Dimanche 28 janvier 2024

Quatrième dimanche ordinaire (B)

Lectures

  • Deutéronome 18, 15-20 : Parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète.
  • Psaume 94 : Aujourd’hui ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur.
  • 1 Corinthiens 7, 32-35 : J’aimerais vous voir libre de tout souci.
  • Marc 1, 21-28 : Tu es le Saint de Dieu.

Lire les textes de la liturgie

Tu es le Saint de Dieu !

Bernadette Lopez
evangile-et-peinture.org

 

 

 

Homélie

Chers frères et sœurs,

Dimanche passé, troisième dimanche ordinaire, c’était le dimanche de la Parole, institué par le Pape François.

  1. Pourquoi a-t-il désiré instituer un « dimanche de la Parole » ?

Parce que peu de chrétiens catholiques ont été encouragés, dans l’histoire de notre Eglise, à prendre du temps pour écouter personnellement, dans le secret de notre chambre (Mt 6,6) la Parole de Dieu.

Et le Pape François le répète tous les jours : « Au milieu des difficultés dans lesquelles vit le monde d’aujourd’hui, la parole de Dieu reste le seul refuge, le guide et la source de la force nécessaire pour affronter, avec espérance, les défis de la vie. » (27 septembre 2023)

Et nous, connaissons-nous la Bible ? est-elle pour nous « désirable plus que l’or, savoureuse plus que le miel » (Ps 19,11) ? « Je pris le petit livre de la main de l’Ange et je l’avalai ; dans ma bouche, il avait la douceur du miel » (Ap 10,10).

  1. Pourquoi, dans la première lecture (Dt 18,15-20), le peuple demande-t-il à Moïse qu’il écoute Dieu à leur place ?

Parce qu’ils avaient peur de Dieu, ils ne le connaissaient pas. Dès le début, Adam se cache de Dieu : il a peur de lui : « J’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché » (Gn 3,10). Et Dieu se plaint, comme un père qui voit ses enfants s’éloigner de lui : « 18 Sourds, entendez ! Aveugles, regardez et voyez ! 19 Qui est aveugle, si ce n’est mon serviteur ? Qui est sourd comme le messager que j’envoie ?… 20 Tu as vu bien des choses sans y faire attention, tu n’entendais pas. Ouvrant les oreilles, tu n’entendais pas. » (Is 42,18-20) « Mon peuple périt, faute de connaissance » (Os 4,6).

Nous préférons l’eau croupissante des marigots à la source d’eau vive : « Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive, pour se creuser des citernes, citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau » (Jr 2,13). Dieu se plaint à toutes les pages de la Bible, et encore aujourd’hui, dans le Psaume 94 : «Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre cœur comme au désert. » (vv.7 et 8)

  1. À Capharnaüm, « on était frappé par son enseignement » (Mc 1,22). Quelle est la différence entre l’enseignement de Jésus et celui des scribes ?

Les juifs entendent Jésus lui-même, en personne, le Verbe de Dieu (Jn 1,1), la Parole de Dieu faite chair (Jn 1,14). Les scribes répètent des leçons apprises dans les livres. L’autorité de Jésus lui vient de ce qu’il ne dit rien de lui-même (Jn 8,28 ; 14,10 ; etc.). L’autorité de Jésus lui vient de son écoute du Père. (Jn 12,50), le plus souvent la nuit, ou tôt le matin. C’est le moment de la prière : « Sois prêt au matin, monte dès le matin sur le mont Sinaï et attends-moi là, au sommet de la montagne » (Ex 34,2)

Nous, aujourd’hui, nous entendons des commentaires faits par des hommes plus ou moins inspirés, quand ce ne sont pas des paroles empruntées aux livres.

Les Juifs entendaient le Verbe lui-même, et non des commentateurs. Les paroles de Jésus faisaient dire à Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ! » (Jn 6,68)

De même, les gardes envoyés par les pharisiens pour arrêter Jésus, ces hommes rudes et sans instruction, reviennent bredouilles auprès de ceux qui les ont envoyés, et leur disent : « Jamais homme n’a parlé comme celui-ci. » (Jn 7,46)

  1. « J’aimerais vous voir libres de tout souci » (1 Co 7,32). De quel souci s’agit-il ? Est-il vrai que l’amour du conjoint est un obstacle à l’amour de Dieu ?

