Vendredi 24 décembre 2021
Messe de la nuit
La nativité
Textes de la liturgie (à consulter ici)
- Isaïe 9, 1-6 : Un enfant nous est né, un fils nous a été donné !
- Psaume 95 : Aujourd’hui un sauveur nous est né, c’est le Christ, le Seigneur.
- Tite 2, 11-14 : Nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
- Luc 2, 1-20 : La nativité.
Icône de l’Atelier Saint André – Ecole de Novgorod – 15ème siècle
Icône de l’Atelier Saint André – Ecole de Novgorod – 15ème siècle
Lire la vidéo de la description de l’icône donnée à la Noël 2020.
L’homélie
Chers amis, frères et sœurs, en ce jour de Noël je vous invite à lire l’icône de la Nativité. Oui, on dit qu’une icône a été écrite, non pas qu’elle a été peinte. En effet une icône c’est une œuvre spirituelle écrite comme un poème, une prière. Celle-ci a été écrite au 15ème siècle à Novgorod, réécrite de générations en générations. Elle éclaire notre méditation de ce soir.
D’abord, Il y a Dieu, Dieu est dans la sphère bleue en haut de l’icône. Dans la sphère des cieux où Dieu réside, comme on le prie encore aujourd’hui : « Notre Père qui es aux cieux ». Dieu veille au-dessus de sa création. Il se penche vers nous, il veille sur nous, de la sphère il envoie une lumière bleue, comme le ciel, qui se divise en trois rayons, comme les trois expressions de la Trinité.
La création, elle est représentée comme une montagne dorée qui brille de la lumière de Dieu. Elle est le reflet de la gloire de Dieu. Il y a des hommes et des femmes qui vaquent à leurs occupations : c’est là que vit l’humanité. « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant », disait saint Irénée.
Et puis, remarquez au cœur de la montagne, il y a une grotte et la crèche. Ce n’est pas vraiment une étable, mais un trou noir, comme si un abime était là au cœur de l’humanité, un abime où elle risque de tomber : c’est la nuit, l’obscurité qui menace l’humanité depuis toujours. Au temps d’Isaïe, nous l’avons entendu, c’était « le joug qui pesait sur le peuple de Dieu, la barre qui meurtrissait ses épaules, le bâton du tyran, les bottes des militaires qui frappaient le sol pour attaquer Jérusalem, les manteaux couverts de sang… » (Is 9, 3-4) Au temps de Jésus c’était l’occupation par les romains, les abus de pouvoir des chefs juifs, la violence du roi Hérode… Aujourd’hui chacun d’entre nous peut évoquer en son cœur ce qui est l’obscurité du mal en lui… la nuit de son cœur… Mais aussi les drames du monde, de l’Église, ceux qui nous bouleversent et nous blessent, chacun, chacune d’entre nous… Penons quelques instants pour évoquer cette nuit.
Mais regardez, la crèche de Jésus est placée au bord du précipice, comme si elle barrait la route aux ténèbres. Jésus est là pour que nous ne tombions pas dedans. Cet enfant c’est toute notre histoire… Il est emmailloté comme un bébé qui vient d’être lavé par les sages-femmes en bas de l’icône… Mais ces bandelettes ne sont-elles pas aussi celles qui entourent Jésus, mort et mis au tombeau après sa Passion. Alors est-ce une crèche ou un tombeau ? Ce bébé finalement ne représente-t-il pas toute notre existence de la naissance à la mort ? Nous venons de le chanter : « De la crèche au crucifiement… » Ce bébé, éclairé par les rayons de la divinité, est le signe que Dieu nous aime sans jamais se fatiguer, toujours là pour nous soutenir. Et nous pouvons reprendre les mots d’Isaïe : « Les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés. Oui un enfant nous est né, un fils nous a été donné. » C’est le premier message de Noël, l’enfant qui vient de naître nous sauvera du mal et des ténèbres ! Il habite notre humanité, de la naissance à la mort.
Je continue la lecture de l’icône. Il y a le bœuf et l’âne. Dans la tradition et la loi juives, le bœuf est un animal pur, il représente le peuple élu ; l’âne est un animal impur, il représente les nations païennes qui combattaient depuis toujours Israël. Ici le bœuf et l’âne ont le museau et les yeux tournés vers l’enfant de la crèche. Juifs et païens sont réconciliés en contemplant celui qui vient les sauver. L’icône développe ce thème en représentant les juifs et les païens venus adorer l’enfant de la crèche.
D’un côté il y a le berger, il est là au nom du peuple juif. Il sonne du shofar… C’est une corne de bélier qui donne un son long, grave et vibrant qui annonce les grands moments de victoire du peuple. Dans le livre de Josué les hébreux sonnent du shofar pour détruire les murailles de Jéricho lors de la conquête du pays de Canaan. Aujourd’hui encore, ils le sonnent lors des fêtes de Roch Hachana, le nouvel an juif et du Yom Kippour, le jour du grand pardon qui clôture ces dix jours de Roch Hachana.
