Dimanche 8 janvier 2023

L’Épiphanie du Seigneur (A)

Lectures

  • Isaïe 60, 1-6 ; Debout, Jérusalem, resplendis !
  • Psaume 71 : Toutes les nations se prosterneront devant toi.
  • Ephésiens 3, 2-3a.5-6 : Toutes les nations sont associées au même héritage.
  • Matthieu 2, 1-12 : Nous avons vu son étoile en Orient.

Lire les textes de la liturgie

L’avènement d’une autre royauté

Le sommeil des mages, chapiteau de la cathédrale d’Autun (France)

L’homélie

Frères et Sœurs,

A Noël, nous avons commémoré et célébré la naissance de Jésus dans un endroit perdu, ignoré de tous, sauf de quelques bergers. Aujourd’hui fête de l’Epiphanie qui signifie « manifestation », « dévoilement », nous célébrons la reconnaissance de ce Jésus comme roi par toutes les nations et pour toutes les nations.

Cette manifestation de Jésus comme roi nous est racontée par le récit du pèlerinage des mages venus d’Orient pour se prosterner devant le petit qui vient de naître et lui apporter des présents royaux. N’y voyons pas un récit historique, il s’agit plutôt d’un récit, composé par l’évangéliste Matthieu, qui a toutes les allures d’un conte merveilleux : un conte merveilleux, en effet, qui peut nous raconter les merveilles de Dieu et nous livrer un message essentiel, plein de sens et de vérité.

Considérons donc ce conte, les personnages qui sont mis en scène et leurs actions. Les personnages d’abord. Le conte parle de mages. On ne dit pas qu’ils sont trois, mais plusieurs. On ne dit pas leur nom : Melchior, Gaspard et Balthazar sont des noms qui leur ont été attribués au 7ème siècle. En outre, on ne dit pas qu’ils sont des rois, contrairement à l’imagerie populaire qui s’est construite à leur sujet. Ce sont plutôt des chercheurs : des pèlerins chercheurs, des savants curieux de tout, épris, à la fois, de vérité et d’humanité. Ils ne sont pas des chercheurs solitaires, mais des chercheurs solidaires ; ils marchent avec d’autres sur le même chemin.

Au départ, dit le conte, ils scrutent la nature qu’ils lisent comme un grand livre. Tout commence par la découverte dans le ciel d’une nouvelle étoile ; ils voient, dans cette nouvelle étoile, l’annonce d’une naissance royale qui va bouleverser le monde.

Et de là, guidés par l’étoile, ils entament leur périple qui les conduit à Jérusalem. Les mages, venus d’Orient, ne sont pas des juifs, ils n’appartiennent pas à la tradition juive, mais, arrivant à Jérusalem, entrent en contact avec cette tradition juive et l’interrogent. Une nouvelle étape commence alors pour eux dans leur recherche. Là, à Jérusalem, ils n’interrogent plus la nature, le ciel et les étoiles, mais le peuple. Ils écoutent les gens et font appel à leur savoir, à leur tradition, à leurs écritures. C’est ainsi que les scribes et les grands prêtres les conduisent vers la Bible. En réponse à la question de savoir où doit naître le roi des juifs, voici qu’on leur cite une prophétie d’Isaïe qui indique Bethléem. C’est donc par étapes successives et par un ensemble de renseignements conjoints que nos mages chercheurs sont conduits à la crèche, se prosternent devant l’enfant roi. Au nom de toutes les nations, ils lui offrent en hommage des présents royaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ils reconnaissent en lui un don du ciel, une promesse de justice et de paix pour toutes les nations.

Les mages dans le conte que Matthieu nous livre ne sont pas des rois, mais pourtant, dans le conte, il est bien question, par deux fois, de royauté. Le mot « roi » est d’abord attribué à Jésus. « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ?», s’interrogent les mages. Le mot « roi » est aussi attribué à Hérode. Deux rois donc qui apparaissent comme des figures antagonistes diamétralement opposées. L’enfant Jésus qui vient de naître apparaît comme inaugurant une nouvelle royauté, espérance de paix et de justice pour le peuple et salut pour l’humanité entière. Le roi Hérode, au contraire, est la figure de l’inhumanité, du mensonge et de la barbarie. Le récit évangélique raconte, en effet, que le roi Hérode en voulait à l’enfant et fit massacrer tous les nouveau-nés.

