Dimanche 2 juin 2024

Le Saint Sacrement
du Corps et du Sang de Jésus (B)

Lectures

  • Exode 24, 3-8 : Voici le sang de l’Alliance.
  • Psaume 115 : J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur.
  • Hébreux 9, 11-15 : Le Christ a obtenu une libération définitive.
  • Marc 14, 12-16.22-26 : Prenez, ceci est mon corps.

Lire les textes de la liturgie

Bernadette Lopez – Évangile et Peinture

 

Homélie

Introduction

Un peu d’histoire. La Fête-Dieu ou fête du St-Sacrement du Corps et du sang du Christ, trouve son origine, non pas dans une élaboration théologique, mais dans l’expérience spirituelle de sainte Julienne de Cornillon relayée par la bienheureuse Eve de St-Martin. C’est en 1246 que la Fête-Dieu fut célébrée pour la première fois en la basilique St Martin à Liège, avant de devenir une fête pour l’ensemble de l’Eglise catholique en 1264.  Elle attire notre attention sur la présence du Christ parmi nous, célébrée dans chaque eucharistie.

La Fête du St-Sacrement est donc une bonne occasion pour méditer sur le cœur de la liturgie eucharistique, à la lumière des paroles et gestes de de la célébration. Il y a là des paroles qu’à force de répétition nous finissons parfois par ne plus entendre, ni comprendre dans toute leur vigueur.

Pistes de réflexion

Si on lit les évangiles synoptiques et notamment celui de Marc, on voit que le récit de l’institution de la cène (Mc 14,22-24) prend relativement peu de place en comparaison avec les préparatifs (Mc 14, 12-16) et les paroles de Jésus annonçant la double trahison de Judas (Mc14, 17-21) et de Pierre (Mc 14, 28-32).

Il en est de même dans nos célébrations. Les paroles de consécration du pain et du vin sont relativement brèves au sein de la liturgie eucharistique composée de la préparation des dons et de l’ensemble de la prière eucharistique. Ces paroles, « prenez et mangez » « prenez et buvez » ne prennent leur plein sens, dans l’Esprit, que par l’offrande qui les précède et par la communion qui les suit.

Repartons des paroles qui concluent le récit de la Cène : « Vous ferez cela en mémoire de moi ».

Pour que la mémoire de la sainte cène, soit une mémoire vivante, et pas simplement un rappel d’un bon souvenir, la liturgie nous invite au préalable à invoquer l’Esprit. Cet Esprit est celui que le prophète Ézéchiel (Ez 37) est invité à faire venir sur les ossements desséchés pour qu’ils vivent : « Viens des quatre vents, Esprit, souffle sur ces morts et qu’ils vivent ».   Dans le même ordre d’idée, en Jean 14,26, Jésus dira à ses disciples : « l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » L’Esprit est donc Celui qui, aujourd’hui comme hier, permet de passer d’un texte mort à une parole vivante et actuelle, d’un souvenir du passé à une présence réelle, actuelle.

Quand Jésus nous dit aujourd’hui, comme il l’a fait hier aux disciples, « Vous ferez cela en mémoire de moi », il s’agit bien de vivre en pleine présence ce don total que Jésus fait et a fait de lui-même par amour : « Ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne. » (Jn 10,18) « Prenez et mangez, prenez et buvez, mon corps, mon sang ». Tout ce que je suis, je vous le donne.

Donnons aussi toute leur force et leur simplicité à ces mots : prendre, manger, boire.

Chacun d’eux invite à une démarche active : tendre la main ; prendre et accueillir ce qui est offert ; goûter, comme on goûte un bon vin ; mâcher, pour faire sortir toute la finesse des ingrédients ; digérer, c’est-à-dire intégrer à notre propre corps ; …

Ainsi donc c’est Jésus, dans sa parole et tout son être que nous sommes appelés à intégrer à notre personne, jusqu’à pouvoir dire avec St Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20).

Ce mystère est aussi celui d’une alliance, nouvelle et éternelle qui est pour la multitude, alliance de réconciliation, en rémission des péchés. Et comme dans toute alliance il y a un engagement des deux partenaires. Dès lors le « Vous ferez cela en mémoire de moi » devient l’engagement de chaque chrétien et de la communauté à vivre sa vie à la manière de Jésus. C’est encore St Paul (1 Co 11,20-21), à qui nous devons le plus ancien récit de la Sainte Cène, qui mettra la communauté en garde contre une dissociation entre communion au Christ et communion aux autres : « Ce n’est plus le Repas du Seigneur que vous prenez … chacun prend d’abord son propre repas, et l’un a faim, tandis que l’autre est ivre ».

Voilà donc que ce qui commence dans l’humble offrande de notre pain, va s’ouvrir à la pleine présence du Christ dans le don de lui-même, pour déboucher sur la communion, alliance de la multitude, et même de toute la création en Christ.

En cette fête du St Sacrement, demandons la grâce d’une plus grande présence au mystère du Christ qui se donne à nous, nous réconcilie et nous appelle à nous donner à sa suite. C’est de cela aussi que témoignent les paroles de l’échange de consentement lors du mariage : « Je te reçois … et je me donne à toi ».

Père Bernard Peeters sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Je suis venu pour la vie

Paroles : Sœur M. Suzanne Toolan d’après Jn 10, 10 – Musique : P. Arsenault

Je suis venu pour la vie
Je suis venu pour la vie
Je suis venu pour la vie éternelle.

  1. Je suis le pain vivant,
    Qui me suit n’aura plus jamais faim,
    Qui croit en moi n’a plus soif,
    Celui qui me suit vient de la lumière.

  2. Je suis venu du ciel,
    Non pas pour faire ma volonté,
    Quiconque croit dans le Fils,
    Ressuscitera un jour dans la gloire.

  3. Venez manger ce pain,
    Venez boire la coupe du vin,
    Qui mangera de ce pain,
    Et boira ce vin, recevra la vie.

  4. O Père sois béni,
    De cacher ce mystère aux puissants,
    De révéler aux petits,
    L’incroyable amour de ton cœur de Père.