Dimanche 28 mai 2023

La Pentecôte (A)

Lectures

  • Actes 2, 1-11 : Le récit de la Pentecôte.
  • Psaume 26 : Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre.
  • 1 Corinthiens 12, 3b-7.12-13 : Tous nous avons été désaltérés par un unique Esprit.
  • Jean 20, 19-23 : Recevez l’Esprit Saint.

Lire les textes de la liturgie

L’air que souffle le crucifié

 

La Pentecôte “selon saint Jean”. Monastère de l’Emmanuel à Bethléem.

L’homélie

Frères et sœurs,

Les juifs du temps de Jésus célébraient la fête du don de la loi à Moïse cinquante jours après la Pâque. Les premiers chrétiens ont célébré le don de l’Esprit Saint à l’humanité cinquante jours après la Résurrection. Les auteurs des Actes des apôtres avaient d’ailleurs situé la venue de l’Esprit au cinquantième jour après Pâques. C’est pourquoi nous parlons de la « Pentecôte », mot qui signifie cinquantième.

Mais saint Jean, dans son évangile, situe cet évènement à un tout autre moment. Il nous conduit au moment qui suit la mort de Jésus. Il nous dirige vers la croix.

Tournons-nous vers le texte. On peut y distinguer trois parties qui correspondent à trois espaces : celui de la peur, celui de la croix et, enfin, celui du Royaume.

La peur d’abord. « Le soir venu, les portes du lieu où étaient les disciples étaient verrouillées par peur des juifs ». Nous sommes dans un espace fermé à cause de la peur. Avoir peur est une condition humaine fondamentale. Nous sommes des êtres de peur. Nous pouvons l’affronter ou la fuir. Mais nous ne pouvons pas y échapper vraiment. Nous avons peur de l’accident, de la fatalité et du malheur. Nous avons peur des autres et de nous-mêmes. Nous avons peur de la colère, de la haine et du meurtre. Finalement, nous avons peur de la mort.

Comment ne pas voir que là où est la peur est le mal ? C’est dans la ténèbre que règne la peur. « Ce soir-là, par peur des juifs », dit le texte.

Dans un deuxième temps, le texte nous fait quitter l’espace de la peur. Il commence par installer un espace de paix. Jésus vient, dit saint Jean. Et il dit à ses disciples : « Paix à vous ». C’est une parole de salutation et toute salutation est ouverture d’espace nouveau. Dans son apparente banalité, le moindre « bonjour » adressé à autrui est une parole première qui rompt un silence ou un néant et qui écarte toute peur. Jésus ouvre donc un espace de paix mais cette paix a une densité unique. C’est une paix qui rayonne du haut de la croix.

Dans son récit d’apparition, saint Jean nous présente trois gestes de Jésus. Sa posture, d’abord : Jésus se tient debout et il tend ses mains où se lisent les traces des clous. Verticalité et horizontalité de la croix.

Ensuite, Jésus montre la plaie de son côté. Dans son récit de la passion, saint Jean est le seul à parler de la lance qui vient percer le côté de Jésus d’où jaillit de l’eau et du sang.

Pour saint Jean, ce coup de lance révèle le sens même de la venue de Jésus : le don de la vie. De l’eau vive promise à la samaritaine. Il le dit ailleurs : « Celui-ci est celui qui vient, par l’eau et par le sang » (1 Jn 5, 6).

Jésus accomplit encore un troisième geste : il souffle sur ses disciples en leur disant : « Recevez le souffle saint ». Ici encore, saint Jean nous renvoie à son récit de la Passion. Décrivant la mort de Jésus, Jean ne dit pas, comme les autres évangélistes, « Il expire ». Il dit : « Inclinant la tête, jésus livra le souffle ». C’est sur la croix que Jésus fait don de l’Esprit Saint.

Selon saint Jean, la croix est le lieu où Jésus meurt et ressuscite en même temps, où Jésus donne sa vie et communique son esprit en même temps, où Jésus vient, comme le dit Jean le Baptiste, « effacer le péché du monde ». Saint Jean enseigne que la croix est à la croisée de tous les espaces du monde et de tous les temps de l’humanité. Et le récit de l’apparition de Jésus à ses disciples a pour effet de nous dire que Jésus est vivant parmi les hommes par la puissance de sa croix.

L’espace de la croix ouvre à l’espace du Royaume libéré de la ténèbre et de la peur. « Jésus leur dit : A qui vous remettrez les péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ».

Ne voyons pas dans ces paroles la fondation du sacrement de pénitence. Ce souci est bien étranger à saint Jean qui ne parle nulle part ailleurs de rémission des péchés. Inscrivons plutôt cette mission dans la logique de la croix qui est lumière dissipant le mal, la mort et la peur.  Ce que le crucifié a accompli une fois pour toutes selon le temps de Dieu, il nous commande de le réaliser selon le calendrier des hommes : « Là où vous effacerez le mal et la peur, là sera la vie du Royaume, là où vous retiendrez la lumière, là sera encore la ténèbre ».

Frères et sœurs, en ce jour de Pentecôte, engageons-nous, avec saint Jean, dans l’espace du Royaume. Nous y respirerons l’air que souffle le crucifié.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Envoie ton Esprit saint

AELF/Bourgeois/Berthier/Sylvanès/Robert

Refrain
Dieu notre Père, Source de tout don
Répands ton Esprit sur l’Église
Et renouvelle la face de la terre

  1. Envoie ton Esprit Saint et tout sera créé
    Qu’un torrent débordant jailli du cœur du Christ
    Étanche toute soif et nous conduise à toi.
  2. Envoie ton Esprit Saint et tout sera sauvé
    Que la croix plantée au cœur du temps qui passe
    Nous soyons délivrés du poids de nos péchés
  3. Envoie ton Esprit Saint pour tout ressusciter
    Que la chair du Seigneur qui a détruit la mort
    Donne à nos corps mortels, leur destinée de gloire
  4. Envoie ton Esprit Saint pour nous donner la paix
    Cette paix que Jésus au soir du jour de Pâques
    Donnait à ses disciples pour qu’ils soient son Église
  5. Envoie ton Esprit Saint sur ce pain et ce vin
    Afin qu’en partageant le pain de Jésus Christ
    Nous soyons un seul corps, son corps qui est l’Église
  6. Envoie ton Esprit Saint, fais de nous des témoins
    Qui portent l’Évangile à toutes les nations,
    Car tu es avec nous jusqu’à la fin du monde.