Homélie

Frères et sœurs,

Nous avons acclamé Jésus dans les rues de Namur, nous nous sommes réjouis, nous avons fait Eglise, heureux d’accompagner ensemble Jésus qui entrait à Jérusalem.

Et puis nous avons écouté la Passion de Jésus : des êtres humains infligent à l’un des leurs, qui leur a pourtant tout donné, les violences que tant d’hommes et de femmes endurent en ce monde de la part de leurs semblables. Cette insupportable injustice et cette cruauté inouïe nous ont pris aux entrailles. Nous évoquons, comme en filigrane, le spectacle du monde. Les tortures et les faux jugements dans les prisons, les blessés et les agonisants dans les tranchées de tant de pays en guerres, les enfants maltraités dans les hôpitaux ravagés par des bombes ennemies, les malades tourmentés par la soif, la solitude et l’obscurité de la nuit, et puis toutes ces détresses que nous ressentons dans le quotidien de nos existences…

Dans le silence de notre cœur, nous ne pouvons que pleurer, nous lamenter, en considérant Jésus dans sa passion, avec tous les maux de notre humanité. Alors osons interroger Jésus : « Pourquoi toute cette misère ? », et poursuivons notre méditation, avec Saint Ignace dans les Exercices Spirituels, « comment, de Créateur, tu en es venu à te faire homme, à passer de la vie éternelle à la mort temporelle et ainsi à mourir pour mes péchés », pour les péchés du monde ? (ES n°53)

Le récit de la Passion selon saint Luc me suggère trois verbes essentiels pour comprendre ce qui se passe sur la croix et pour nous mettre en route avec Jésus.

Tout d’abord il s’agit de se battre ! De manière étonnante vous avez entendu Jésus conseiller à ses disciples de prendre une épée, car les temps qui viennent vont être difficiles pour lui. Compagnon proche de Jésus, Pierre répond immédiatement avec enthousiasme et apporte deux épées. Mais il n’a pas compris, Jésus l’arrête : « Ça suffit ! » Ce n’est pas de cette épée-là qu’il s’agit ! cela ne sert à rien d’en rajouter au drame que l’on vit, le monde sait si bien faire. Jésus dit seulement : « Priez, pour ne pas entrer en tentation ! » Pierre ne comprend toujours pas. Il va dormir quand Jésus priera son Père au jardin des oliviers, dans les affres du combat intérieur. Et quand la bande de Judas viendra appréhender Jésus, Pierre prendra l’épée et coupera l’oreille d’un garde. Jésus, au contraire, laisse faire et, comme le dit Isaïe dans la première lecture, « il présente le dos à ceux qui le frappent ». Frères et sœurs, réfléchissons quelques instants : dans les combats de nos vies, que faisons-nous ? Nous remettons-nous à Dieu dans la prière, pour ne pas succomber à la tentation ?

Le deuxième verbe est le résumé de toute la vie de Jésus : servir ! Jésus avance sur le chemin de la croix, comme dit saint Paul aux Philippiens, parce qu’il s’est remis à la volonté de son Père. « Il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ». Il a pris notre humanité et nous apprend notre vocation d’homme : servir. Jésus, après s’être donné à ses disciples sous la forme du pain et du vin, leur dit : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert. » C’est notre vocation, en ce sens que Dieu nous appelle à servir à la suite de son Fils. Alors prenons quelques instants de silence, en contemplant Jésus sur la croix : comment allons-nous servir nos frères et nos sœurs dans ce monde où tout est si difficile à vivre ?

Le troisième verbe vous paraîtra peut-être le plus étonnant : tomber. Sur le chemin du Calvaire, par trois fois Jésus tombe, par trois fois il se relève. Pierre, et les disciples eux vont tomber et seront dispersés. La chute sera dure ! Frères et sœurs, nous sommes souvent comme eux, enthousiastes et téméraires : « Avec toi, Seigneur, je suis prêt à aller en prison et à la mort, » affirme Pierre. Oui nous voulons nous battre avec toi, nous voulons te suivre, nous voulons servir l’humanité !  Mais Pierre tombe, il répond à la servante qui le dévisage : « Non je ne connais pas cet homme, je ne sais pas de qui tu parles. » N’est-ce pas aussi ce qui nous arrive dans les méandres de nos histoires. Alors comme Pierre, pleurons amèrement.

Laissons-nous regarder par Jésus qui se retourne et regarde Pierre, avec cette tendresse qu’il a apprise de son Père, en descendant au plus profond de la misère humaine. Alors dans notre cœur entendons la parole de réconfort de Jésus à Pierre qui ouvre en lui, comme en nous, un espace de conversion et de pardon : « J’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères ! »

Quand nous tombons et que nous prenons conscience de notre fragilité et de nos trahisons, nous sommes sûrs que nous pouvons repartir, forts de la parole de Jésus : « Quand tu seras revenu, affermis tes frères ! » Oui, frères et sœurs, en ces temps de détresse et de chute, revenons de tout notre cœur au Seigneur et avançons ensemble avec Jésus pour le salut du monde !

Ainsi, forts de cette foi, nous pouvons faire à nouveau Eglise en contemplant Jésus sur la croix, comme nous avancions tout à l’heure avec lui dans l’allégresse.

Père Henri Aubert sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur

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La prière universelle de ce dimanche

Le célébrant : En ce dimanche des Rameaux et de la Passion, nous confions nos sœurs et nos frères, proches et lointains, à Dieu notre Père.

Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi Seigneur.

1. « Béni soit celui qui vient, le roi, au nom du Seigneur », acclame la foule. Prions pour tous ceux qui bâtissent leur vie sur la possession des richesses et la renommée.
   Donne-leur de comprendre que tout vient de Toi, et d’accepter de changer de vie pour se mettre réellement au service du bien commun.
   Prions le Seigneur.
2. « Chaque matin, il éveille mon oreille pour que j’écoute », dit le prophète Isaïe. Prions pour que chacun d’entre nous, nous soyons dociles à ta parole ; qu’elle nourrisse notre foi et notre espérance ; qu’elle fasse de nous les serviteurs de nos frères.
   Prions le Seigneur.
3. « Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours », proclame le prophète Isaïe. Seigneur, en ce dimanche, où nous avons écouté le récit de ta Passion, nous faisons nôtre le cri de tant de personnes qui sont spoliées par des lois injustes ; de celles dont les terres et les maisons sont détruites par des bombardements incessants. Écoute notre cri, Jésus ; écoute le cri de tous tes enfants, Seigneur.
4. « Le Seigneur en a besoin », répondent les apôtres. Merci Seigneur pour tous ceux qui mettent leurs biens et leur cœur au service de la justice et de la paix. Que ton Esprit Saint anime leur vie, ainsi ton œuvre de salut sera visible et deviendra source d’espérance.
   Prions le Seigneur.

Le célébrant : Dieu miséricordieux, reçois nos prières suscitées par ton Esprit, nous te le demandons par Jésus, le Christ, ton Fils, notre Seigneur. Amen.

Pierre Lemaire
Jardiniers de Dieu

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