Dimanche 30 avril 2023
4ème dimanche de Pâques (A)
Dimanche du Bon Pasteur
et des vocations
Lectures
- Actes 2, 14a.36-41 : Frères, que devons-nous faire ?
- Psaume 22 : Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer.
- 1 Pierre 2, 20b-25 : Par ses blessures, nous sommes guéris.
- Luc 10, 1-10 : Le pasteur, le berger des brebis.
Lire les textes de la liturgie
C’est pour vous que le Christ a souffert
L’homélie
Frères et sœurs,
Week-end du bon pasteur. C’est traditionnellement un jour de prière pour les vocations dans l’Église, et en particulier pour les vocations religieuses et sacerdotales. C’est audacieux, car il faut reconnaître que l’actualité ne donne pas une très belle image des pasteurs. Bref il y a du boulot : la prière ne sera pas inutile ! De manière générale, nous prions d’ailleurs pour ce que nous ne pouvons pas garantir par nos forces et nos efforts personnels. Mais comme toujours, la prière ne remplace pas nos efforts ; elle ne nous dispense pas de nous offrir complètement avec créativité et audace, pour aider à ce qu’advienne le Royaume pour lequel nous prions.
On peut trouver de nombreuses raisons sociologiques pour expliquer pourquoi il y a si peu de vocations de consacrés, dans nos régions actuellement, alors qu’il y a un siècle on ne savait plus que faire des prêtres, religieuses et religieux ; on a construit ce qui ressemblait à des casernes pour abriter les religieuses et religieux en formation, et on a inventé et fondé des paroisses supplémentaires pour caser des prêtres et leur assurer un petit troupeau. Nos médias soulignent ces contrastes et commentent largement les raisons de ces évolutions.
Il me semble pourtant que les lectures de ce dimanche n’expliquent pas sociologiquement mais bien théologiquement pourquoi on ne se bouscule pas dans les séminaires et les noviciats. Le bon berger – celui dont le prêtre, la religieuse ou le religieux essaie d’être l’image – a une mission difficile. On a parfois associé une certaine aura à celui qui s’engage dans l’Église, en y associant une forme d’autorité qu’on pourrait envier. Or quand on voit comment Jésus est pasteur, on se rend compte que la réalité est bien différente : « C’est pour vous que le Christ a souffert. (…) Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas. (…) Par ses blessures, nous sommes guéris. » Ce sont les mots de Pierre pour parler du vrai Pasteur. Voilà donc ce qui fait que les brebis errantes reviennent vers le berger : celui-ci donne sa vie pour ses brebis. Cela est très peu romantique, c’est plutôt dramatique.
Il y a d’autres fonctions pour lesquels on ne se bouscule pas de nos jours. Être directrice ou directeur d’école… les membres des Pouvoirs Organisateurs tremblent quand ils font un appel à candidats. Ils tremblent car ils craignent de ne pas recevoir une seule candidature, du moins sérieuse. Parallèlement connaissez-vous des personnes qui se poussent pour être évêque ? À l’heure actuelle, l’évêque, le pasteur ou la directrice d’école vive plus que jamais à l’image du Bon Pasteur. Il faut qu’il connaisse chacune et chacun par son nom ; quand la brebis se perd, c’est lui qui trinque ! c’est lui qu’on accuse ! c’est lui qui reçoit les coups. Avoir une autorité ? Moralement certes ! mais ce n’est pas une autorité qui fait qu’on lui obéit ou qu’on lui donne raison spontanément. La force du témoignage ne réside pas tant dans l’éloquence des discours ou des homélies, mais dans le silence de celui qui encaisse pour son peuple, qui encaisse avec lui. Nous pouvons y penser quand nous prions de messe en messe pour notre évêque et pour notre pape. Tout cela n’est pas sociologique : c’est tout simplement et profondément évangélique ! Jésus n’a rien voulu vivre d’autre ; Jésus n’a rien promis d’autre à celles et ceux qui répondent à son appel, qui sont prêts à se faire ses disciples, comme clercs ou comme laïcs engagés.
