Dimanche 29 décembre 2024

La Sainte Famille (C)

Lectures

  • 1 Samuel 1, 20-22.24-28 : Samuel, Anne et Elcana au Temple.
  • Psaume 83 : Heureux les habitants de ta maison Seigneur.
  • 1 Jean 3, 1-2.21-24 : Voyez quel grand amour nous a donné le Père.
  • Luc 2, 41-52 : Jésus, Marie et Joseph au Temple.

Lire les textes de la liturgie

Tirés du néant pour toujours

Jésus perdu et retrouvé au Temple
Philippe de Champaigne (1602-1674)
Musée d’Angers (France)

Homélie  

Frères et sœurs,

Frères et sœurs, avant d’en venir à l’enseignement qui nous est livré par ce récit, permettez-moi d’attirer votre attention sur le mouvement des personnages dans le texte.

Jésus et ses parents partent de Nazareth et vont à Jérusalem. De là, le père et la mère reprennent la route pour Nazareth. Mais durant leur retour, ils rebroussent chemin, regagnent à nouveau Jérusalem pour, enfin, avec Jésus, rejoindre Nazareth leur point de départ. C’est un trajet circulaire composé d’une double boucle. D’un aller et retour répété.

Or la répétition, dans ce texte, n’est pas seulement géographique. Le rédacteur nous dit que les parents de Jésus accomplissaient ce pèlerinage chaque année, à la même date, lors de la fête de la Pâque. Et il ajoute qu’ils agissent « selon la coutume ». Le trajet des parents était devenu un rituel, une habitude, quasiment une routine. On va et on revient là où on était comme si rien ne s’était passé. C’est la même chose qui vient et qui revient.

Or, nous le savons, aller ainsi du pareil au même n’apporte rien de neuf. On ne gagne rien et on risque même de perdre ce que l’on a. Et, justement, c’est au cœur de ce périple circulaire et répétitif que les parents perdent Jésus. Le récit nous dit qu’ils le cherchent « parmi les proches et les connaissances ». C’est-à-dire parmi les mêmes et les semblables. Ils tournent encore, cette fois, dans le cercle de famille. Et rien ne se passe. Alors, ils changent de direction. Les parents retournent à Jérusalem. Et là, dans le temple, un spectacle s’offre à eux. Il est inédit. D’une nouveauté inimaginable. L’enfant est là. Il a interrompu le cycle de la répétition. Il s’est écarté du chemin du retour à Nazareth. Depuis trois jours déjà. Installé au milieu des docteurs de la loi, il écoute et il interroge. Il répond aussi et ses réponses impressionnent par leur intelligence. Il a brisé un cercle fermé : celui des conservateurs de la loi et des gardiens des traditions. Ceux-ci sont bouleversés. Ebranlés sans doute par la nouveauté de ce qu’ils entendent. C’est toute la révolution de la Bonne Nouvelle qui se prépare et se profile ici.

A cet endroit du récit, le mouvement des personnes est transformé. La circularité fait place à la croissance. Nous allons le comprendre : la croissance est le contraire de la répétition.

Le récit met en scène des parents désemparés devant ce qu’ils découvrent. Ils sont face à un double surgissement de croissance. D’abord, il y a l’émergence d’un sujet humain. Une prise de liberté. Une sortie d’enfance qui est comme une nouvelle naissance. Cet éloignement heurte les parents. Reprenons le dialogue entre la mère et celui qu’elle nomme l’enfant : « Enfant, lui dit-elle, que nous as-tu fait ? Nous sommes dans la douleur en te cherchant ». Une douleur, notons-le, qui rappelle justement les moments d’un accouchement. La mère se lance dans une quête de récupération familiale d’un enfant perdu.

Mais la réponse de Jésus nous entraîne plus loin. Elle fait état d’une autre croissance encore.  « Pourquoi me cherchez-vous ? Ne saviez-vous pas que je me dois aux affaires de mon Père ?». En parlant ainsi de son Père, Jésus dit appartenir à une autre filiation que celle de ses parents.  Fils de Marie et de Joseph, il est, en même temps, Fils de Dieu.

L’évènement auquel saint Luc nous fait assister par cette scène est celui de la double croissance de Jésus. La croissance de tout être humain qui devient adulte, connaît la décroissance et la mort. Et la croissance d’un Fils qui vit auprès du Père, de toute éternité, mais qui se manifeste comme homme parmi les hommes, en un point du temps.

Par ce récit, nous sommes placés face au mystère de l’Incarnation. Le Verbe de Dieu, en se faisant homme et en habitant parmi nous a grandi comme Fils de Dieu progressivement, au fur et à mesure de sa croissance humaine. Une vie humaine qui passera par la croix, là où la vie de Fils dépassera définitivement la mort corporelle.

