Dimanche 26 mars 2023

Cinquième dimanche de Carême (A)

Lectures

  • Ézéchiel 37, 12-14 : Je vais ouvrir vos tombeaux.
  • Psaume 129 : Près du Seigneur est l’amour, près de lui abonde le rachat.
  • Romains 8, 1-11 : L’Esprit de Dieu habite en vous.
  • Jean 11, 1-45 : La résurrection de Lazare.

Lire les textes de la liturgie

Déliez-le, et laissez-le aller !

 

La résurrection de Lazare
Fresques du monastère de l’Emmanuel à Bethléem (1978/9)

L’église du monastère de Bethléem est située au bord du mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie occupée. Elle a été ornée de fresques par les frères roumains Gabriel et Michel Moroshan, entre la fin de l’année 1978 et Pâques de l’année suivante. Les peintres ont travaillé en priant et en jeûnant, parfois accompagnés du son de la cithare dont jouait l’une des sœurs.

Les images accompagnant les homélies du Carême 2023 à la Chapelle Universitaire sont des reproductions tirées du livre Fresques de Bethléem, contemplation de la Parole, Salvator 2014. Elles accompagneront notre chemin de Pâques avec Jésus, en communion avec ces deux peuples, israéliens et palestiniens, à nouveau en un terrible conflit.

 

L’homélie

Frères et Sœurs,

La mort est une réalité oppressante, en particulier pour un être cher. C’est l’expérience qui nous touche plus profondément que toute autre expérience humaine.

L’Évangile d’aujourd’hui parle d’une telle expérience. C’était l’expérience de Marthe et Marie qui ont été profondément affectées par la mort de leur frère Lazare. Comment Jésus réagit-il face à une telle situation ? Quel message Jésus leur a-t-il communiqué ? Quel message Jésus nous offre-t-il aujourd’hui ? Regardons l’Evangile de plus près.

Jésus avait une amitié étroite avec cette famille. L’évangile nous dit que Jésus les aimait. Lorsque Lazare était gravement malade, il était naturel pour Marthe et Marie d’envoyer chercher Jésus, croyant qu’il pouvait guérir leur frère. Cependant, lorsque Jésus a reçu leur message, il a attendu deux jours avant de se rendre à Béthanie, et à ce moment-là, Lazare était mort. Le retard de Jésus n’avait aucun sens pour Marthe et Marie. On sent la déception de Marthe, voire sa colère et sa frustration, face à l’absence de Jésus à la mort de leur frère : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ». C’était comme si elle lui disait : « Pourquoi n’as-tu pas pu empêcher cela » ? « Où étais-tu quand nous avions le plus besoin de toi » ?

C’est peut-être le genre de questions que beaucoup d’entre nous se sont posées face au décès d’un être cher. Nous nous demandons pourquoi le Seigneur ne répond pas à notre demande d’aide avec une plus grande urgence. Cela me rappelle le nombre d’occasions où j’ai vu des gens poser des questions similaires lorsqu’ils ont perdu des êtres chers. En particulier, je pense aux parents inconsolables que je connais, qui ont perdu leurs deux enfants à cause d’une crise cardiaque à un jeune âge – l’un qui était un prêtre jésuite et l’autre père d’un petit enfant. Je pense à un jeune enfant voisin qui a perdu ses deux parents dans un accident. Je pense à ma cousine qui a successivement perdu deux enfants dès la naissance. De telles expériences nous laissent perplexes face à des questions profondes et sans réponse qui défient notre foi en Dieu et nous désespère.

Le retard de Jésus, aussi douloureux qu’il ait été pour Marthe et Marie, a créé un espace pour que quelque chose de plus merveilleux se produise. Si Jésus était arrivé avant la mort de Lazare, il aurait guéri Lazare et confirmé la croyance de Marthe et Marie en lui. Parce qu’il a tardé, Jésus a pu montrer qu’il avait du pouvoir non seulement sur la maladie mais sur la mort elle-même. C’est pourquoi Jésus pouvait dire à ses disciples avant de partir pour Béthanie : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié ». Le retard de Jésus avait un but. Si nous regardons l’Evangile dans son ensemble, nous comprenons que ce récit n’est pas centré sur la résurrection de Lazare, comme on l’intitule souvent, mais sur l’autorévélation de Jésus. Il s’agit pour nous de comprendre qui est Jésus. Il s’agit aussi de répondre à cette révélation avec conviction de foi et d’espérance.

