Homélie

Frères et sœurs,

« Jacques, Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion. » Ce sont les mots de Paul aux Galates (Ga 2,9)

Si Paul les appelle « notables, colonnes », c’est qu’ils ont été témoins de la lumière qui a transfiguré le visage du Christ, au moment où il priait son Père sur la montagne. Cette vision a marqué profondément les trois apôtres, à tel point que, des années plus tard, ils en parlaient encore :

Le témoignage de Pierre :

Nous avons été « témoins oculaires de sa majesté (…) lorsque la Gloire pleine de majesté lui transmit cette parole : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur.” Cette voix, nous l’avons entendue ; elle venait du Ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte. » (2 P 1, 16-18)

Le témoignage de Jean :

« Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; car la Vie s’est manifestée : nous l’avons vue, nous en rendons témoignage (…), ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons afin que vous aussi soyez en communion avec nous » (1 Jn 1,1-3)

Cette expérience leur a donné une assurance (« parrèsia ») qui a tellement étonné les membres du Sanhédrin qui faisaient comparaître les apôtres pour motif de désobéissance :

« considérant l’assurance (parrèsia) de Pierre et de Jean et se rendant compte que c’étaient des gens  sans instruction  ni culture, les sanhédrites étaient dans l’étonnement. Ils reconnaissaient bien en eux ceux qui étaient avec Jésus… » (Ac 4,13)

« ceux qui étaient avec Jésus » : c’est la vocation de apôtres, de tous les apôtres de Jésus, pas seulement des Douze : « il appela à lui ceux qu’il voulait, ils vinrent à lui et il en institua douze, pour être avec lui et pour les envoyer prêcher » (Mc 3,14). Retenez ce verset : c’est le « pi » (p) qui est le cœur de toute vie de disciple, de toute vie chrétienne : une fréquentation quotidienne de Jésus, qui a pour fruit cette « parrèsia » dont parle le pape François :

« (…) Jésus ne dit pas : allez, débrouillez-vous. Non, il ne dit pas cela ! Jésus dit : Allez, je suis avec vous ! C’est cela notre beauté et notre force : si nous allons, si nous sortons porter son Évangile avec amour, avec un vrai esprit apostolique, avec parresia, Lui marche avec nous, nous précède. »

Extrait du discours du pape François aux catéchistes en pèlerinage à Rome à l’occasion de l’année de la foi et du congrès international des catéchistes – Salle Paul VI – Vendredi 27 septembre 2013.

Il n’est certes pas demandé à tout le monde de prêcher ou d’être catéchiste, mais nous sommes tous invités à prier le « notre Père », qui nous fait demander : « donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien » (Mt 6,11)

Et ce pain quotidien, c’est la parole de Dieu. Nous ne pouvons pas vivre sans manger. La nourriture du corps, ce sont les aliments que personne ne refuse, au contraire. Cela va de soi. Mais il en va de même pour notre foi. La parole de Dieu, c’est l’aliment de notre foi. C’est St Paul qui le dit aux chrétiens de Rome : « La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend c’est la parole du Christ » (Rm 10,17). Fides ex auditu…formule lapidaire qui est au centre de la vie et de la prédication de Luther. Formule qui, malheureusement, a été combattue à l’époque de la contre-réforme, en opposition à la Réforme protestante. Nous souffrons encore de cette lutte qui nous a éloignés de la parole, vénérée autant par les Juifs que par les protestants. La parole de Dieu est la nourriture qui nous donne l’assurance dans la foi, et la connaissance du Christ. Comme l’a dit St Jérôme : « ignorer l’Ecriture, c’est ignorer le Christ. »

Le Christ a souvent demandé aux Pharisiens qui s’opposaient à son enseignement :
« n’avez-vous pas lu… ? » (Mt 22,31) ;
« vous êtes dans l’erreur, en ne connaissant ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. » (Mt 22,29)

Le journal La Croix définit la parrèsia : « Le terme de parrèsia définit une attitude fondamentale pour l’annonce de la foi : la franchise, la confiance. C’est le parler juste et vrai, dans une assurance solide. La parrèsia  se fonde dans la personne même de Jésus-Christ. C’est parler clairement, parler simplement, parler courageusement, parler complètement, parler avec une certaine audace. »

Audace qui fera dire à Pierre :

 « S’il est juste aux yeux de Dieu de vous obéir plutôt qu’à Dieu, à vous d’en juger. Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas publier ce que nous avons vu et entendu. » (Ac 4,19s)

La fête de la Transfiguration est un appel à tout chrétien à fréquenter davantage la Parole de Dieu, « pain quotidien » que Jésus nous invite à demander au Père chaque jour. Pain nécessaire à la vie, car sans ce pain, nous mourrons, notre foi sera maladive, timide, et risquera de mourir. C’était la crainte de Jésus, qui a dit un jour cette phrase étonnante : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » (Lc 18,8)

Le Carême n’est pas d’abord le temps du jeûne, mais le temps à consacrer davantage à écouter celui dont la Parole est essentielle à la vie de notre foi, comme le dit l’oraison du 1^er dimanche de carême : « donne-nous de progresser dans l’intelligence du mystère du Christ. »

« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? » (Ps 95,7) C’est l’invitatoire de la prière du bréviaire, la prière de l’Eglise, la prière de tout chrétien : « Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur mais écoutez la voix du Seigneur. »

Et on pourrait ajouter que cet épisode de la Transfiguration est le seul passage de l’Ecriture où le Père nous parle lui-même, sans passer par son Fils, le Verbe de Dieu, et c’est pour nous dire : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, ECOUTEZ-LE !!! »

Père Marc Cortembos sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant : En ce dimanche de Carême, nous confions à Dieu notre Père, nos frères et sœurs, proches et lointains.

Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi Seigneur.

1. Mercredi, en la fête de saint Joseph, le Pape François fêtera le douzième anniversaire de son intronisation. Prions pour l’Église qu’il a conduite, durant ces années, comme un berger conduit son troupeau. Donne-nous de recueillir les fruits de ce pontificat pour poursuivre avec confiance et ténacité la mission d’évangélisation que tu nous confies !
2. A l’invitation du pape François, prions pour que les familles divisées puissent trouver dans le pardon la guérison de leurs blessures, en redécouvrant la richesse de l’autre, même au cœur des différences.
   Nous t’en prions Seigneur.
3. Les pays européens sont bousculés et inquiets par la manière dont les événements se succèdent entre les belligérants et leurs alliés dans la recherche de la paix en Ukraine. Seigneur, éclaire par ta sagesse, le cœur de tous ces gouvernants, pour qu’ils trouvent, dans la négociation, une paix juste et équitable.
   Nous t’en prions Seigneur.
4. Nous te confions, Seigneur, notre communauté chrétienne. Le Carême est un temps de conversion et de réconciliation. Donne-nous de trouver les moyens de nous mettre en route sur ce chemin de pénitence. Donne-nous de trouver la bonne occasion de confesser nos fautes afin de recevoir ton pardon et ta grâce. Nous t’en prions Seigneur.

Le célébrant : Dieu miséricordieux, reçois nos prières suscitées par ton Esprit, nous te le demandons par Jésus, le Christ, ton Fils, notre Seigneur. Amen.

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