Jeudi 9 mai 2024

Fête de l’Ascension (B)

Lectures

  • Actes 1, 1-11 : Pourquoi, restez-vous là à regarder vers le ciel ?
  • Psaume 46 : Dieu s’élève pami les ovations, le Seigneur aux éclats du cor.
  • Ephésiens 4, 1-13 : Supportez-vous les uns les autres avec amour.
  • Marc 16, 15-20 : Ils s’en allèrent proclamer partout l’Evangile.

Lire les textes de la liturgie

Un souffle qui fait de notre vie une ascension.

Évangiles de Rabbula,
Biblioteca Medicea Laurenziana de Florence

 

Homélie

Frères et sœurs

Frères et sœurs, les lectures de l’Eucharistie de ce jour nous présentent deux récits de l’ascension du Christ ressuscité : dans les Actes des Apôtres de Luc (Ac 1,6-11) et dans l’Evangile de Marc (Mc 16,15-20). Ces deux narrations sont différentes.  N’y cherchons donc pas le reportage de l’élévation du Seigneur au ciel. Ni Luc ni Marc ne sont des journalistes.  Ce sont des témoins et des enseignants qui veulent nous faire comprendre, par leur récit, ce qu’ils croient. Les récits sont différents. La foi est la même.

Dans les Actes des Apôtres, le récit de l’ascension annonce le don prochain de l’Esprit Saint à la Pentecôte et le retour du ressuscité à la fin des temps. L’autre récit de l’ascension, celui de l’évangile de Marc, qui retiendra ici notre attention, insiste sur le fait de la séparation physique de Jésus. Cette séparation n’est pas une absence ; elle ouvre à une présence autre ; une présence autre qui inaugure un dynamisme nouveau non seulement dans la communauté des disciples, mais aussi, nous allons le voir, dans la création toute entière. Comment comprendre cette nouvelle présence du Christ ressuscité ?

Dans le récit de Marc, l’ascension du Seigneur coïncide avec le commandement qui est fait aux disciples de proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création. Ce commandement engage les disciples dans un double dynamisme. Le premier est physique ; c’est un dynamisme de mouvement, de marche en avant qui leur ouvre les routes du monde entier : « Allez dans le monde entier ».  Ainsi, les disciples sont-ils arrachés du lieu précis où ils se trouvent pour être envoyés partout. Ils deviennent citoyens du monde.  Le deuxième dynamisme est un dynamisme de communication ; la communication d’une bonne nouvelle à la création toute entière : « Proclamez l’Evangile à toute la création ».  Double dynamisme donc : de sortie (« Allez ») et de communication (« Proclamez »).

Remarquons ici que la création est mise en position de destinataire du message. Elle est appelée à répondre positivement à la Bonne Nouvelle qui lui est annoncée.   L’enjeu de cette réponse à la Bonne Nouvelle est la vie ou la mort, le salut ou la condamnation. « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui refusera de croire sera condamné ». N’entendons pas cette dernière phrase comme si le refus de croire entraînait une punition de Dieu ; nous la comprenons souvent ainsi tellement nous sommes habitués à penser que Dieu nous menace de ses châtiments. Entendons, plutôt, cette condamnation au sens où celui qui ne croit pas à la Bonne Nouvelle, s’en prive et se condamne ainsi lui-même à vivre sans cette bonne nouvelle, dans la tristesse, sans espérance. Ne pas croire, en effet, n’est-ce pas se condamner soi-même à vivre dans la désespérance.

A l’inverse, celui qui croira à la Bonne Nouvelle, celui qui se laissera plonger dedans, c’est-à-dire, celui qui s’en laissera « baptiser », celui-là sera mis debout, il vivra de la Bonne Nouvelle. En dépit de toutes les difficultés de la vie, il sera vivant, il se lèvera et s’engagera dans un combat contre tout ce qui blesse et fait mourir.

Le texte de Marc poursuit en nous détaillant les signes qui accompagneront ceux qui croiront en la Bonne Nouvelle :

  • Ils s’opposeront aux démons, aux mauvais esprits qui minent la santé morale ou troublent la santé mentale ou physique.
  • Ils parleront de nouvelles langues pour briser les obstacles à la communication. Ils trouveront les mots qui conviennent pour briser les murs de silence.
  • Ils neutraliseront les poisons qui sont dans la nature ou les venins qui sont dans les animaux pour qu’ils ne fassent plus de mal et que l’humanité soit libérée de son environnement hostile.
  • Ils imposeront les mains aux malades et les malades s’en trouveront mieux.

