Dimanche 15 mai 2022

Cinquième dimanche de Pâques (C)

Comme je vous ai aimés…

Jean 13, 31-35

Textes de la liturgie
(à consulter ici)

  • Actes des apôtres 14, 21-27 : Tout ce que Dieu avait fait avec eux.
  • Psaume 144 : Mon Dieu, mon Roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais !
  • Apocalypse 21, 1-5 : Voici que je fais toutes choses nouvelles.
  • Jean 13, 3-35 : Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.

Le lavement des pieds, Duccio di Buoninsegna  (1308-1311)
Musée de l’Oeuvre de la Cathédrale de Sienne (Italie)
Une lecture du tableau

L’homélie

Frères et Sœurs,

Dieu est-il présent au milieu de nous ? Se révèle-t-il, comme on dit et comme on le répète, ou non ? Et si oui, à quoi pourrions-nous le reconnaître ?

Les lectures d’aujourd’hui nous donne quelques pistes à ce propos. Et d’abord l’Évangile : Maintenant, dit Jésus après la trahison de Judas, au moment où la mécanique qui va le mener au supplice et à la mort s’est mise en route, « maintenant, le Fils de l’homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui. Dieu lui donnera sa propre gloire. » Derrière ce mot difficile et ambigu de gloire, se cache une signification en fait assez simple : glorifier veut dire manifester, montrer, dévoiler quelque chose ou quelqu’un en plénitude, en vérité, à l’état pur, pourrait-on dire. Or, si je demandais à quelqu’un parmi nous de répondre à cette question : « qui es-tu en vérité ? », il aurait certainement du mal à y répondre. Car il y a ce que nous montrons de nous-même en agissant, et nous montrons en effet une part de qui nous sommes à chaque fois que nous faisons quelque-chose, il y a ce que nous disons, les paroles que nous prononçons, qui révèlent également quelque chose de nous-mêmes, mais il y a aussi ce que nous pensons, ce que nous sentons, ce que nous imaginons ou aimerions être et qui ne coïncide pas toujours, c’est le moins que l’on puisse dire, avec ce que nous faisons et disons ouvertement… Autrement dit, pour nous, répondre à cette question : « qui sommes-nous en vérité, quelle est notre gloire ? » n’a rien d’évident. Dès lors, lorsque Jésus dit qu’à travers les événements qui vont suivre, sa passion et sa résurrection, il va être glorifié et que Dieu va être glorifié en lui, il nous dit qu’il va ainsi manifester, montrer ouvertement, la vraie nature de Dieu, sa vraie réalité, et que c’est lui, Jésus, qui la manifeste aux yeux de tous dans le monde. C’est Jésus, la gloire de Dieu ! A travers ses actes, à travers ses paroles, à travers toute sa vie, sa mort et sa résurrection, c’est Dieu lui-même qui se manifeste, qui se montre dans sa gloire, en toute vérité. Et nous, quand nous ouvrons l’Évangile, nous voyons donc la gloire de Dieu à l’œuvre en Jésus-Christ.

Voilà qui est bien beau, me direz-vous, mais cela fait 2000 ans que Jésus n’est plus parmi nous. Et lire une histoire, aussi belle soit-elle, ce n’est pas exactement la même chose qu’une rencontre vivante, en chair et en os, en face-à-face. Alors, Dieu ne s’est-il manifesté que quelques instants, le temps de la vie terrestre de Jésus, ou se manifeste-t-il encore aujourd’hui, dans sa gloire, d’une façon ou d’une autre ?

Relisons les actes des apôtres. Paul et Barnabé ont voyagé à travers toute la Turquie pour proclamer la Bonne Nouvelle, appelant à la conversion, guérissant des malades et fondant un peu partout des petites communautés nouvelles de disciples du Christ. Et voilà qu’à leur retour de leur périple, ils racontent à toute l’Église d’Antioche rassemblée « tout ce que Dieu avait fait avec eux et comment il avait ouvert les portes de la foi aux nations païennes. » Dieu, désormais, agit avec et à travers les apôtres, ici Barnabé et Paul, qui eux-mêmes parlent et agissent à la suite de Jésus et comme Jésus. Dieu ouvre les portes de la foi, c’est-à-dire les portes de la rencontre avec lui pour les nouveaux croyants, par l’intermédiaire des actes et des paroles que les apôtres accomplissent à la suite du Christ. C’est donc par les apôtres désormais que la gloire de Dieu et la gloire du Christ se montrent aux hommes, se manifestent et continuent de produire leurs effets. Et c’est à cela que nous sommes tous et toutes, chacun et chacune, vous et moi, appelés, puisque, aujourd’hui, c’est nous qui sommes les apôtres du 21ème siècle.

Il est probable qu’en ce point, quelques objections s’éveillent dans notre esprit. « Moi, manifester la gloire de Dieu ? Un peu de modestie, il ne faut tout de même pas exagérer. » Or, rappelons-nous, si nous sommes nous-mêmes croyants aujourd’hui, n’est-ce pas parce que, un jour, nous avons rencontré telle, telle et telle personnes à travers lesquelles quelque-chose de Dieu nous a été révélé ? Quelque-chose de Dieu s’est montré et nous a ouvert les portes de la foi ? Alors, pourquoi ne pourrions-nous pas faire de même ? D’ailleurs, n’oublions pas que Paul lui-même n’était ni un bel homme qui en imposait, ni un beau parleur ou un grand orateur. C’était, comme il le dit lui-même, l’avorton, le moins que rien, le dernier. Et il ajoute encore que c’est peut-être à cause de cela qu’il est devenu le premier des apôtres aux nations païennes. Parce qu’à travers sa faiblesse et ses difficultés, la gloire de Dieu pouvait se manifester davantage, sans qu’on risque de confondre! Alors, pourquoi pas nous ?

Lorsqu’il s’agit de manifester la gloire de Dieu, la recette n’est ni compliquée, ni hors de notre portée. Depuis le petit enfant jusqu’au vieillard chargé d’âge, la voie est accessible et toute proche. Il suffit de pratiquer le seul et unique commandement donné par Jésus : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. » Ainsi, Dieu n’attend que notre amour pour manifester, aujourd’hui encore, sa gloire dans le monde. C’est ainsi que nous l’avons connue et c’est ainsi que nous sommes appelés à la faire connaître. Amen.

Père Paul Malvaux  s.j
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Pour accompagner la prière

Aimer, c’est vivre

Paroles d’après saint Jean – Musique : Georges Lefebvre

  1. Aime et tu sauras que l’amour fait vivre
    Aime et tu vivras, car aimer, c’est vivre.
  2. Tu aimeras le Seigneur Dieu
    Et ton prochain, tu l’aimeras comme toi-même.
  3. Dieu le premier nous a aimés,
    Il envoya son Fils unique pour nous sauver.
  4. Quel grand amour nous est donné :
    Dieu nous appelle ses enfants et nous le sommes.
  5. Celui qui aime est né de Dieu,
    L’amour de Dieu demeure en lui et lui en Dieu.
  6. Si Dieu nous a aimés ainsi,
    Il faut s’aimer les uns les autres en vérité.