Dimanche 6 février 2022
Cinquième dimanche ordinaire (C)

L’appel des premiers disciples

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Isaïe 6, 1-2a.3-8 ; Saint, saint, saint le Seigneur de l’univers.
  • Psaume 137 : Je te chanterai en présence des anges.
  • 1 Co 15, 1-11 : C’est en lui que vous tenez bon.
  • Luc 5, 1-11 : L’appel des premiers disciples.

Duccio di Buoninsegna , vers 1255-1260
National Gallery Art, Washington D.C.

 

L’homélie

Les trois rencontres que nous relatent les lectures proposées par l’Eglise pour cette célébration sont celles d’hommes, de personnes qui prennent fortement conscience de leurs limites lorsqu’elles se trouvent face à un Dieu perçu comme plein de vie, d’audace. Cette rencontre les transforme ou les a transformés, « convertis » au point qu’ils deviennent à leur tour des messagers, des porteurs de vie. Saint Paul et Saint Matthieu sont contemporains. Isaïe a vécu sept siècles auparavant soit, comme point de comparaison, le temps qu’il y a entre notre époque contemporaine et la fin du moyen âge avec la distance culturelle que cela représente. Cela étant, tous les trois vivent le même type d’expérience et réagissent de façon semblable. Ils sont ou deviennent messagers d’une espérance, messagers de vie, messagers de Dieu.

La rencontre d’Isaïe avec son Seigneur est décrite dans un décor que je qualifierais de théâtral, un style d’époque où le pouvoir s’exprime par beaucoup de façade. Dieu y apparait comme le maître de tout l’univers qui sort de son palais et fait trembler le pauvre Isaïe qui, par contraste, prend conscience non seulement de son état impur mais aussi de celui de la nation dont il fait partie. Il faut avoir en tête ici que le royaume de Juda, qui se situe alors dans une période de prospérité, le fait avec un relâchement des mœurs. Ce qui est remarquable dans la phase finale de ce récit, c’est que toujours dans ce contexte théâtral, un séraphin s’approche d’Isaïe avec un charbon brûlant et lui enlève sa faute. Accompagnant ce geste, le Seigneur, Dieu, l’appelle : « Qui enverrai-je ? » et cet homme qui se considère moins que rien devant la grandeur de Dieu, lui répond « Oui, je serai ton messager ». Une conversion totale !

Saint Paul, lui, qui a vécu sept siècles plus tard, est déjà passé par une conversion totale quand nous le découvrons dans la seconde lecture où il s’adresse aux chrétiens de Corinthe. De littéralement massacreur des disciples du Christ, le voilà maintenant qui, dans son message où il rappelle les fondements de la Foi qu’il vit et partage, se considère comme l’avorton. La rencontre de Jésus sur le chemin de Damas l’a totalement transformé, fortifié, converti. Il porte maintenant non plus un message destructeur mais un message de vie.

Enfin, dans l’évangile de ce jour, Luc décrit Jésus parlant à la foule depuis la barque de pêcheurs épuisés par une nuit sans prise de poissons. Et nous assistons à une démarche pour le moins paradoxale de sa part à l’adresse de pêcheurs sans force, épuisés, sceptiques. Il leur demande l’impossible. Mais, mus par l’esprit de Dieu, convertis, ils vont quand même jeter les filets et la pêche est miraculeuse.

Dans ces trois situations, on reconnait la présence de Dieu comme force de vie. Elle convertit, transforme ces hommes qui n’ont pas une grande estime d’eux et des leurs. Elle en fait des porteurs de vie. C’est le message que fait Paul aux Corinthiens. C’est la pêche miraculeuse que raconte Luc. C’est Isaïe qui va affronter ses contemporains qui plus d’une fois essayeront de l’éliminer.

Cela nous dit et redit que la conversion, la démarche de Foi dépend bien sûr de nous mais est avant tout une initiative de Dieu. On est sur un autre registre que celui des influences de pouvoir, des rapports de force qui règlent pour une bonne part la vie de nos sociétés et notre propre vie. C’est un registre où la confiance remplace la crainte, où il n’est plus question de se sous-évaluer ou au contraire de se surestimer comme Paul avant sa conversion. Il est question d’être soi-même avec ses faiblesses mais aussi ses talents et donc cette capacité de les mettre au service de la vie, d’un monde meilleur, plus juste, plus respectueux des autres. C’est cela la conversion.

Ne tombons cependant pas dans l’angélisme. Le chrétien « ne vit pas que d’amour et d’eau claire ». Il lui faut travailler, gagner de l’argent pour assurer ses besoins. Sans ressources personnelles, on ne peut aider les autres. Mais en toutes ces actions de la vie, il faut respecter l’autre, les autres ; ne pas leur manifester, leur imposer notre pouvoir. C’est à ce type de conversion continue que Dieu nous invite à travers les lectures d’aujourd’hui. Une conversion, une attitude mentale et physique qui fait que nous sommes porteurs de vie et non de mort.

Père Pierre Devos s.j.
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Pour accompagner la prière

Si le Père vous appelle

Paroles : Didier Rimaud / CNPL – Musique : Jacques Berthier

1. Si le Père vous appelle à aimer comme il vous aime,
dans le feu de son esprit, Bienheureux êtes-vous !
Si le monde vous appelle à lui rendre une espérance,
à lui dire son salut, Bienheureux êtes-vous !
Si l’Église vous appelle à peiner pour le royaume
aux travaux de la moisson, Bienheureux êtes-vous !

R/ Tressaillez de joie ! Tressaillez de joie !
Car vos noms sont inscrits pour toujours dans les cieux !
Tressaillez de joie ! Tressaillez de joie !
Car vos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu !

2. Si le Père vous appelle à la tâche des Apôtres,
en témoins du seul Pasteur, Bienheureux êtes-vous !
Si le monde vous appelle à l’accueil et au partage,
pour bâtir son unité, Bienheureux êtes-vous !
Si l’Église vous appelle à répandre l’Évangile
en tout point de l’univers, Bienheureux êtes-vous ! R/

3. Si le Père vous appelle à quitter toute richesse,
pour ne suivre que son Fils, Bienheureux êtes-vous !
Si le monde vous appelle à lutter contre la haine
pour la quête de la paix, Bienheureux êtes-vous !
Si l’Église vous appelle à tenir dans la prière
au service des pécheurs, Bienheureux êtes-vous ! R/

4. Si le Père vous appelle à parler de ses merveilles,
à conduire son troupeau, Bienheureux êtes-vous !
Si le monde vous appelle à marcher vers la lumière
pour trouver la vérité, Bienheureux êtes-vous !
Si l’Église vous appelle à semer avec patience
pour que lève un blé nouveau, Bienheureux êtes-vous ! R/

5. Si le Père vous appelle à montrer qu’il est tendresse,
à donner le pain vivant, Bienheureux êtes-vous !
Si le monde vous appelle au combat pour la justice,
au refus d’être violent, Bienheureux êtes-vous !
Si l’Église vous appelle à l’amour de tous les hommes,
au respect du plus petit, Bienheureux êtes-vous ! R/