Dimanche 31 janvier 2021
Quatrième semaine du temps ordinaire:
Voici un enseignement nouveau donné avec autorité

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Deutéronome 18, 15-20 : Je ferai se lever un prophète.
  • Psaume 94 : Aujourd’hui ne fermez pas votre cœur.
  • 1 Corinthiens 7, 32-35 : Soyez attachés au Seigneur sans partage.
  • Marc 1, 21-28 : Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité !

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L’homélie

Frères et sœurs,

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le nombre d’experts auto-proclamés a connu une inflation étonnante ces derniers temps. C’est à qui va de ses commentaires plus ou moins éclairés et de ses affirmations péremptoires sur Facebook, Twitter ou YouTube. Et nous voilà du coup abreuvés d’un nombre incalculables d’opinions tel qu’il est impossible d’y retrouver ses petits. Qui a raison ? Qui a tort ? Tout le monde a un avis, mais où est la vérité ?

Ce n’est pas tellement étonnant. Chaque crise voit surgir ses bataillons de faux prophètes qui profitent des inquiétudes du temps et, quelques fois, même de vrais prophètes. Mais comment faire la différence ?

La question n’est pas nouvelle. Dans l’Évangile, nous voyons Jésus prendre la parole et enseigner dans la synagogue de Capharnaüm. Il vient d’appeler ses quatre premiers disciples et n’est pas encore un Rabbi connu et reconnu. Et pourtant, ceux qui l’écoutent sont frappés de son enseignement car, dit le texte, il enseignait avec autorité et non pas comme les scribes. Trois fois en deux phrases, Marc insiste sur cet acte d’enseigner de Jésus. On s’attendrait donc à lire ensuite des extraits de cet enseignement si clair et si percutant. Or, rien. Ce n’est ni un enseignement, ni une parole de Jésus que nous entendons en premier, mais celle d’un esprit mauvais, comme si le texte voulait concrètement nous montrer, nous enseigner, à faire la différence. Et cet esprit mauvais se met à crier : « Que nous veux-tu Jésus de Nazareth, es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es, le Saint, le Saint de Dieu ! » En trois lignes, voilà la manière de faire du mauvais esprit dévoilée, la manière de faire du faux prophète. Une première question qui a l’air légitime : « Que nous veux-tu ? » Puis, une seconde question qui instille le doute et le trouble, qui fait naître la crainte et le soupçon : « Es-tu venu pour nous perdre ? » Et enfin, une parole de fermeture, qui coupe la relation en parlant à la place de l’autre, qui sait à sa place :

« Je sais bien qui tu es, le Saint, le Saint de Dieu ! » Ces paroles ne sont pas de vraies paroles qui ouvrent à un dialogue, à une recherche, à un échange, à une relation. Ce sont des paroles destructrices qui ne peuvent que semer la confusion. Et c’est pour cela que Jésus leur réplique vertement : « Silence, sors de cet homme ! » Avec effet immédiat : l’homme est libéré et rendu à lui-même.

Nous comprenons alors en quoi consiste cette autorité de l’enseignement de Jésus. Cet enseignement, ses paroles, produisent un effet et cet effet est une œuvre de libération, d’ouverture, de restauration de la personne dans son intégrité, dans son humanité. Autrement dit, la parole de Jésus n’enseigne pas d’abord en alignant les belles phrases, les belles idées, les beaux principes. La parole de Jésus enseigne parce qu’elle donne la vie à celui qui l’écoute. C’est une parole qui révèle l’autre à lui-même, le libère et le remet en route.

Mais il y a un paradoxe. La parole de Jésus agit avec autorité lorsqu’il y a rencontre, et même ici confrontation. C’est l’esprit mauvais qui va au contact et donne ainsi l’occasion à Jésus d’agir. A d’autres moments, c’est un bon esprit qui fait cela, comme on le voit dans toutes les rencontres où des personnes viennent d’elles-mêmes interpeler Jésus. « Que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ? », « Mon serviteur est malade, guéris-le », « Fais que je vois, Seigneur ! ». Chaque rencontre donne ainsi à Jésus la possibilité de donner la vie, en parole et en acte.

Mais notre texte ne s’arrête pas là. Car il y a tous ceux qui regardent, qui observent, prudemment, à l’écart, et qui se demandent : « Qu’est-ce que cela veut dire ? » Ceux-là restent dans l’expectative, ils n’ont pas encore pris parti, ils n’ont pas encore rencontré. Vont-ils basculer du côté du « il est venu pour nous perdre » ? Ou vont-ils choisir d’aller à la rencontre et d’éprouver, d’accueillir en eux, l’effet de l’enseignement, de la parole de Jésus ?

Nous voyons dans cet Évangile deux paroles à l’œuvre. L’une sème le trouble, met dans la peur, dans la confusion, dans la fermeture vis-à-vis de l’autre : « Je sais bien qui tu es ! » L’autre libère, remet dans la vie, dans la solidité, dans l’unité. Et elle commence son œuvre de libération en faisant taire la première qui semble pourtant crier si fort, plus fort que toute autre parole !

Frères et sœurs, ces deux paroles, elles s’expriment en nous. Elles s’expriment autour de nous. Et si nous nous mettons à les observer, nous allons découvrir non seulement ce qu’elles disent, mais aussi ce qu’elles produisent comme résultat : cri, colère, doute et confusion ; vie, courage, espérance et apaisement. Peut-être que, nous aussi, nous nous dirons alors : « Mais qu’est-ce que cela veut dire ? » Et nous apprendrons à les reconnaître : les paroles trompeuses pour les faire taire et les chasser hors de nous, et les paroles de vie, à laisser grandir et s’exprimer jusqu’à en devenir, à notre tour, des messagers pour les autres.

Jésus nous appelle à reconnaître sa voix et à choisir, il nous appelle à la vie. Saurons-nous reconnaître sa parole et la laisser agir en nous ?

Amen.

Père Paul Malvaux sj
Chapelle universitaire Notre-Dame de la Paix

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Un chant pour accompagner la prière:
Les mots que tu nous dis

1. Les mots que tu nous dis surprennent nos attentes.
Mais qui es-Tu Jésus pour nous parler ainsi ?
Viens-Tu aux nuits pesantes donner le jour promis ?
Es-Tu celui qui vient pour libérer nos vies ?

2. Les mots que Tu nous dis sans cesse nous appellent.
Mais qui es-Tu Jésus pour nous parler ainsi ?
Sont-ils “Bonne Nouvelle” qui changera nos vies ?
Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?

3. Les mots que tu nous dis nous mènent jusqu’au Père.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
Saurons-nous vivre en frères, que son amour unit ?
Es-tu celui qui vient pour libérer nos vies ?

4. Les mots que tu nous dis révèlent notre rôle.
Mais qui es-tu, Jésus, pour nous parler ainsi ?
La vie se fait « Parole » quand c’est toi qui agis !
Tu es celui qui vient pour libérer nos vies.