Dimanche 7 janvier 2024

Fête l’Épiphanie (B)

Lectures

  • Isaïe 60, 1-6 : Debout, Jérusalem, resplendis !
  • Psaume 71 : Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.
  • Éphésiens 3, 2-3a.5-6 : Toutes les nations sont associées au même héritage.
  • Matthieu 2, 1-12 : Nous avons vu son étoile à l’Orient.

Lire les textes de la liturgie

Plus grand que le monde

L’adoration des Mages
Giotto (1266–1337), église de l’Arena à Padoue (1305)

 


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Homélie

Frères et sœurs, comme l’a déclaré un jour le Pape Benoît XVI, il est permis de penser que ce récit des mages relève de la fiction[1]. En effet, si les premiers chrétiens ont pu côtoyer des témoins directs de la vie publique de Jésus, de son enfance on ne sait rien. Donc, ce que les évangélistes nous en raconte n’a pas de portée historique. C’est le cas de ce récit des mages. Il n’est pas véridique, mais il est porteur de vérité : les contes, comme les paraboles, en disent souvent beaucoup plus que les paroles explicites. Demandons-nous donc ce que peut signifier ce texte.

Tournons-nous, d’emblée, vers la fin du texte. Nous sommes devant un tableau. On est à Bethléem, à l’intérieur d’une maison, dit le texte. Des personnages sont rassemblés : un nouveau-né et sa mère, entourés de mages orientaux. Il y a de l’or et de l’encens. Une étoile surplombe la scène.

Remarquons que, dans ce tableau, on peut voir la trace de plusieurs légendes. Celle des mages qui prédisaient l’avenir en examinant les astres, celle des étoiles qui apparaissaient lors de la naissance d’un roi ou encore celle des étoiles qui guidaient les voyageurs cherchant leur route.

On constate aussi des traces de prophéties tirées de l’Ancien Testament. Isaïe parle d’offrande d’or et d’encens transportés par des chameaux venus d’au-delà des mers (Isaïe 6, 6). Et le nom de Bethléem, cité explicitement par le texte, est tiré d’un autre passage d’Isaïe. Un psaume aussi parle de l’empire universel du Messie à venir en disant que « tous les rois viendront se prosterner devant lui » (Psaume 72, 11).

A partir de ces éléments, le rédacteur de l’évangile a construit un récit original dont nous avons à chercher quel sens lui donner. Revenons donc au tableau.

La scène nous présente un acte d’adoration. Des êtres humains censés être détenteurs des plus hauts savoirs, des spécialistes de l’espace, se prosternent. Ils tombent à genoux, dit le texte. C’est le geste réservé aux rois.  Ils déposent une offrande, elle aussi de type royal : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Et il y a l’étoile, l’insigne royal par excellence.

Les mages font ici, dans ce tableau, figures d’ambassadeurs. Ils viennent d’Orient. Du Levant, le pays d’où le soleil se lève. Ils appartiennent autant au monde de l’espace qu’à celui de la terre. Ils sont ambassadeurs de l’univers venus se prosterner devant leur souverain plus grand que l’univers.

Ce tableau est la représentation d’un évènement cosmique.

Mais celui qui est ainsi honoré est, comme le dit le texte, un « tout-petit » qui vient de naître. Une naissance humaine en un lieu précis en un moment donné. Un point minuscule de l’espace et du temps. Et là, et alors, la convergence de l’immensité de l’univers de tous les temps.

Ce tableau est celui de l’évènement de l’Incarnation.

Il nous rappelle l’enseignement de saint Jean. Saint Jean nous dit, en effet, nous nous souvenons tous de sa formulation, que le Verbe s’est fait chair. Mais il nous dit, d’abord, que la création, œuvre de Dieu est œuvre du Verbe : tout fut par lui et rien ne fut sans lui.

Ce qu’enseigne saint Jean et qui est représenté par le tableau des mages, c’est que le Verbe, autrement dit, le Christ, est enraciné dans la création dès les origines de l’univers.

Dans notre monde terrestre, depuis l’apparition de la matière jusqu’à l’homme à venir en passant par l’homme d’aujourd’hui, le Christ est à l’œuvre. Une œuvre créatrice et une œuvre salvatrice. Saint Jean, nous l’enseigne encore : le Christ est la lumière du monde qui a raison des ténèbres

On peut dire, en langage humain, qu’il est le souverain de l’univers. Plus grand que l’univers.

Incarné depuis la création de l’univers dans le temps de Dieu, il fallait que le Christ naisse, homme parmi les hommes, en un moment du temps des hommes. Moment Infiniment petit mais en lequel sont contenus toute la création et son salut.

Ambassadeurs, les mages sont aussi des chercheurs. Ils cherchent le Créateur non sans efforts. Ils interrogent les astres. Ils traversent des contrées étrangères. Ils s’habituent à des mœurs qu’ils ignoraient. Ils étudient des écritures qu’ils découvrent. Ils sont, tour à tour, des techniciens, des scientifiques, des lecteurs.

Ils rencontrent aussi des obstacles. Le texte évangélique les met aux prises avec un dictateur meurtrier figuré par Hérode. Mais ils lui échappent. La lumière finit toujours par vaincre les ténèbres.

Frères et sœurs, le temps des mages est notre temps. Le temps des mathématiciens, des médecins et des astrophysiciens. C’est le temps de tous ceux qui cherchent et qui font grandir la connaissance.  C’est vers le Christ qu’ils cheminent.

C’est le temps de tous ceux qui travaillent. C’est à la création qu’ils œuvrent avec le Christ. C’est le temps de tous ceux qui compatissent et de ceux qui souffrent ; ils sont présence du Christ au cœur de l’histoire des hommes.

En cette fête de l’Epiphanie, le récit de saint Matthieu nous invite à suivre l’exemple des mages en faisant don au souverain de l’univers des plus grandes richesses qui soient : celles de nos labeurs, de nos travaux, de nos soins pour les autres.

Alors, nous serons, comme le disait le Père Teilhard de Chardin des « adorateurs, dans le monde, du plus grand que le monde, à l’œuvre dans le monde ».

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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[1] Benoît XVI, L’enfance de Jésus, Paris, Flammarion, 2012, p.168.

Un chant pour accompagner notre méditation

Peuple fidèle (Adeste fideles)

Paroles : Claude Rozier – Musique : John-Francis Wade

  1. Peuple fidèle, le Seigneur t’appelle :
    C’est fête sur Terre, le Christ est né.
    Viens à la crèche voir le Roi du monde.
    En lui viens reconnaître, en lui viens reconnaître
    En lui viens reconnaître ton Dieu, ton Sauveur.
  2. Verbe, Lumière, et Splendeur du Père,
    Il naît d’une mère, petit enfant.
    Dieu véritable, le Seigneur fait homme.
    En lui viens reconnaître, en lui viens reconnaître
    En lui viens reconnaître ton Dieu, ton Sauveur.
  3. Peuple, acclame, avec tous les anges
    Le Maître des hommes qui vient chez toi,
    Dieu qui se donne à tous ceux qu’il aime !
    En lui viens reconnaître, en lui viens reconnaître
    En lui viens reconnaître ton Dieu, ton Sauveur.
  4. Peuple fidèle, en ce jour de fête,
    Proclame la gloire de ton Seigneur.
    Dieu se fait homme pour montrer qu’il t’aime.
    En lui viens reconnaître, en lui viens reconnaître
    En lui viens reconnaître ton Dieu, ton Sauveur.
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