Dimanche 11 décembre 2022

Troisième dimanche de l’Avent (A)

Textes de la liturgie

  • Isaïe 11, 1-10 : Un royaume de justice et de conversion.
  • Psaume 71 : En ces jours-là fleurira la justice.
  • Romains 15, 4-9 : D’un même cœur, vous rendrez gloire à Dieu.
  • Matthieu 3, 1-12 : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche.

Lire les textes de la liturgie

La génération Jésus-Christ

Illustration de Nathalie Philétas (Éditions Jésuites)
Pour méditer et cheminer, un flyer est disponible à la sortie de la Chapelle,
pour les enfants et les adultes (avec une méditation de Tommy Scholtes).

L’homélie

Frères et Sœurs,

D’emblée, dans ce récit, saint Matthieu fait entendre une question. Elle porte sur l’identité de Jésus. Elle a une tournure un peu particulière. Ce n’est pas une question directe : elle paraît détournée et même quelque peu soupçonneuse. Elle présuppose presqu’une usurpation d’identité : « Toi, es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ».

La réponse paraît, elle aussi, détournée. Aux disciples de Jean qui l’interrogent, Jésus énonce une série d’évènements dont ils peuvent être témoins : les aveugles voient et les boiteux marchent, les sourds entendent et les lépreux sont guéris et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.

Pour comprendre la portée de ces propos plutôt allusifs, il faut les regarder d’un peu plus près.

La question d’abord. Observons qu’elle associe l’arrivée de celui qui est interrogé avec un changement dans le cours du temps. Si tu es bien celui qui doit venir, disent les disciples de Jean, alors le temps de l’attente est terminé et un temps nouveau prend la place.

Si des changements se produisent, ce seront les signes que tu es bien celui qu’on attendait, laissent entendre les disciples.

Revenons à la réponse. Saint Matthieu connaît l’Histoire d’Israël. Il connaît les prophéties d’Isaïe, le grand prophète. Il sait qu’Isaïe a annoncé qu’un libérateur – un « messie » en hébreu – viendrait un jour et que, ce jour-là, « les aveugles retrouveraient la vue » et que toutes sortes d’autres guérisons auraient lieu. Le livre d’Isaïe est tout entier rempli de ces annonces. En relatant que les actes accomplis par Jésus correspondent aux prophéties, Matthieu affirme donc que le jour de la libération est arrivé et que Jésus est « Celui qui doit venir ». Première réponse de saint Matthieu. Une seconde va nous être donnée.

Avec cette première réponse, nous sommes ici dans le calendrier des hommes. A l’époque d’Isaïe, puis à l’époque de Jésus, le fils du charpentier de Nazareth. D’une époque à l’autre le cours des choses a changé. Jésus est là et des actes libérateurs ont lieu. Mais ce pourrait être des bouleversements bien terrestres réalisés par un être humain exceptionnel comme beaucoup l’espéraient en Israël.

Pour arriver à la seconde partie de la réponse, nous devons en rester à saint Matthieu et à sa bonne connaissance d’Isaïe. Car Isaïe en dit plus encore de celui qui doit venir. Notamment dans la première lecture de la liturgie d’aujourd’hui. Epinglons bien les mots du texte : « Dieu vient lui-même et va vous sauver. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors les boiteux bondiront et les bouches des muets crieront de joie » (35,6).

Ce texte affirme clairement que le Sauveur est Dieu lui-même. Et que lorsque « les aveugles voient », c’est le signe du Salut offert par Dieu. Par le Dieu de la Genèse, le Dieu des commencements. Le Dieu d’avant tous les commencements. Nous ne sommes plus dans le temps des hommes et de leurs horloges. Nous sommes dans le temps de Dieu, c’est-à-dire au-delà et en-deçà de tous les temps.

Jésus est plus que le Jésus de Nazareth. Il est dans le temps des hommes et dans le temps de Dieu. Avec lui, le temps de Dieu rencontre le temps de l’homme. Quand le Verbe se fait Chair. Fils de Dieu et fils du charpentier.

Le Jésus du temps de Dieu sauve depuis toujours et pour toujours l’humanité entière. Le Jésus de Nazareth rend visible, dans des gestes humains, cet amour libérateur de Dieu.

Jésus est le Messie véritable. Ce mot, traduit en Grec, devient le mot « Christ ».

Saint Paul parle du Christ « en qui nous sommes depuis la fondation du monde » (Eph. 1,3).

Frères et sœurs, la liturgie nous a habitués à parler de « Jésus, le Christ, notre Seigneur » comme le disent les oraisons ou à invoquer le « Christ Jésus ». Ces deux appellations sont indissociables mais elles ont chacune leur signification propre.

Et grâce à notre système d’écriture qui a inventé le trait d’union, nous parlons aussi de « Jésus-Christ » en liant bien l’un à l’autre.

En Jésus-Christ, le cours du temps est changé. Et nous sommes partie prenante. Depuis Nazareth, de génération en génération, nous sommes appelés à renouveler le monde

« Allez ! Annoncez ce que vous voyez et entendez ! » dit Jésus aux disciples.

Ces quatre verbes correspondent à quatre des signes énoncés par Jésus.

Les boiteux marchent : allez ! La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres : annoncez !

Les aveugles voient et les sourds entendent : voyez et entendez !

Les témoins du salut en sont simultanément les bénéficiaires, les acteurs et les dépositaires. Lorsque Dieu se fait homme, les hommes peuvent agir à la manière de Dieu.

Les pauvres, les aveugles et les boiteux d’aujourd’hui ne sont pas loin. A nous de les voir et de les entendre. Et d’aller vers eux.

Depuis deux mille ans, nous confessons que le Christ est Jésus et que Jésus est le Christ.

Depuis deux mille ans, nous sommes témoins, acteurs et dépositaires du salut en Jésus-Christ.

Depuis deux mille ans, nous sommes la « génération Jésus-Christ ».

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Le monde ancien s’en est allé

Texte : Joseph Gelineau – Musique : Joseph Gelineau

  1. Le monde ancien s’en est allé,
    Un nouveau monde est déjà né :
    Nous attendons le jour de Dieu
    Qui transfigure terre et cieux.
  2. Le monde ancien s’en est allé,
    Un nouveau monde est déjà né :
    Ne vois-tu pas le jour venir
    Et tous les arbres reverdir ?
  3. Le monde ancien s’en est allé,
    Un nouveau monde est déjà né :
    Le Fils de l’Homme est revenu,
    Ressuscité, il ne meurt plus.
  4. Le monde ancien s’en est allé,
    Un nouveau monde est déjà né :
    Il s’est levé le jour de Dieu
    Qui fait renaître terre et cieux.