire, comme Moïse le rappelle avec force à son peuple qu’il fait entrer en Terre Promise… : « Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors tu vivras et te multiplieras. (…) Choisis donc la vie. » (Dt 30) Oui c’est la vie que nous désirons !
Et c’est dans l’Evangile que nous trouvons notre inspiration, en Jésus qui agissait si fort pour la vie… Comme Pierre nous reconnaissons en lui celui qui donne la vie : « Tu es le Christ ! Le Messie de Dieu », celui qui vient redonner à son peuple le sens et le goût de la vie qu’il a perdu tout au long de son histoire. Et l’enthousiasme des disciples est grand, comme ils le lui diront un peu plus tard : « Nous voulons te suivre jusque dans la gloire » (Mc 10, 37).
C’est cette vie qu’Ignace voulait certainement quand il était au service du roi d’Espagne et qu’il défendait son pays contre un ennemi venu d’au-delà des Pyrénées. Il voulait la gloire et la victoire pour son Roi ! Et certainement pour lui aussi!
Mais il est blessé à la bataille de Pampelune et tous ses rêves s’écroulent. Alors pendant sa longue et douloureuse convalescence à Loyola, pendant les mois qu’il vit ensuite à Manresa, près de Barcelone, dans une sorte de retraite qui le mène aux confins de la mort, il comprend que les bonnes pensées, le suivi des règles de charité, l’héroïsme même, à la manière des saints dont il dévore le récit, ne sont pas suffisants ! En tout cela il risque de s’appuyer sur des valeurs mondaines : la force, l’honneur, l’argent, une certaine forme d’amour, ces valeurs qui souvent trouvent écho dans la peur, la haine, la violence, la jalousie, l’égoïsme et la fermeture sur soi…
Ignace découvre peu à peu le sens de la parole de Jésus à Pierre : « Il faut que le Fils de l’Homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué et que le troisième jour il ressuscite. » (Lc 9, 22) Jésus demande à Pierre de ne le dire à personne parce qu’il sait qu’il ne peut le comprendra tout de suite, qu’il lui faudra du temps pour l’accepter et le vivre. Il faudra aussi du temps à Ignace pour voir devant lui le Christ, comme il l’écrit dans ses Exercices Spirituels : Le Christ roi éternel et devant lui le monde entier qu’il appelle, en même temps que chacun en particulier : « Ma volonté est de conquérir le monde entier et tous les ennemis, et d’entrer ainsi dans la gloire de mon Père. Pour cela, celui qui voudra venir avec moi doit peiner avec moi, afin que, me suivant dans la souffrance il me suive aussi dans la gloire. » (Exercices Spirituels n°95)
Ignace découvre que sa vie est menée par un autre combat, non plus celui des champs de batailles à feu et à sang, mais celui du cœur où les esprits se font la guerre, l’esprit du bien qui vient de Dieu contre l’esprit du mal, de celui qu’il appelle « l’ennemi ». Ces combats intérieurs engendrent consolations et désolations qui lui indiquent peu à peu le véritable chemin de la vie, ce qu’il convient de vivre pour que ses frères et ses sœurs reçoivent eux aussi la vie, et lui avec eux !
Jésus, le Fils de l’Homme s’est révélé peu à peu dans l’histoire d’Ignace, comme dans celle des premiers disciples. Pour nous aujourd’hui encore il est le premier né de notre humanité, celui qui nous montre le chemin… La Parole de Dieu nous dit qu’il nous faudra certainement souffrir beaucoup… Tout simplement renoncer à nous-même et prendre notre croix. Qu’est-ce que cela peut vouloir dire aujourd’hui ?
Quand rien ne va plus, quand les éléments déchaînés nous tourmentent, comme ces dernières semaines quand la pluie devient un ennemi qui détruit tout sur son passage, quand nous subissons tant d’épreuves, en famille, au travail, dans tous les aspects de notre existence, santé, économie, social… où se trouve la vie ? Dans les tempêtes, le choix de la vie est dur à assumer.
Chacun, chacune d’entre nous peut faire mémoire de son histoire, de ces forces du mal qui l’ont dérouté, blessé, des événements qui ont blessé celui ou celle qu’il aimait, qui ont blessé son voisin laissé pour mort au bord de la route, qui nous a tellement effrayé que nous l’avons abandonné à son infortune…
C’est alors qu’il nous faut prendre notre croix, c’est-à-dire œuvrer ensemble, parfois difficilement, pour retrouver la vie, pour nous soutenir les uns les autres, pour que ceux qui manquent trouvent de quoi manger… Ces choix, c’est tous les jours que nous devons les mener. Jacques Briard nous l’a rappelé, dans l’histoire de notre quartier, des hommes et des femmes ont inventé beaucoup jusqu’à aujourd’hui pour que d’autres aient la vie… L’Escholle pour les Pauvres n’est pas une belle chose du passé, mais elle inspire aujourd’hui encore l’appel à la vie pour tous…
Si nous écoutons bien Jésus, c’est le passage obligé pour ressusciter ! pour vivre !
Le choix de Moïse est toujours là, mais il est renouvelé par la grâce du Christ. Pour Saint Paul dans sa lettre aux Philippiens il s’agit d’être « reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, fondée sur la foi. » (Ph 3, 9)
Ainsi aujourd’hui, la Parole de Dieu nous invite à traverser nos tribulations avec la foi au Christ, avec la foi que la vie est plus forte que la mort.
Alors redisons avec saint Paul :
« Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. » (Ph 3, 13-14)
Amen !
Henri Aubert sj
Communauté Notre Dame de la Paix, Namur
Un chant pour accompagner la prière:
Pour l’amour de cet homme
Texte : Didier Rimaud – Musique : Jacques Berthier
1. Pour l’amour de cet homme qu’on appelle Jésus
Un homme pour son Dieu, un homme pour les autres,
R. Nous voici devant toi, ô notre Père
Rassemblés devant toi sous son nom
Nous voici devant toi, ô notre Père
Serviteurs en tout lieu, de ta plus grande gloire.
2. Pour l’amour de ce monde où tu l’as envoyé
Agneau parmi les loups faire œuvre de justice, R./
3. Pour l’amour de l’Eglise qui est chair de sa chair
Son peuple sanctifié, le peuple de l’Alliance, R./
4. Pour l’amour des plus pauvres qu’il a dits bienheureux
Son corps dans les douleurs jusqu’à la fin du monde, R./