De l’autre côté il y a ces trois hommes, comme des rois, comme des mages qui arrivent du soleil levant. Leur ancêtre Balaam, le prophète païen, avait annoncé qu’un astre se lèverait sur Jacob. Ils l’ont suivi cette étoile, depuis leurs nations lointaines, et les voilà apportant à l’enfant l’or, comme à un roi ; l’encens, comme à un Dieu, et la myrrhe, comme à un être humain, celui qui ne peut que mourir. Ils représentent tous les peuples de la terre qui peu à peu reconnaissent en Jésus leur Dieu.
C’est la deuxième leçon de Noël. Jésus en prenant notre condition d’homme vient réconcilier toutes les nations de la terre. Il vient nous réconcilier chaque fois que les conflits, la haine, la violence, la colère nous séparent, en famille, parmi nos proches, à l’école, au travail… Il vient réconcilier tous les peuples de la terre, ceux qui s’affrontent, ceux qui s’opposent et s’excluent… Les migrants sont les terribles dégâts collatéraux de ces haines et ces violences. Jésus vient refaire l’unité d’un monde cassé.
Il y a aussi Joseph… Vous voyez il est assis, il est pensif, il ne sait pas bien que penser de tout cela. Devant lui il y a un vieil homme, on a dit qu’il était le tentateur, celui qui introduit le doute dans le cœur de Joseph. Il nous arrive d’être comme lui, de ne plus savoir ce qui se passe. Demandons à Joseph, demandons à Jésus, son fils adoptif, de trouver le sens de notre vie, c’est-à-dire ce à quoi il nous appelle, la force et l’espérance de le vivre !
Enfin il y a Marie, dans son manteau rouge, couleur de la terre. Vous voyez elle ne tient pas Jésus dans ses bras, on pourrait penser qu’elle se détourne de son fils, non ! elle se tourne vers les mages, vers nous donc, pour nous inviter à reconnaître en son enfant celui qui vient nous sauver. Elle nous met en route ! comme elle était partie en hâte vers sa cousine Élisabeth pour son service.
En effet la joie qui nous est offerte en ce soir de Noël doit être une joie active et communicative… Nous sommes invités à prendre la route, pour que, avec Jésus, à la suite de Jésus, si humble et si fragile « de la crèche au crucifiement », nous prenions ses armes, la bonté, la justice, le respect et la miséricorde, le service, tous ces commandements d’amour qu’il nous apprend à vivre. Il nous convie à mettre toutes nos forces pour barrer la route aux ténèbres et au mal. Noël c’est un jour de joie et de fête familiale certainement, c’est un envoi en mission pour la paix et le salut du monde. Les rayons bleus, divins, qui descendent du ciel sur Jésus, comme les flammes de la Pentecôte sur les disciples nous indiquent le chemin à suivre, Jésus. Ce qu’il a fait de la crèche au crucifiement, c’est à nous maintenant de le faire. Nous le savons il est avec nous jusqu’à la fin des temps. Nous serons alors « son peuple, ardent à faire le bien », comme le dit si bien saint Paul à son ami Tite.
Amen !
Père Henri Aubert sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur
Pour accompagner la prière
Il est né le divin enfant
Paroles : Claude Rozier et Didier Rimaud
Il est né, le divin Enfant,
Jour de fête aujourd’hui sur terre
Il est né, le divin Enfant,
Chantons tous son avènement.
- Le Sauveur que le monde attend
Pour tout homme est la vraie lumière.
Le Sauveur que le monde attend
Est clarté pour tous les vivants. - De la crèche au crucifiement,
Dieu nous livre un profond mystère.
De la crèche au crucifiement,
Il nous aime inlassablement. - Qu’il revienne à la fin des temps
Nous conduire à la joie du Père
Qu’il revienne à la fin des temps
Et qu’il règne éternellement !
Il est né le divin enfant – Traditionnel
Il est né le divin Enfant,
Jouez hautbois,
Résonnez musettes !
Il est né le divin Enfant,
Chantons tous son avènement !
1. Depuis plus de quatre mille ans,
Nous le promettaient les prophètes
Depuis plus de quatre mille ans,
Nous attendions cet heureux temps.
2. Ah ! qu’il est beau, qu’il est charmant !
Ah ! que ses grâces sont parfaites !
Ah ! qu’il est beau, qu’il est charmant !
Qu’il est doux ce divin enfant !
3. Ô Jésus, ô roi tout-puissant
Tout petit enfant que vous êtes,
Ô Jésus, ô roi tout-puissant,
Régnez sur nous entièrement.