Dimanche 18 décembre 2022
Quatrième dimanche de l’Avent (A)
Textes de la liturgie
- Isaïe 7, 10-16 : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils.
Psaume 23 : Qu’il vienne le Seigneur, c’est lui le roi de gloire ! - Romains 1, 1-7 : Un fils qui est né de la descendance de David.
- Matthieu 1, 18-24 : La Vierge enfantera un fils, on lui donnera le nom d’Emmanuel.
Lire les textes de la liturgie
Un enfant, l’expression d’un grand amour
Illustration de Nathalie Philétas (Éditions Jésuites)
Pour méditer et cheminer, un flyer est disponible à la sortie de la Chapelle,
pour les enfants et les adultes (avec une méditation de Tommy Scholtes).
L’homélie
Frères et Sœurs,
Il nous est difficile d’accueillir, d’accepter dans nos vies des évènements sur lesquels nous n’avons pas de prise, qui ne rentrent pas dans notre univers habituel. Il y a quelques jours je regardais un film retraçant la vie de Pasteur qui a été à la base de l’utilisation des vaccins. C’était un chimiste et le monde médical de son époque, mis à part quelques exceptions, lui a mené la vie dure avant d’accepter l’existence de microorganismes dont les bactéries à l’origine de beaucoup de maladies.
Pour bien comprendre les textes qui nous sont proposés ce 4ème dimanche du temps de l’Avent, il est utile de les situer dans ce contexte. Croire en Dieu, qui se fait proche de nous, qui s’incarne dans cet enfant de la crèche ne va pas de soi car la Foi n’est pas une attitude qui relève du magique mais c’est une démarche avec tout ce que nous sommes, non seulement notre cœur mais tout autant notre intelligence, notre esprit critique. La Foi comporte des moments de doute tout comme des moments d’adhésion intense. Le cœur et la raison y sont pour quelque chose.
Avoir cela en tête nous aidera à participer à cette célébration qui prépare la fête de Noël.
Le premier texte que nous avons entendu est du prophète Isaïe. Il nous fait remonter à 700 ans avant la venue du Christ. Des tractations pas très correctes entre gens influents (Il n’y a là rien de nouveau sous le soleil !) visent à placer à la tête d’Israël un roi qui serait à la dévotion d’Achaz et pas de la dynastie davidique, celle menant au Sauveur. Le prophète Isaïe va à l’encontre de ce choix qui est le résultat de magouilles et plaide pour un roi, sage et pieux, de la dynastie de David, Ezéchias. Et le signe de la venue de ce roi, c’est celui d’une femme qui enfantera un fils qu’on appellera « Emmanuel » c’est-à-dire « Dieu est avec nous ». Ce texte ancien nous rappelle que beaucoup attendent alors la venue d’un Sauveur. Pour les uns, ce sera un roi puissant qui l’emportera sur ses voisins ; pour les autres, ce sera un roi qui se comportera avec un cœur généreux et juste.
La deuxième lecture est extraite de l’épitre de St Paul aux Romains. Suivant les conventions épisto-laires de son temps, Paul commence par se présenter. Il annonce ensuite aux chrétiens de Rome la bonne nouvelle de la venue d’un Sauveur issu de la dynastie de David. Quand Paul parle ici de « chair », il faut savoir que, pour lui, la « Chair » se réfère à un monde antérieur à la résurrection du Christ, un monde où la royauté de la dynastie de David a pour seul bénéficiaire Israël alors que quand il utilise le mot «esprit », il se réfère à un nouveau monde animé par une dynamique, une espérance qui vient de la résurrection, un monde où le Christ a une filiation beaucoup plus large que celle de David : il représente une royauté universelle. A noter ici que Paul ne partage pas le manque d’ouver-ture, d’universalisme des douze apôtres qui vivent fort leur Foi dans les limites de leur Foi juive.
Et on en arrive à l’évangile de Matthieu où se juxtaposent des faits réels et un songe. Le songe fait partie d’un genre de style utilisé à l’époque pour annoncer une naissance. L’apôtre Matthieu relate d’abord un fait : Marie est accordée en mariage à Joseph et voilà qu’elle est enceinte avant qu’ils ne cohabitent. Joseph, le juste, souhaite la répudier et le faire en secret. Vient alors la description d’un songe qui lui survient dans son sommeil. Il y a d’abord l’apparition d’un ange, un messager de Dieu, et ce messager appelle le personnage concerné, ici Joseph ; il le nomme par son identité, fils de David ; vient alors la description de l’obstacle à surmonter, souvent lié à la stérilité de la femme et, enfin, un signe donné en gage si on surmonte l’obstacle : ici, la naissance d’un enfant.
Il a dans cet évangile un mélange d’éléments humains et divins. La perception humaine de ce qui se passe avec la réaction de Joseph est juste mais son projet de répudiation se voit complètement modifié par l’intervention du divin exprimée à travers le songe.
Joseph est un homme juste, non pas simplement d’une justice légaliste l’autorisant à répudier sa femme, ni d’une justice qui lui interdit de causer préjudice au prochain mais d’une justice religieuse qui l’empêche de s’approprier les mérites d’une action de Dieu dans sa vie. Joseph a Foi en l’œuvre de Dieu et il va collaborer à cette œuvre.
Ces trois textes parlent de naissance, de futur : enfanter, c’est donner la vie, continuer la vie par-delà notre propre mort. Ils parlent aussi de notre attitude face à ce futur : nous sommes partagés entre le doute et la Foi.
Ils viennent, de manière appropriée, peu de temps avant Noël. Ils nous ouvrent à une compréhension de la vie comme d’une réalité humaine bien sûr mais aussi comme d’une réalité ouverte au divin. Il ne s’agit pas ici de faire le choix entre l’une ou l’autre mais d’accueillir dans notre contexte humain une réalité qui nous dépasse, à laquelle il peut nous être difficile d’adhérer : Dieu venant à notre rencontre sous le visage d’un petit enfant. Le bonheur ne nous vient pas à travers la richesse ou la pauvreté mais nous vient à travers un enfant, un petit d’homme, qui est l’expression d’un grand amour. Tout cela est à méditer.
Père Pierre Devos sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur
Un chant pour accompagner notre méditation
Notre Dieu s’est fait homme
Paroles et musique : M. Dannaud – Chants de l’Emmanuel
- Notre Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit Dieu,
Mystère inépuisable, fontaine du Salut.
Quand Dieu dresse la table, Il convie ses amis,
Pour que sa vie divine soit aussi notre vie! - Le Seigneur nous convoque par le feu de l’Esprit
Au banquet de ses noces célébrées dans la joie.
Nous sommes son Eglise, l’Epouse qu’il choisit,
Pour vivre son alliance et partager sa vie. - Merveille des merveilles, miracle de ce jour!
Pour nous Dieu s’abandonne en cette Eucharistie.
Chassons toute indolence, le Christ est parmi nous,
Accueillons sa présence et offrons-nous à lui. - Dieu se fait nourriture pour demeurer en nous,
II se fait vulnérable et nous attire à lui.
Mystère d’indigence d’un Dieu qui s’humilie
Pour que sa créature soit transformée en lui. - II frappe à notre porte le Seigneur Tout-Puissant,
II attend humble et pauvre, mendiant de notre amour.
Dénudé d’arrogance, sous l’aspect de ce pain
II se donne en offrande pour demeurer en nous. - Que nos cœurs reconnaissent en ce pain et ce vin
L’Unique nécessaire qui surpasse tout bien.
Ce que nos yeux contemplent, sans beauté ni éclat,
C’est l’Amour qui s’abaisse et nous élève à lui.