Homélie

Frères et sœurs,

Les textes de la liturgie sont trop souvent présentés ou compris comme une leçon de morale qui nous est adressée. Ainsi, l’évangile d’aujourd’hui « condamne » celles et ceux qui sont imprévoyants : organisez-vous correctement ; c’est la condition pour entrer dans la salle des noces qui dans la parabole de ce dimanche représente le Royaume des cieux.

Plutôt que nous redire comment bien faire, je voudrais réfléchir avec vous sur ce qui inspire ces textes et quel est leur objectif.

Quand on entend ou on lit un texte référant à la « Sagesse », on pense à des lois et règlements qui sont là pour faciliter la vie en société, rendre la vie meilleure. Ils sont le résultat de constats engrangés au fur et à mesure d’observations faites et d’expériences vécues : les unes entrainant une vie meilleure et d’autres montrant l’aspect destructeur de certains comportements. Ces lois et ces règlements valent pour toute vie en société et donc aussi pour la vie de la communauté chrétienne.

Dans le cas présent, loin d’apparaitre comme un règlement, une contrainte, la sagesse nous est présentée au contraire comme une personne resplendissante, qui devance nos désirs. On ne se fatigue pas à la chercher. Quel contraste avec une leçon de morale ! Cela donne plutôt l’envie de trouver la sagesse !

Si la sagesse nous apparait ainsi, c’est qu’elle répond à une aspiration, une attente inscrite en nous. Il s’agit de l’espérance qui vit en nous, l’espérance d’une vie heureuse qui, comme toute vie, passera par la mort mais ne sera pas anéantie par celle-ci. Celui qui est à la source du livre de la Sagesse nous invite à garder cette espérance malgré tous les évènements susceptibles de la détruire comme les manifestations de haine, de vengeance et de guerre que nous vivons aujourd’hui. Non seulement il nous invite à espérer mais il nous propose un chemin pour que cette espérance se réalise.

Elle est un don de Dieu et vit en nous. Elle est aussi un héritage qui s’est affiné au cours de siècles dont aucun ne fut tranquille. Tout au long de l’histoire chrétienne, il y a eu des temps d’insécurité (les persécutions), des temps de grandeur (la paix romaine), des temps d’approfondissement du message, des temps de dérives et de schismes. La stabilité n’est pas une caractéristique de notre monde.

Cette espérance, elle devrait continuer à se développer au rythme des découvertes de la société dans laquelle nous vivons, être en adéquation avec les questionnements de cette société.

C’est dans cette histoire que notre lecture du livre de la Sagesse comme celle de l’évangile s’inscrivent. Nous sommes invités à tirer profit de ce que nos prédécesseurs ont expérimenté et pratiqué pour avancer sur le chemin de la vie et transmettre à notre tour cette espérance aux générations qui nous suivent. C’est ce qui s’appelle la tradition au sens premier et fort du terme.

En prenant, dans l’évangile, la comparaison d’une noce pour nous parler de la réalisation de notre espérance, St Matthieu suggère que vivre sa Foi, marcher vers le bonheur, cela implique une démarche active, responsable de notre part. Le bonheur n’est pas le fruit de l’insouciance. De plus, il ne s’agit pas d’une recherche hors de la réalité mais bien dans celle-ci. Les lampes des invitées à la noce ne fonctionnent qu’un temps limité et il faut prévoir une réserve d’huile.

La sagesse finalement n’est pas de suivre un règlement si bénéfique soit-il. Elle correspond à la démarche de coller le mieux possible à notre finitude, de gérer au mieux nos potentialités, de ne pas « laisser tomber les bras » lorsqu’il y a un problème. La sagesse, telle qu’elle apparait ici, correspond à une autre manière d’aborder la vie. Je ne suis pas là pour me conformer à un règlement mais je tire parti des balises que mes prédécesseurs, mes contemporains aussi, ont mises et qui constituent des outils, des moyens pour avancer sur le chemin de la vie éternelle.

La sagesse vient à la rencontre d’une espérance qui est en nous. On comprend mieux pourquoi le premier texte entendu la présente comme resplendissante et se montrant avec un visage souriant. Puisse ce visage souriant être le vôtre au sortir de cette célébration.

Père Pierre Devos sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

Télécharger le PDF de l’homélie

Lire la prière universelle de ce dimanche.

Un chant pour accompagner notre méditation

Ouvre nos cœurs à ta lumière !

Philippe Goeseels/Grazia Previdi/ADF-Musique

1. O Toi, le Dieu de Jésus-Christ,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Toi, notre Père dans sa gloire,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Abreuve-nous de ta sagesse,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Donne vigueur et donne vie,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !

Toi, notre Dieu, toi notre Père,
Envoie sur nous ton Esprit.
Ouvre nos cours à ta lumière,
Sur les sentiers de Jésus-Christ.

2. Dieu tout-puissant, regarde-nous,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Donne ta force à notre monde,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Pour partager ton héritage,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Pour mieux comprendre ton appel,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
3. Envoie sur nous ton Esprit-Saint,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Dans ton amour qui nous libère,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Avec Jésus qui nous rend frères,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !
   Loué sois-tu, Seigneur de vie,
   Ouvre nos cœurs à ta lumière !