Dimanche 23 juin 2024

Douzième dimanche du temps ordinaire (B)

Lectures

  • Job 38, 1.8-11 : Qui donc a retenu la mer ?
  • Psaume 106 : Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
  • 2 Corinthiens 5, 14-17 : Le Christ est mort pour tous.
  • Marc 4, 35-41 : Passons sur l’autre rive.

Lire les textes de la liturgie

Maintenant…
et à l’heure de notre mort

La tempête apaisée
Icône – Le  Châtelard (près de Lyon)

Homélie

Frères et Sœurs,

à un moment de notre enfance, parfois très tôt, parfois plus tard, nous avons été amenés à vivre une expérience unique. Elle n’a duré qu’un instant. Mais elle a eu des conséquences pour toute la suite de notre vie. C’était un soir ou peut- être un matin quand, subitement, nous avons pris conscience qu’un jour, nous allions mourir. Inexorablement. Personnellement. Nous nous sommes dit : moi, je mourrais. Ma vie à moi passera et ne reviendra jamais. A ce moment, inévitablement encore, nous avons regardé notre vie autrement. Avec davantage de gravité et de responsabilité. Peut-être avons-nous ressenti de la tristesse. Peut-être avons-nous aimé davantage ceux qui nous aidaient à vivre. Mais, certainement, nous avons eu peur. Une peur confuse qui se fera souvent oublier mais qui ne nous quittera pas. Qu’il s’agisse de la peur de la mort des autres ou la nôtre. De la peur d’être séparé de ceux que nous aimons, de la peur de perdre tout ce que la vie nous offre comme moments heureux, de la peur de l’inconnu de ce qu’est la mort, de ce qu’elle emporte de nous avec elle et de cette part de nous-même sur laquelle elle ne peut avoir prise. Et d’ailleurs, tous les actes de la vie ne sont-ils pas des luttes contre la mort.

Frères et sœurs, saint Marc, dans le récit que nous offre la liturgie de ce jour, vient nous parler de la mort et de la peur. Remémorons-nous donc le texte.

« Le soir venu, Jésus leur dit : passons sur l’autre rive ». D’emblée, le texte nous parle d’une traversée. Et d’une traversée finale. Elle s’engage à la fin du jour, le soir venu.  C’est une traversée dont le point d’arrivée est annoncé : l’autre rive. Une rive différente de celle qu’on quitte. Il n’est pas dit qu’on y reviendra. Mais remarquons aussi que le récit s’empresse d’indiquer qu’il ne s’agit pas d’une traversée solitaire : « Passons » dit Jésus. Passons ensemble. D’autant que le texte ajoute qu’il y avait d’autres barques autour. Ces barques ne se contentent pas d’accompagner la première. Une précision est donnée : elles sont « avec lui ».

Tout, dans ce début de récit, souligne que les partants ne font qu’un avec Jésus. Ils sont tous, pourrait-on dire, « embarqués dans le même bateau », prêts à vivre ensemble les dangers inconnus de la traversée.

Ceux-ci ne vont pas tarder : « Survient une violente bourrasque et les vagues se jetaient sur la barque ». Le texte nous fait voir une lutte à armes inégales. Il y a le fort et le faible. La force des éléments déchaînés et la faiblesse d’une embarcation qui ne peut que chavirer. Les passagers du bateau crient de peur. « Nous périssons », disent-ils.  Ils n’atteindront pas l’autre rive.

Le texte rapporte alors un fait étrange. Au cœur de la tempête meurtrière, Jésus dort. Le déferlement des eaux n’y change rien. C’est à l’appel des disciples qu’il se réveille. Et le verbe qui le dit est aussi celui qui dit la résurrection : se réveiller. Saint Marc installe ainsi, au centre de son récit, la présence du Christ qui a connu la mort, l’a traversée et s’est relevé.

C’est bien ce Jésus ressuscité qui, alors, mène le combat contre le vent et la mer déchaînée. Contre la mort. Il la rabroue et la réduit au silence. « Tais-toi, lui dit-il, sois muselée ». Et survient un grand calme.

Saint Marc, ici, nous donne un double enseignement. D’abord que le Ressuscité a tout pouvoir sur la mort. La mer et le vent lui obéissent. Ensuite qu’à l’heure de la mort, le Ressuscité est là. Pour traverser la mort avec nous. Pour nous accompagner jusqu’à l’autre rive.

Le récit n’est pas fini. Jésus s’adresse à ses disciples. Il leur parle de la peur : « Pourquoi êtes-vous si peureux ?  Comment n’avez-vous pas de foi ? ».

Nous apprenons maintenant ce qu’est la peur face à la mort. C’est le contraire de la foi.

La foi c’est quelqu’un. Qui est avec nous, dans le même bateau que nous et avec qui nous ne faisons qu’un. Tout au long de la vie, à l’heure des dangers et jusqu’à l’heure de notre mort. C’est lui quand il dort et c’est lui que toujours nous pouvons appeler. Il est réveillé et il nous libère de toute peur.

Frères et sœurs, ce récit est une invitation à vivre. A vivre compte tenu de la mort. En la haïssant et sans la craindre.  En la haïssant. En la combattant même si sa défaite est déjà accomplie.

Il nous revient de mettre la paix là où il y a la guerre. Il nous incombe de construire une société de protection des vies humaines dans le travail et les comportements sociaux. De développer les efforts et les progrès scientifiques pour l’amélioration des soins de santé. Devoir nous est fait de soulager les mourants avec douceur et miséricorde.

En chacun de ces actes de résistance à la mort, le Christ ressuscité est présent. Debout devant la mort en furie, il lui dit : « Tais-toi ».

Et sans la craindre parce qu’Il est avec nous, un avec nous, tous les jours, maintenant et à l’heure de notre mort.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Venez à moi, vous qui portez un fardeau
Paroles et musique : Marcus Wittal (Communauté de l’Emmanuel)

Venez à moi, vous qui portez un fardeau.
Venez, vous tous qui peinez,
Et moi, je vous soulagerai.
Je suis le repos de vos âmes.

  1. Mettez-vous à mon école,
    Car je suis doux,
    Je suis humble de cœur.
    Prenez mon joug il est aisé
    Et vous trouverez la paix.
    Mon fardeau est léger !
  2. Devant toi je tiens mon âme,
    Comme un enfant dans les bras de sa mère.
    Seigneur, mon âme espère en toi !
    En silence et dans la foi,
    J’espère le Seigneur !