Lorsque Jésus arrive à Béthanie, quatre jours après l’enterrement de Lazare, Marthe sort à la rencontre de Jésus. Dès qu’elle voit Jésus, elle fait sa première profession de foi. Si Jésus avait été là, Lazare ne serait pas mort. Mais Jésus l’invite à faire une profession de foi plus profonde. Jésus n’est pas simplement Celui qui guérit les gens. Mais, comme il dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. » Il assure en outre qu’aucun de nos liens avec lui ne sera rompu par la mort. « Crois-tu cela ? », demande-t-il à Marthe. La même question devrait également résonner dans nos cœurs. L’Évangile d’aujourd’hui nous invite à faire une profession de foi plus profonde. La foi qui n’est pas seulement un état passif de vie mais un acte, un engagement, un processus en cours. Un acte né d’une conviction. Un acte qui transforme notre style de vivre : vivre d’espérance.

Le premier signe d’espérance est offert par la réponse émotionnelle de Jésus. « Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé…. Il se mit à pleurer » nous dit l’Evangile. Demandons-nous : Quand ai-je pleuré pour la dernière fois pour la mort de quelqu’un ? Généralement, on pleure seulement quand c’est pour quelqu’un qu’on aime le plus. Les larmes de Jésus à la mort de son ami Lazare nous montrent la véritable humanité de son cœur. Elle nous révèle la magnanimité de l’amour et de l’amitié que Jésus a pour chacun de nous. Il participe à toutes nos joies et nos peines. Il nous aime avec son cœur.

Trois phrases ressortent de ce que dit Jésus au tombeau de Lazare : « Enlevez la pierre. » « Lazare, viens dehors ! » « Déliez-le, et laissez-le aller. » Ces trois phrases révèlent que l’acte de résurrection n’est pas un processus à sens unique. Cela demande une implication humaine active. C’est d’abord un acte de foi. Mais, c’est aussi un acte de participation.

 « Enlevez la pierre ». Voilà la participation. Choisissons-nous de rester bloqués par les pierres de l’échec, du péché, de la douleur, du désespoir et du pessimisme ? Ou choisissons-nous de laisser retirer de nos vies ces pierres qui bloquent ?

« Lazare, viens dehors ! » Choisissons-nous de rester à l’intérieur des ruines de la vie ? Ou choisissons-nous d’entreprendre le voyage de sortie – sortir du côté obscur de nos vies vers la lumière vive que le Christ nous offre ?

« Déliez-le, et laissez-le aller. » Choisissons-nous d’être lié par les chaînes de la peur, le sentiment d’être blessé par quelqu’un, d’être coupable d’avoir blessé quelqu’un, d’entretenir une profonde rancune envers les autres, du ressentiment et du regret ? Ou choisissons-nous de laisser nos bandelettes se dérouler – des pansements qui nous empêchent de vivre nos vies dans la liberté, la foi et l’espérance.

Prions le Seigneur pour que nous soyons fortifiés dans la foi et l’espérance. LA FOI en Jésus qui est mort pour nous et ressuscité d’entre les morts et L’ESPERANCE dans la vie qu’Il nous offre. Amen.

Père Thomas Madanu sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Tel que je suis  

Paroles : Charlotte Elliot –  Musique : W. B. Bradbury

  1. Tel que je suis sans rien à moi sinon ton sang versé pour moi
    Et ta voix qui m’appelle à toi. Agneau de Dieu, je viens, je viens !
  2. Tel que je suis, bien vacillant, en proie au doute à chaque instant ;
    Luttes au dehors, craintes au-dedans. Agneau de Dieu, je viens, je viens.
  3. Tel que je suis, ton cœur est prêt à prendre le mien tel qu’il est
    Pour tout changer, Sauveur parfait. Agneau de Dieu, je viens, je viens !
  4. Tel que je suis, ton grand amour a tout pardonné sans retour.
    Je veux être à toi dès ce jour. Agneau de Dieu, je viens, je viens !