Dimanche 28 juillet 2024

Dix-septième dimanche du temps ordinaire (B)

Lectures

  • 2 Rois 4, 42-44 : Donnez-le à tous ces gens pour qu’ils mangent.
  • Psaume 144 : Tu ouvres la main Seigneur, nous voici rassasiés.
  • Éphésiens 4, 1-6 : Il y a un seul Corps et un seul Esprit.
  • Jean 6, 1-15 : La multiplication des pains.

Lire les textes de la liturgie

Tant qu’il manquera du blé, du riz ou du manioc…

Mosaïque des pains et des poissons
Église de Tabgha (Israël)

Homélie

Frères et sœurs,

A l’heure qu’il est, en différents endroits du monde, des êtres humains distribuent à d’autres êtres humains des biscuits de vitamines et de protéines concentrées. Il s’agit d’une mission médicale d’urgence destinée à sauver de la mort des personnes privées de toute nourriture.

Le 24 avril 2024, l’Organisation des Nations-Unies a publié le rapport mondial sur les crises alimentaires. Il révèle qu’actuellement près de 300 millions d’êtres humains répartis dans 59 pays du monde vivent en état d’insécurité alimentaire aigüe.

Le 2 août 1976, lors du quarante-et-unième Congrès Eucharistique International à Philadelphie, le Père Pedro Arrupe, Supérieur des Jésuites, prononçait les mots suivants : « Tant que la faim existe quelque part dans le monde, notre célébration de l’Eucharistie est, en quelque sorte, incomplète partout ».

Frères et sœurs, saint Jean nous parle aujourd’hui du lien indéfectible entre la fraction du pain sur la table eucharistique et la distribution de pain sur la table de tous les affamés du monde. Le récit évangélique de ce jour nous montre un double don : celui du corps du Christ sous les espèces du pain et celui du pain sans lequel aucun corps humain ne peut vivre. Saint Jean nous enseigne que l’on ne partage pas l’un sans partager l’autre.

Pour le comprendre, tournons-nous vers le texte.

D’emblée. Il y est question de pain. Dès les premières paroles de Jésus, nous comprenons que l’enjeu de cette histoire est que la foule trouve de quoi manger. C’est le premier et unique souci exprimé par Jésus : il s’inquiète, auprès de Philippe, de la façon de faire « pour que la foule mange ». Jésus est présenté comme un maître de repas. Il organise, il dirige. Jésus fait s’allonger les participants. Il les installe ainsi dans la position des convives de l’époque. Puis, il sert le repas et se préoccupe même des restes.

La foule elle-même semble n’être là que pour attendre ce repas.

Ce récit de repas ressemble à ceux que rapportent les autres évangélistes quand ils parlent de la « multiplication des pains ». Mais entre Matthieu, Marc et Luc, d’une part et Jean, d’autre part, une grande différence apparaît. Les premiers rapportent tous, outre le récit des pains, celui de la dernière Cène. Pas de dernière Cène chez saint Jean. Pour lui, le dernier repas, c’est celui au cours duquel il lave les pieds de ses disciples donnant ainsi l’exemple de l’amour extrême.

Pas de dernière Cène ? Si, pourtant. Elle est ici, au cœur et au creux même de cette histoire des pains. Regardons bien. Il y a, d’abord, cette insistance sur la date du déroulement du repas. Elle est mentionnée à deux reprises : « La Pâque est proche », dit le texte, et puis, plus loin, « La fête des juifs, la Pâque, était proche ». Le récit le laisse entendre, on est à l’heure de la dernière Cène.

Ensuite, il y a les gestes de Jésus : « Il prend les pains et il rend grâce ». Ce sont t les gestes de la dernière Cène.

En outre, saint Jean se distingue des trois autres évangélistes par une omission. Dans les autres récits des pains, jésus s’adresse aux disciples en leur disant : « Donnez- leur, vous, à manger ». Puis il leur confie la tâche de distribuer le pain. Chez Saint jean, rien de cela. Au contraire il nous dit que Jésus qui, dès le début du récit, « savait ce qu’il allait faire, lui », donne lui-même le pain aux convives. Comme à la dernière Cène.

Et enfin, comme si cela ne suffisait pas, il y a les morceaux. Le mot « morceau ».

Deux fois répété dans le texte. « Rassemblez les morceaux en surplus », dit Jésus. « Que rien ne se perde ». Et les disciples « rassemblent le reste des morceaux ». Ce mot a une signification particulière. Il provient du verbe qui désigne l’acte de rompre. Le verbe présent dans les récits de la dernière Cène : « Il prend le pain, le rompt et dit ceci est mon corps ». Pain de la dernière Cène, corps du Christ distribué à la foule.

Saint Jean a réuni les deux pains. Le pain de vie et le pain qui permet de vivre. L’un avec l’autre.

Pain de nos tables eucharistique et pain de la solidarité avec nos frères humains dont les entrailles crient de faim. Indissociablement. Pour que nos eucharisties ne restent pas incomplètes.

Frères et sœurs, dans l’Eucharistie, nous recevons le Christ qui a faim dans le monde des affamés.

Il ne vient pas à nous tout seul mais avec les pauvres, les opprimés, ceux qui ont faim sur la terre.

Tous ceux-là viennent dans l’Eucharistie, en quête de secours, d’amour et d’action concrète en leur faveur.

Frères et sœurs, nos célébrations eucharistiques restent, en quelque sorte, incomplètes partout dans le monde tant que quelque part dans le monde, des êtres humains manqueront de blé, de riz ou de manioc.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Je suis venu pour la vie

Paroles : Sœur M. Suzanne Toolan d’après Jn 10, 10 – Musique : P. Arsenault

Je suis venu pour la vie
Je suis venu pour la vie
Je suis venu pour la vie éternelle.

  1. Je suis le pain vivant,
    Qui me suit n’aura plus jamais faim,
    Qui croit en moi n’a plus soif,
    Celui qui me suit vient de la lumière.

  2. Je suis venu du ciel,
    Non pas pour faire ma volonté,
    Quiconque croit dans le Fils,
    Ressuscitera un jour dans la gloire.

  3. Venez manger ce pain,
    Venez boire la coupe du vin,
    Qui mangera de ce pain,
    Et boira ce vin, recevra la vie.

  4. O Père sois béni,
    De cacher ce mystère aux puissants,
    De révéler aux petits,
    L’incroyable amour de ton cœur de Père.