Toutes ces images concernent le corps, la santé et plus largement le salut qui est à l’œuvre dans la création. Elles symbolisent toutes les actions de résistance que les humains peuvent mener contre les maux qui peuvent les atteindre. Ce combat pour la vie, les croyants le mènent, avec tous les hommes de bonne volonté, au nom de Jésus-Christ ressuscité, assis à la droite du Père, dans la foi et l’assurance que l’issue de ce combat qui reste inachevé, est néanmoins déjà scellée, déjà présente.

Mais, prenant un peu de hauteur, faisons un pas de plus dans notre réflexion.  Ce dynamisme de sortie, cette proclamation de la Bonne Nouvelle, cette résistance à l’égard de ce qui nous blesse et nous fait mourir, impriment dans notre existence personnelle et collective un mouvement ascendant : un souffle qui fait de notre vie une ascension. Ainsi, célébrer l’ascension du Seigneur, c’est le suivre dans ce mouvement ascendant avec tous ceux et celles, qui, même sans la foi chrétienne, s’inscrivent, par leur action, dans la dynamique de la Bonne Nouvelle. Célébrer l’ascension, c’est reconnaître que fondamentalement, notre vie n’est pas rivée à un mouvement descendant qui nous destine à la mort ni à un mouvement cyclique destiné à se répéter indéfiniment, mais que notre vie se donne à comprendre véritablement sur un axe montant, sur un axe ascendant, orienté vers une fin heureuse. Nous pourrions, en effet, comme beaucoup, envisager la vie comme une descente progressive vers la mort. Naître, en effet, c’est déjà commencer à vieillir. C’est d’emblée entamer un compte à rebours.  Le corps, un jour ou l’autre, tôt ou tard, se fatigue et finalement nous lâche. Une année de plus, c’est une année de moins.  La vie apparaît alors comme se réduisant peu à peu telle une peau de chagrin. Le seul espoir qui reste est d’allonger autant que l’on peut ses jours, sans douter cependant de l’issue fatale qui nous attend.  On se condamne alors à la désespérance ; une désespérance que l’on peut, tout au plus, supporter stoïquement.

Le mystère de l’ascension nous ouvre une tout autre perspective. Il éduque notre regard. Il nous invite à voir la vie, notre vie effectivement mortelle, d’une autre façon : non pas comme orientée vers sa disparition, mais comme une montée, comme une émergence, comme une naissance en cours dans et à travers notre condition mortelle, destinée à s’épanouir dans une création renouvelée.

Ainsi, frères et sœurs, célébrer l’ascension, est-ce affirmer notre propre ascension : c’est reconnaître que notre vie est une vie montante, en dépit de la vieillesse qui viendra et de la mort qui approche. Quel que soit notre âge, célébrer l’ascension, c’est nous préparer, aujourd’hui, à partir, quand le jour viendra, dans la gratitude pour ce qui a été donné de vivre, mais aussi dans l’espérance, pleins de désir pour ce qui doit encore venir, confiants en la puissance paternelle bienveillante qui nous donne la vie, qui ne nous abandonnera pas dans la mort mais nous ressuscitera, dans un acte renouvelé de création, pour une vie nouvelle. Que cette espérance soit nôtre aujourd’hui.

Père André Fossionsj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Allez porter ma joie au monde

Paroles et musique : Jean-Jacques Juven

Allez porter ma joie au monde
Par toute la planète
Porter ma joie au monde
Porter ma fête.

  1. Vers les hommes sans lumière,
    Allez porter la paix
    Et cette amitié qui éclaire,
    Portez l’amour qui ne finit jamais.
  2. Aux travaux de cette terre,
    Allez pour la moisson,
    Il y a tant de travail à faire
    Pour moissonner à tous les horizons.
  3. Pour le royaume à construire
    Allez porter vos vies,
    Portez vos pierres et vos rires
    Au monde neuf qui doucement grandit.
  4. Aux enfants de la souffrance
    Allez tendre vos mains,
    Offrir une seconde chance
    Pour inventer ensemble un lendemain.