Les mages, en se prosternant devant lui, font allégeance à Jésus, un roi, doux et humble de cœur, à l’opposé de tous les Hérode du monde. Ils se détournent d’Hérode et s’en vont par un autre chemin.

Frères et sœurs, le récit des mages qui aboutissent à la crèche pour se prosterner devant le nouveau-né nous indique le chemin à suivre pour découvrir et vivre le mystère de Noël. A la suite des mages, nous sommes invités à emprunter un triple chemin.

Tout d’abord, nous sommes appelés à être, comme les mages, des chercheurs, curieux de tout, qui s’interrogent avec d’autres de manière solidaire sur la vie, sur l’histoire, sur les événements dans lesquels nous sommes tous plongés. Nous sommes appelés à un travail de l’intelligence. Nous sommes appelés à mettre notre intelligence en mouvement, à ne pas nous enfermer dans des préjugés ou dans les avoir acquis, mais toujours inlassablement nous sommes appelés à être des chercheurs de vérité et d’humanité.

Ensuite, une deuxième invitation est l’invitation à marcher, à bouger, à pérégriner mentalement mais aussi physiquement. Les mages sont réputés comme étant venus d’ailleurs, ouverts à la rencontre des cultures et des traditions. Ils nous invitent à ne pas rester enfermés dans nos enclos, mais à sortir, à transgresser les frontières, à franchir les barrières géographiques et mentales. Ils nous invitent à être des êtres humains, certes, toujours situés dans un lieu, mais, en même temps, ouverts à l’universel, capables de fréquenter, avec bonheur, des personnes de couleurs, de cultures, de traditions différentes. Et il est bon à cet égard que nos assemblées comme celle-ci où nous sommes réunis en frères et sœurs d’origines diverses, reflètent cette universalité.

Et puis, la troisième invitation est d’entrer dans un combat et choisir la royauté à laquelle nous voulons faire allégeance. Le récit de l’Epiphanie en parlant de la royauté du nouveau-né dans la crèche et de la royauté d’Hérode dans son palais nous plonge dans le réel ; un réel qui est traversé par les forces du mal et par les forces du bien. Aujourd’hui, en ces temps difficiles, on est au pied du mur. Nous sommes appelés à prendre position, à lutter et à résister, autant que nous le pouvons, aux puissances destructrices inhumaines qui sont à l’œuvre dans le monde. Le mystère de Noël ne nous éloigne pas des enjeux de notre monde qui est encore en proie à la guerre, à l’injustice, à la recherche à tout prix de l’avoir, de la puissance et de la domination.

L’Epiphanie est la reconnaissance en Jésus d’une royauté autre que celle de tous les Hérode du monde : la royauté de la douceur et de l’amour, la royauté des béatitudes. L’allégeance à cette royauté qui est celle de Jésus, le Verbe de Dieu, né dans notre chair, est pour nous comme une nouvelle naissance. Elle change notre vie, elle la réoriente, l’éclaire de nouvelle façon et nous engage de façon pressante à emprunter dans le concret de nos existences le chemin de la charité. Alors, avec le prophète Isaïe, nous pourrons dire : « Debout, resplendis. Elle est venue la lumière et la gloire de Seigneur s’est levée sur nous » (Is 60,1).

        Père André Fossion sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Christ est là dans la nuit (Notre sauveur est né)

Facelina / Michel Wackenheim / Studio SM

Notre Sauveur est né, Alléluia, Alléluia !
Dieu est venu chez nous, Alléluia, Alléluia !

  1. Ils ont vu le Messie,
    envoyé par le Père,
    Il est né cette nuit
    Grande joie sur la terre.
  2. Christ est là dans la nuit,
    sans argent, sans maison,
    Christ est là dans la nuit,
    Rien qu’avec des chansons.
  3. Dis, Marie, tu entends ?
    Tous ces cris, c’est pour toi.
    Dis, Marie, tu entends ?
    Viens chanter “Gloria”
  4. Ils ont vu son étoile
    Tout là-haut dans le ciel
    Ils ont vu son étoile,
    ils ont dit : “C’est Noël !”