Dimanche 7 juillet 2024

Quatorzième dimanche du temps ordinaire (B)

Lectures

  • Sagesse 1, 13-15 ; 2, 23-24 : Dieu ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants !
  • Psaume 29 : Je t’exalte, Seigneur, tu m’as relevé.
  • 2 Corinthiens 8, 7.9.13-15 : Vous avez tout en abondance…
  • Marc 5, 21-43 : Ma fille, ta foi t’a sauvée.

Lire les textes de la liturgie

Ouvrons larges nos portes

Icône Byzantine, Christ Pantocrator

Homélie

Chers Frères et Sœurs,

Avez-vous déjà été victime d’un préjugé dans votre vie, du genre : vous être trop jeune pour ceci, trop âgé pour cela, surveillé sans raison parce que vous paraissez différent, etc. ? Si oui, alors vous pouvez comprendre ce qui arrive à Jésus dans l’évangile aujourd’hui. Jésus, profitant de son itinérance en Galilée où il a guéri un démoniaque au pays de Gerasa et la femme hémorroïsse, et ressuscité la fille de Jaïre, se rend à Nazareth dans son lieu d’origine. Il retrouve les siens. Les anciens qui l’ont connu enfant sont là, bien implantés dans le village. Ils l’écoutent à la synagogue. Étonnés de sa sagesse et de son succès, ils se demandent d’où lui vient son autorité et ces grands miracles. Mais au lieu que l’étonnement les conduise à la foi, il les conduits à l’incrédulité à cause des préjugés qu’ils ont de lui. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? » se demandent-ils. « Ils étaient profondément choqués à son sujet » nous dit l’évangile du jour.

Le préjugé joue un rôle dans le rejet de Jésus à Nazareth. Pour rappel, le préjugé est une opinion, un jugement ou une idée préconçue, souvent fondée sur des a priori, des stéréotypes ou des généralisations hâtives, plutôt que sur une connaissance ou une expérience réelle. Le préjugé remplace les personnes ou les choses par les idées que l’on s’est forgées d’elles et empêche de voir la véritable complexité et la dynamique des individus ou des situations. C’est ce à quoi fait face Jésus en rentrant à Nazareth chez lui. Tout le monde le connaît. Aux yeux des anciens, Il est tout sauf un maître, un prédicateur et un thaumaturge étant donné ses humbles origines. Au lieu d’accueillir ce Jésus transformé, ils s’enferment dans leurs opinons et s’obstinent dans leurs refus. Ils ne se rendent pas compte qu’en même temps ils passent à côté de la grâce. Contrairement à partout ailleurs en Galilée où la foi a suscité beaucoup de miracles, l’incrédulité à Nazareth en occasionne peu.

Chers Frères et Sœurs,

Face à Dieu, nous pouvons également entretenir dans notre esprit de faux a priori qui ne sont pas loin d’être une forme d’idolâtrie. L’histoire du salut est remplie d’exemple d’un Dieu surprenant qui déstabilise nos a priori, bouscule nos idées et nos habitudes. Avec Dieu, il nous faut accepter d’être toujours en chemin comme Jésus et non enracinés comme les Nazaréens. C’est dans son vieil âge qu’Abraham quitte son pays sur ordre divin, que Moïse, bègue de son état, est appelé à parler devant Pharaon et à être un prophète devant son Peuple, que David, simple berger, est appelé à diriger son peuple. L’incarnation bouscule nos préjugés. Pourquoi le Fils de Dieu ne naîtrait-il pas dans un palais comme tous les rois ? Pourquoi choisit-il de mourir entre deux bandits ? La croix est bien un scandale.

À moins d’accepter d’être bousculé dans nos a priori, il est difficile d’accéder à la grâce et au Salut. Faisons nôtre ce cri de Jean-Paul II encore actuel aujourd’hui : « N’ayez pas peur. Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ, à sa puissance salvatrice. » N’ayons pas peur de ce Dieu qui vient vers nous et qui peut nous parler à travers n’importe qui. N’ayons pas le visage dur et le cœur obstiné comme nous dit la première la lecture.

Entre temps, bien des préjugés sont encore là, en sourdine. Ils ne font pas grand bruit, mais empêchent nos sociétés d’évoluer et de progresser pleinement, mais surtout d’accéder à la grâce. C’est aussi pour nous l’occasion de les identifier, d’identifier nos peurs bien souvent infondées qui empêchent nos sociétés d’être plus harmonieuses, et de les abandonner.

Chers Frères et Sœurs,

En résumé, pour accueillir Dieu et ne pas passer à côté de sa grâce, il nous faut discerner car les choses ne sont pas toujours comme elles apparaissent. Discerner nous évite le piège d’une grande naïveté ou d’une grande méfiance à cause des a priori, des idées préconçues ou des préjugés. La parole de Dieu ou la grâce divine peut nous venir sous diverses formes. Elle peut se présenter à nous directement ou indirectement à travers la réflexion d’un petit enfant, la sagesse d’un étranger ou d’une personne d’une autre religion. Discerner nous permet de ne pas passer à côté de trésors qui nous entourent. Ne nous enfermons pas dans nos coteries à base sociale, religieuse, ethnique, raciale, … ouvrons large nos portes car telle est la volonté de Dieu, aimer l’autre comme soi-même.

Amen

Père Williams Dhelonga sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

Télécharger le PDF de l’homélie

Un chant pour accompagner notre méditation

Splendeur jaillie du sein de Dieu

Musique : Alain Rivière – Texte : Michel Wachenheim

Splendeur jaillie du sein de Dieu,
Lumière née de la lumière,
Avant que naisse l’univers
Tu resplendis dans les ténèbres.

Nous t’adorons, Fils bien-aimé,
Objet de toute complaisance ;
Le Père qui t’a envoyé
Sur toi fait reposer sa grâce.

Tu viens au fond de notre nuit
Pour tous les hommes de ce monde ;
Tu es la source de la vie
Et la lumière véritable.

À toi, la gloire, ô Père saint,
À toi, la gloire, ô Fils unique,
Avec l’Esprit consolateur,
Dès maintenant et pour les siècles.