Dimanche 1er septembre 2024
Vingt-deuxième dimanche du temps ordinaire (B)
Lectures
- Deutéronome 4,1-2.6-8 : Vous garderez les commandements du Seigneur.
- Psaume : Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?
- Jacques : Mettez la Parole en pratique.
- Marc 7,1-8.14-15.21-23 : Questions autour de la tradition des anciens.
Lire les textes de la liturgie
Le pur et l’impur.
Homélie
Chers Frères et Sœurs,
Un soir, un prêtre rentrait en voiture quand il vit une camionnette renversée dans un fossé. Après avoir constaté qu’elle était vide, il reprit la route et croisa un homme marchant dans la nuit, probablement l’accidenté. Il l’invita à monter dans sa voiture. Lorsque l’homme apprit qu’il s’agissait d’un prêtre du village voisin, il s’exclama : « Dieu m’a puni ! ». Il lui raconta qu’il avait mangé de la viande un Vendredi Saint dans ce village, et maintenant, il avait eu un accident et était secouru par un prêtre. Convaincu que c’était une punition divine, il ne voulut pas croire que c’était une simple coïncidence.
Chers Frères et Sœurs,
Cette histoire[1] montre à quel point certaines traditions, non essentielles à notre salut, peuvent parfois éclipser l’Évangile et nous plonger dans la culpabilité. Cette même dérive est dénoncée par le Christ dans l’Évangile, lorsque des pharisiens et des scribes l’interrogent, scandalisés, sur le non-respect par ses disciples de la tradition du lavage des mains. Citant le prophète Isaïe, Jésus leur répond : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. En vain ils me rendent un culte, car les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. »
Les traditions jouent un rôle essentiel dans toute société humaine, car elles transmettent des valeurs et des savoirs, tout en établissant des routines, des habitudes et des rites qui forment l’identité collective. Saint Paul exhorte d’ailleurs les Thessaloniciens à rester fidèles aux traditions en ces termes : « Frères, tenez bon et gardez ferme les traditions que nous vous avons enseignées, soit de vive voix, soit par lettre » (2 Th 2, 15). La Bible elle-même s’inscrit dans cette continuité de transmission et fait partie de la tradition.
Dans l’évangile, Jésus ne s’attaque pas à la tradition en tant que telle mais à l’attitude qui privilégie l’observance des traditions non essentielles au salut au détriment de celles qui le sont véritablement. L’observance des paroles d’évangile est essentielle. D’autre part, faire un pèlerinage est non essentiel. Croire que Dieu vous punit parce que vous avez mangé de la viande un Vendredi Saint et ne pas culpabiliser d’une méchanceté à l’égard de son prochain reflète un renversement de valeurs. Ce renversement n’est pas anodin, nous dit Jésus. Il révèle un éloignement du cœur humain vis-à-vis de Dieu et une tendance à l’hypocrisie, marquée par une insistance excessive sur les pratiques religieuses extérieures.
Quant au lavage des mains au cœur de la controverse du jour, il ne s’appliquait à l’origine qu’aux prêtres dans un contexte rituel bien précis (Ex 30, 18-21). Cependant, les pharisiens ont élargi cette pratique à l’ensemble du peuple pour en promouvoir la sanctification. La notion de pur et d’impur s’enracine dans le livre du Lévitique. On y trouve des règles concernant les aliments, les pratiques, les situations et les personnes considérées comme pures ou impures, ce qui contribue à la conscience d’être un peuple séparé (Lv 20, 24-25).
Dans l’Évangile, Jésus précise ce qui rend véritablement une personne impure. Il souligne que c’est le cœur, et non l’extérieur, qui détermine la pureté ou l’impureté. Ce n’est pas ce que l’on mange qui rend impur, mais ce qui émane du cœur de l’homme. Pour être pur, il est donc essentiel d’empêcher les mauvaises pensées et intentions de naître dans son cœur. Jésus opère donc une rupture avec les habitudes de l’époque. Ce n’est pas un discours accidentel que Jésus a tenu. Jésus veut étendre le salut à tous les hommes. C’est la raison pour laquelle, dans le chapitre 7, Jésus ira dans un territoire païen, considéré comme impur. Il y rencontrera la femme Syro-phénicienne qui bénéficiera, grâce à sa foi, des bienfaits du Règne de Dieu.
Cher Frères et Sœurs,
En ce qui nous concerne, l’évangile nous invite à tenir nos cœurs toujours proches de Dieu en toute vérité. Pour cela, il est essentiel de se familiariser avec la parole de Dieu. Lire et méditer régulièrement l’Évangile permet de démasquer les fausses illusions de pureté ou de sainteté et de dépasser le dualisme entre traditionalisme et progressisme qui persiste dans certains milieux. Saint Jacques le souligne : « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Devant Dieu notre Père, un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde. » C’est la parole de Dieu qui peut nous aider à affiner notre discernement et nous orienter vers une vie authentiquement en accord avec la volonté divine.
Amen
[1] SONET, D. L’évangile au présent, Droguet & Ardent, 2003, pg. 90.
Père Williams Dhelonga sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur
Un chant pour accompagner notre méditation
Écoute la voix du seigneur
Texte : Didier Rimaud / CNPL – Musique : Jacques Berthier
- Écoute la voix du Seigneur
Prête l’oreille de ton cœur,
Qui que tu sois Ton Dieu t’appelle,
Qui que tu sois, Il est ton Père.
Refrain : Toi qui aimes la vie,
O toi qui veux le bonheur,
Réponds en fidèle ouvrier
De sa très douce volonté,
Réponds en fidèle ouvrier
De l’Évangile et de sa paix.
- Écoute la voix du Seigneur,
Prête l’oreille de ton cœur.
Tu entendras que Dieu fait grâce,
Tu entendras l’Esprit d’audace. R/ - Écoute la voix du Seigneur,
Prête l’oreille de ton cœur.
Tu entendras crier les pauvres,
Tu entendras gémir ce monde. R/ - Écoute la voix du Seigneur,
Prête l’oreille de ton cœur.
Tu entendras grandir l’Église,
Tu entendras sa paix promise. R/ - Écoute la voix du Seigneur,
Prête l’oreille de ton coeur.
Qui que tu sois fais-toi violence,
Qui que tu sois, rejoins ton frère. R/