Homélie  

Frères et sœurs,

Dans notre parcours d’Avent, en route vers Noël, nous avons suivi le fil conducteur de la paix. Paix dans notre monde en proie à tant de guerres meurtrières, paix dans nos familles parfois divisées ou déchirées, paix dans notre société polarisée et déshumanisée, et, aujourd’hui enfin, paix en nous-mêmes : paix intérieure, paix de l’âme, paix du cœur. Peut-être pouvons-nous commencer par nous interroger, ici et maintenant, pour savoir si notre cœur, notre esprit, notre âme est dans la paix. Sommes-nous paisibles intérieurement, ou sommes-nous agités, tracassés, inquiets, par telle ou telle chose ? Non pas pour dire « c’est bien » ou « c’est mal », mais pour prendre simplement notre température intérieure. Où en suis-je aujourd’hui ? Fait-il frais et paisible en moi, ou suis-je fiévreux et agité ?

Si l’on regarde le cœur d’Élisabeth accueillant sa cousine Marie, ce qui jaillit de son cœur, ce que son cœur exprime, c’est d’abord la bénédiction, puis la reconnaissance, puis la joie, puis, encore, la bénédiction. Ce qui déborde du cœur d’Élisabeth et qui s’exprime dans les paroles qu’elle adresse à Marie, est tout entier du côté de la vie, de la joie, du bonheur. Et cette joie est communicative, cette bénédiction est contagieuse puisque Marie y répond par le Magnificat, nouveau chant de joie et de louange. Bénir fait du bien, bénir engendre du bien, bénir suscite la bénédiction en retour. La parole de bénédiction réalise ce qu’elle dit : « Heureuse es-tu Marie, bénie sois-tu Marie » et Marie de répondre « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! »

Imaginons une seconde qu’Élisabeth ait répondu à la salutation de Marie en disant : « Qu’est-ce que tu tombes mal, je suis crevée par ma grossesse, j’en ai marre d’être ainsi, vivement que cela se termine, à mon âge, franchement, quelle poisse ! » Probablement que la réponse de Marie n’aurait pas été un magnificat !

Tout ceci nous rappelle quelque chose que nous savons bien. Nos paroles produisent un effet. Elles créent une atmosphère, un état d’esprit, une ambiance. Souvenons-nous de la dernière fois où nous avons dû entendre quelqu’un râler longuement, persifler, ironiser, insinuer, médire, dire tout le mal qu’il pensait de telle ou telle personne ou de telle ou telle situation. Rappelons-nous ce que cela a provoqué en nous : agacement, impatience, colère découragement, déprime. Ou peut-être nous sommes-nous surpris à renchérir et à en rajouter une couche de négativité pour ne pas être en reste ? Et soudain notre journée est gâchée et notre cœur assombri !

Quand la parole dit du mal, elle fait du mal, et quand elle dit du bien, elle fait du bien : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Voilà une pluie de bénédictions qui engendre en retour une réponse de joie, d’allégresse, et de bénédiction. Élisabeth et Marie se confirment mutuellement dans la bonté et dans la beauté de ce qu’elles vivent, dans la bonté de ce que leur rencontre produit en elles. Et cette bonté nous rejoint aujourd’hui, elle se transmet à nous lorsque nous entendons ces paroles à notre tour : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Qu’éveillent en nous ces paroles quand nous les entendons ? Est-ce une réponse d’acquiescement : « Oui, moi aussi, je connais ce bonheur de croire dans l’accomplissement des paroles du Seigneur à mon égard, quelle joie ! » ? Ou est-ce une réponse perplexe et interrogative : « C’est bien beau tout cela, mais je ne suis ni Marie, ni Élisabeth, comment pourrais-je connaître cela à mon tour ? » ? Mais quelle que soit la manière dont nous les entendons, ces mots nous touchent et nous donnent envie. N’aimerions-nous pas les entendre prononcés à notre sujet ? N’aimerions-nous pas les vivre, vivre une rencontre comme celle-là ? « Heureuse, heureux, celle, celui, qui a cru ! »

Or, il ne tient qu’à nous que ces paroles prennent vie, si seulement nous osions, nous, les adresser à quelqu’un, si seulement nous osions, nous, les prononcer, à partir de ce que nous vivons, et vis-à-vis de ceux avec qui nous vivons.

Avons-nous déjà prononcé, aujourd’hui, une parole de bénédiction ? Avons-nous déjà, aujourd’hui, dit à quelqu’un une parole qui fait du bien parce qu’elle dit le bien vécu, partagé, reçu, éprouvé, constaté ? Nos vies ne seraient-elles pas transformées si, chaque jour, nous essayions de ne rater aucune occasion de bénir, de dire du bien, de complimenter, de remercier, de rendre grâce ? Essayons pour voir !

On se demande parfois comment faire que Noël soit une vraie fête. On cherche le bon repas, le bon cadeau, les bons invités. Et si l’on essayait la bénédiction, le « bon dire » ? Ne serait-ce pas le meilleur chemin pour ouvrir notre monde à la paix de Noël, et pour répandre cette paix, en parole et en acte, autour de nous ? Amen.

Père Paul Malvaux sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant :  A Dieu, notre Père, confions nos prières aux dimensions du monde. Dieu de toute grâce, viens à notre secours.A Dieu, notre Père, confions toutes nos prières. Dieu de toute grâce, viens à notre secours.

R/ Seigneur fais de nous des ouvriers de paix,
Seigneur fais de nous des bâtisseurs d’amour.

1. « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
   Marie a dit oui. Un oui qui va changer l’histoire et qui va donner au monde, une paix incarnée par Jésus Christ : car désormais, il sera grand, jusqu’aux lointains de la terre, et lui-même, il sera la Paix. Tout commence donc par un oui. Le oui de Marie, sa confiance, sa foi en la Parole.
   Ensemble prions.
2. Tant d’hommes et de femmes vivent sous le seuil de pauvreté, sans logement, sans nourriture, sans soins.
   A l’exemple d’Elisabeth, puissions-nous aller à leur rencontre et reconnaître le Christ dans toutes ces personnes en quête de reconnaissance et de dignité.
   Ensemble prions.
3. Notre société a besoin de spiritualité.
   Beaucoup se tournent vers des organismes de bien-être mental et spirituel.
   L’Evangile nous donne la clef pour mettre en œuvre des gestes qui feront de notre monde un endroit où chaque être humain se sente en harmonie.
   Comme Marie nous l’a montré, que nous sachions être à l’écoute de la Bonne Nouvelle et disponibles pour en vivre et ainsi la transmettre autour de nous.
   Ensemble prions.
4. Réchauffement climatique, guerres, violences, notre monde a un besoin urgent d’attention, de paix, de joie et de bienveillance.
   Que nous soyons attentives et attentifs aux cris du monde et de la terre afin de devenir des semeuses et des semeurs d’amour. Que la paix et la joie de Noël transparaissent dans notre vie quotidienne, au sein de nos familles et dans le monde entier.
   Ensemble prions.

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