J’ajoute un troisième point : les vocations ne tombent pas du ciel ! Parfois nous regardons vers le haut et crions : « Seigneur envoie-nous des pasteurs, … et des bons ! » Au début des Actes des Apôtres – que nous lisons en ces cinquante jours de Pâques – il y a l’interpellation de l’ange : « Galiléens, que restez-vous à regarder le ciel ? » Ne dites pas : « Seigneur envoie-nous des pasteurs ! » dites plutôt dans votre entourage : « Et toi, ne ferais-tu pas une bonne religieuse, un bon moine, un bon diacre, un bon prêtre ? » Les vocations poussent et grandissent d’en bas !
Il y a quelques années, quand j’étais à Liège, une dame me téléphonait pour que je lui propose un prêtre de ma communauté qui puisse célébrer une eucharistie familiale ; un grand rassemblement de la famille était prévu. Je lui ai proposé de venir à une des nombreuses messes dominicales que les membres de ma communauté devaient assurer. Elle m’a appelé une nouvelle fois une semaine plus tard : « Je ne pensais pas que c’était aussi difficile de trouver un prêtre pour célébrer une messe un dimanche ». J’ai pensé lui répondre : « Si c’est tellement important que la célébration soit familiale, comment se fait-il que la famille n’ait pas suscité un prêtre en son sein au cours des cinquante dernières années ? » Je n’ai pas osé le dire, mais je l’ai pensé très fort.
L’Église n’est pas une organisation qui fournit, sur commande, des services au moment où on en a besoin. L’Église, c’est nous ! L’Église est une auberge espagnole (je reconnais que l’image est différente de celle du troupeau) : chacun est appelé à s’y engager, à faire Église ! Le Pasteur éternel n’a pas créé des martiens pour guider son peuple.
Je résume.
Nous sommes invités à prier pour les vocations ; mais ce n’est pas seulement regarder vers le ciel, c’est d’abord m’interroger moi et interpeler les personnes que je connais : « Et moi ? et toi ? Es-tu prêt à entendre que Dieu t’appelle et qu’il a besoin d’hommes et de femmes engagés ? » Répondre à l’appel, ce n’est pas être un loup dans la bergerie, mais c’est être capable de donner sa vie pour les autres.
Père Thierry Dobbelstein sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur
Un chant pour accompagner notre méditation
Pasteur d’un peuple en marche
Auteur : Claude Bernard – Compositeur : Jl. Iffrig – Editeur : Caecilia
REFRAIN
Pasteur d’un peuple en marche,
Conduis-nous par tes chemins.
Berger des sources vives,
Guide-nous vers ton repos.
- Le Seigneur est mon berger,
Rien ne manque à mon repos,
Ni les verts pâturages ni les eaux.
Jésus, tu peuples ma vie,
Toi, le pasteur des brebis. - Tu m’enseignes tes chemins,
Tu m’entraînes par tes voies
Sur les monts de justice vers ta croix.
Jésus tu donnes ta vie,
Ô vrai Pasteur pour tes brebis. - Aux ténèbres de la mort,
Plus de crainte sous ta main,
Ton bâton me rassure et me soutient.
Jésus tu gardes ma vie,
Toi, le Sauveur de tes brebis. - Tu me marques de ta joie,
Tu m’invites à ton festin,
Ton amour donne un signe dans le pain.
Jésus, tu passes en ma vie,
Toi, la vraie manne des brebis. - Et ta grâce me poursuit
Dans l’angoisse où le bonheur.
Mais comment reconnaître le Seigneur ?
Jésus, révèle ta vie,
Toi, la lumière des brebis. - Tant que durent nos déserts,
Nous marchons vers ton repos,
Vers l’unique bercail de ton troupeau.
Jésus rassemble nos vies,
Toi, le Pasteur de tes brebis.