Saint Luc a composé ce récit pour nous mettre devant la nouveauté de l’Incarnation et du Salut. Il nous en parle par des images : Jésus au milieu de ses parents, puis au milieu des docteurs de la loi. Mais il installe aussi Jésus au milieu du texte. Par une astuce d’écriture. Peut-être par jeu. Mais c’est un jeu qui a beaucoup de sens. Ce texte, écrit en grec, comprend, 170 mots. Le quatre-vingt-cinquième, juste au milieu du texte, est le mot «milieu» dans la phrase « Jésus assis au milieu des docteurs ». Jésus au milieu du texte, au milieu du monde, au milieu de nous.

Frères et sœurs notre vie humaine nous mène à traverser bien des étapes de croissances et de décroissances, physiques, notamment. Le jour de notre naissance, nous sommes sortis du néant. Nous pourrions penser que le jour de notre mort, nous regagnerions le néant. Notre vie aurait été, alors, bien circulaire. Du néant au néant.

Par la grâce de Jésus-Christ, nous sommes filles et fils de Dieu.  Nous y avons été établis dès notre naissance. Mais ce don qui nous est fait, nous avons à le faire croître chaque jour. Au fur et à mesure des aléas de notre existence. A l’écoute de celui à qui nous disons quotidiennement : « Notre Père ». Celui qui, chaque jour nous conduit vers une vie nouvelle. Parce qu’il nous a, un jour, tirés du néant. Pour toujours.

Père Jean-Paul Laurent sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant : A Dieu, notre Père, confions nos prières aux dimensions du monde. Dieu de toute grâce, viens à notre secours.

R/ Étoile qui nous guides, Dieu notre espérance,
montre-nous le chemin de la vie.

  1. En ce dimanche où notre évêque ouvre l’année jubilaire à la cathédrale, nous te prions Seigneur pour l’Église, qu’elle soit témoin de l’espérance, le fil conducteur de cette année, qu’elle trouve les mots pour susciter la paix là où règne la guerre et que nous en soyons les acteurs.
    Ensemble prions.
  2. En ce dimanche où nous fêtons la Sainte Famille, nous te prions Seigneur pour toutes les familles de la terre, spécialement pour celles qui sont divisées, cassées, recomposées, dans la précarité, en manque d’enfants, toutes sortes de maux qui les menacent et les éprouvent. Donne-leur force et courage pour affronter ces épreuves.
    Ensemble prions.
  3. En ces jours de fête, nous te prions, Seigneur, pour les nombreuses personnes qui vivent une grande solitude, dans la rue, à l’hôpital, dans les maisons pour personnes âgées, en tant de lieux et de circonstances douloureuses. Donne-leur de rencontrer les personnes qui sauront les accueillir et les aimer, leur procurant ainsi un instant de tendresse et de réconfort.
    Ensemble prions.
  4. Nous te prions, Seigneur, pour notre communauté, ici rassemblée, donne-nous d’entrer dans l’année jubilaire avec le désir de redécouvrir ton fils Jésus dont nous célébrons l’anniversaire de la venue, de renouveler notre manière d’être ses disciples et d’y puiser des forces nouvelles pour la mission, ton service et celui de nos frères et sœurs.
    Ensemble prions.
  5. Nous te prions, Seigneur, pour toutes les intentions que nous avons encore dans le cœur.

Le célébrant : Écoute nos demandes, Seigneur, Dieu de l’univers, et daigne les exaucer, toi qui es vivant pour les siècles des siècles.

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Un chant pour accompagner notre méditation

Venez voir nous avons trouvé le bonheur de nos vies

Texte et musique : Communauté du Chemin Neuf

Venez voir, nous avons trouvé
Celui que nous cherchons,
La lumière de nos cœurs.
Venez voir, nous avons trouvé
Jésus, Maître et Seigneur

  1. Le bonheur de nos vies
    S’est fait “Dieu avec nous.”
    Il a pris nos chemins
    Pour parler à nos cœurs,
    Il est venu combler
    Les ravins de nos peurs.
  2. Le bonheur de nos vies
    Est un “Enfant Messie,”
    Le Fils du Tout-puissant,
    A l’ombre de l’Esprit,
    Caché aux yeux des grands,
    Révélé aux petits.
  3. Le bonheur de nos vies
    Est un trésor caché,
    Un amour si précieux
    Que l’on a tant cherché,
    La tendresse de Dieu
    Qui se laisse trouver.
  4. Le bonheur de nos vies
    Est un levain enfoui
    Qui fait lever nos jours
    Et nourrit notre faim
    Dieu livre son amour
    Et partage le pain.
  5. Le bonheur de nos vies
    Est un Dieu crucifié,
    Scandale des savants
    Refuge des pécheurs,
    Force pour les vivants,
    Jésus notre Sauveur.
  6. Le bonheur de nos vies,
    Jésus ressuscité,
    Nous mène vers le Père,
    Il est le bon berger.
    Heureux ceux qui espèrent
    En son éternité.