Dimanche 27 mars 2022

Quatrième dimanche de Carême (C)

Oui je me lèverai et j’irai vers mon père

Luc 15, 1-3.11-32

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Josué 5, 9a.10-12 : L’arrivée en Terre Promise.
  • Psaume 33 : Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur.
  • 2 Corinthiens 5, 17-21 : Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ.
  • Luc 15, 1-3.11-32 : La parabole du Fils Prodigue.

Le retour  du Fils Prodigue – Rembrandt 1668
Musée de l’Ermitage – Saint- Pétersbourg

 

L’homélie

Frères et sœurs,

Dans la parabole du père et des deux fils, il y a d’abord deux refus, deux ruptures. « Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils, traite moi comme l’un de tes ouvriers » dit le premier fils. Voilà un des premiers effets du péché. C’est de nous faire croire et de nous faire dire que nous ne sommes pas dignes d’être enfants de Dieu. Nous nous jugeons et nous nous disqualifions nous-mêmes, nous parlons à la place de Dieu, comme le premier fils parle à la place du père pour dire la rupture qu’il imagine : je ne suis plus digne. Combien de fois cette petite phrase n’a-t-elle pas plané sur notre existence ? Combien de fois l’avons-nous peut-être prononcée ?

Et puis, deuxième fils, deuxième refus : « Le fils aîné se mit en colère et il refusait d’entrer. » Se jugeant victime d’une injustice, le second fils se met en colère contre son père, il refuse d’entrer. La maison familiale, la maison de son père n’est plus sa maison. Il ne veut plus y mettre les pieds. Voilà un deuxième effet du péché : l’obstination et le refus. Ce moment où l’on se braque, où l’on s’enferme dans un non catégorique. Moi, vivant, jamais ! Et ici aussi, nous pouvons nous poser la question. Y a-t-il des zones de notre vie, des lieux, des relations où nous avons prononcé un non, un jamais de ce genre ?

Face à ces deux refus qui laissent les deux fils dehors, à l’extérieur, le père a la même attitude. Il sort, il va à leur rencontre, comme Dieu au jardin de la Genèse qui cherche Adam et Eve. A celui qui s’exclut et qui se juge indigne, le Père répond par des actes qui montrent son amour et sa miséricorde : il se jette à son cou, il le couvre de baisers, il lui fait préparer un banquet. A celui qui refuse d’entrer et qui juge sa manière d’être père, il donne la parole, il lui donne de s’exprimer et il engage le dialogue avec lui, il le supplie même pour vaincre son refus et ré-ouvrir la relation. Ici aussi, nous pouvons regarder cette figure du père qui n’arrête pas de sortir pour aller à la rencontre de ses fils restés dehors et nous demander ce que cela nous inspire, comment cela nous fait réagir. Est-ce que nous le trouvons admirable, excessif, trop bon, injuste ? Si nous avons l’expérience d’être parent, est-ce que cela nous permet de mieux le comprendre, ce père ? De mieux comprendre son attitude ?

Car n’oublions pas. Si Jésus raconte cette parabole, c’est en réponse aux récriminations des pharisiens qui lui reprochaient de manger avec les pécheurs et de leur faire bon accueil. Il y parle donc de lui-même, de son Père et de ses interlocuteurs. Les pécheurs d’un côté, à l’image du fils cadet, qui ne se croient pas dignes. Et les pharisiens de l’autre, à l’image du fils aîné, qui sont au service de Dieu, qui s’efforcent de ne transgresser aucun des commandements, tout en excluant les autres, ces pécheurs qui font n’importe quoi. Mais comme les deux fils sont symboliquement à l’extérieur de la maison, à l’extérieur d’une relation vraie, confiante, profonde avec leur père, pécheurs et pharisiens, chacun à leur manière, sont à l’extérieur d’une relation vraie, confiante et profonde avec Dieu. Et pour chacun, Dieu comme Jésus, sort pour les rejoindre et les ramener à la maison, en mangeant ou en entamant le dialogue avec eux. Alors si, nous aussi, nous nous sentons parfois proches du fils cadet ou du fils aîné, rappelons-nous que Dieu sort aussi pour nous, pour nous ramener à lui et nous réconcilier avec lui, pour restaurer notre relation et l’image que nous avons de lui.

Du coup, la lecture de saint Paul peut résonner avec plus de force à nos oreilles : « Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un nouveau monde est déjà né. Dieu nous a réconciliés avec lui par le Christ. » Avons-nous le sentiment d’avoir besoin d’être réconciliés avec Dieu ? Avons-nous des reproches à lui faire ? Des récriminations à lui adresser ? Avons-nous peur de lui ? Avons-nous envie de nous cacher de lui pour l’une ou l’autre raison ? Quel est, finalement, l’état de notre relation avec Dieu ?

C’est intéressant de constater que Paul ne parle pas ici de nous réconcilier les uns avec les autres, de nous réconcilier entre frères et sœurs, entre parents, entre amis, avec nos ennemis. Non. Il nous invite à regarder notre relation avec Dieu et à y faire la clarté. Sans doute parce que, de cette réconciliation fondamentale avec lui, dépendent toutes les autres. Alors, Paul y met toute la solennité dont il est capable : « Par nous, c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Entendons à notre tour cet appel. Regardons le père de la parabole venir à nous, nous serrer dans ses bras ou nous demander ce qui ne va pas et ce qui nous empêche d’entrer dans sa maison qui est aussi la nôtre. Dieu nous invite au banquet de son amour. Nous laisserons-nous réconcilier avec lui ? Amen.

Père Paul Malvauxs.j.
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Pour accompagner la prière

Venez Dieu nous appelle

Paroles : Benoît Gschwind – Musique : Bertrand Bayle

Venez, Dieu nous appelle, sa Parole nous rassemble.
Venez, c’est jour de fête ; entrez, Dieu nous attend.

  1. Entrez, entrez avec confiance, la table déjà est préparée…
    Peuple de Dieu marqué par son passage,
    Dieu nous attend avec patience pour être son Église.
  2. Entrez, entrez dans le silence, la table déjà est préparée…
    Peuple de Dieu, d’exode en exode,
    Dieu nous attend avec patience pour être son Église.
  3. Entrez dans l’espérance, la table déjà est préparée…
    Peuple de Dieu vivant de l’Évangile,
    Dieu nous attend avec patience pour être son Église.
  4. Entrez, entrez dans l’alliance, la table déjà est préparée…
    Peuple de Dieu promis à la tendresse,
    Dieu nous attend avec patience pour être son Église.