Que nous apprend la Genèse ? Que le mariage vient de Dieu : « il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2,18) et que la femme est « une aide » pour l’homme, afin que les deux s’aident mutuellement à grandir dans l’amour, l’amour de Dieu et leur amour réciproque. Loin d’être un obstacle, le conjoint est « une aide », un tremplin. L’amour de l’homme pour Dieu n’empêche pas d’aimer sa femme, au contraire. Car le premier commandement, c’est d’aimer le Seigneur de tout son cœur, mais le second lui est semblable. Dieu ne fait pas concurrence avec l’homme, et il n’est pas jaloux de l’homme, il n’est pas jaloux de l’amour de l’homme et de la femme. Au contraire, c’est ainsi qu’ils sont « image de Dieu », qui est Amour : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. » (Gn 1,27)

Il faut sans doute se rappeler que Paul attendait la venue du Christ comme imminente et, dans ses premières épîtres (Thessaloniciens et Corinthiens), il répète que « le temps a cargué ses voiles » (1 Co 7,29) : – terme technique de navigation – le navire est entré dans le port, il a replié ses voiles. Dans le Christ ressuscité, le monde à venir est déjà présent. Le dernier jour de notre vie, beaucoup de choses que nous estimions indispensables seront relativisées. Mais aujourd’hui, heureusement, l’Eglise, qui avait coutume de canoniser des papes, des évêques, des prêtres, des religieux et religieuses, reconnaît la sainteté de tous ceux qui veulent « aimer Dieu et les hommes ». Un beau livre nous rappelle la vie exemplaire de parents et de couples chrétiens : Raphaëlle SIMON, «Couples de feu et de foi. 7 histoires d’amour, 7 itinéraires spirituels », éditions de l’Emmanuel, 2020.

Bref, pour résumer : nous sommes passionnément invités par Jésus à entendre « personnellement » la Parole de Dieu, comme un message qui demande l’intimité entre l’âme et Dieu, « dans le secret de la chambre » (Mt 6,6), pour commencer avec lui un chemin d’amitié, d’apprentissage, à son école (Mt 11,29).

Une invitation à relire dans la prière (« lectio divina ») toutes les citations de ce « papier » afin de grandir dans la familiarité avec Jésus. Il faut lui accorder du temps pour le connaître, demeurer dans sa Parole, le « fréquenter » comme disaient nos grand-mères. Ce beau mot qui dit à la fois amour, désir et persévérance. Dieu a soif de toi. C’est le dernier mot de Jésus sur la croix.

J’ajouterais un dernier mot : en ce temps où nous voyons l’audace du pape François déstabiliser parfois des chrétiens et les diviser (à propos de la bénédiction de Dieu inconditionnelle) :

Pourquoi les chefs des prêtres et le grand-prêtre sont-ils étonnés de l’assurance de Pierre et de Jean, accusés devant la haute instance juridique du judaïsme ?

« Considérant l’assurance (parrèsia) de Pierre et de Jean et se rendant compte que c’étaient des gens sans instruction ni culture, les sanhédrites étaient dans l’étonnement. Ils reconnaissaient bien en eux ceux qui étaient avec Jésus » (Ac 4,13) : suivre Jésus au jour le jour, manger sa parole jour après jour, donne à tout chrétien qui s’y applique une « assurance » qui lui permet de tenir tête même aux responsables religieux.

Père Marc Cortembos sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Les mots que tu nous dis

Paroles et musique : Claude Duchesneau

  1. Les mots que tu nous dis surprennent nos attentes.
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Viens-tu aux nuits pesantes donner le jour promis ?
    Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
  2. Les mots que tu nous dis sans cesse nous appellent.
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Sont-ils « Bonne Nouvelle » qui changera nos vies ?
    Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
  3. Les mots que tu nous dis troublèrent Jean-Baptiste.
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Faut-il être prophète pour croire comme lui ?
    Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
  4. Les mots que tu nous dis formèrent les apôtres.
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Mais tu n’en dis pas d’autres aux hommes d’aujourd’hui.
    Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
  5. Les mots que tu nous dis ont fait naître l’Eglise.
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Comment peut être acquise la foi qui la construit ?
    Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
  6. Les mots que tu nous dis engagent au partage.
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Vivrons-nous le message que tu nous as transmis ?
    Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
  7. Les mots que tu nous dis nous mènent jusqu’au Père.
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Saurons-nous vivre en frères que ton amour unit ?
    Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?
  8. Les mots que tu nous dis demandent qu’on te suive.
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Et l’impossible arrive aux cœurs que tu saisis.
    Tu es celui qui vient pour libérer nos vies.
  9. Les mots que tu nous dis révèlent notre rôle
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    La Vie se fait Parole quand c’est toi qui agis
    Tu es celui qui vient pour libérer nos vies.
  10. Les mots que tu nous dis annoncent notre gloire
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Viens accomplir l’histoire où l’homme resplendit
    Tu es celui qui vient pour libérer nos vies.
  11. Les mots que tu nous dis dépassent nos frontières,
    Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
    Alors dans la lumière, ils disent : « me voici ! »
    Tu es celui qui vient pour libérer nos vies.