Dimanche 9 janvier 2022
Le baptême du Seigneur (C)

Tu es mon Fils Bien-aimé;
en toi, je trouve ma joie.

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Isaïe 40, 1-5.9-11 : Consolez, consolez mon peuple.
  • Psaume 103 : Bénis le Seigneur, ô mon âme; Seigneur Dieu, tu es si grand.
  • Tite 2, 11-14 ; 3, 4-7 : Il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint.
  • Luc 3, 15-16.21-22 : Le baptême du Seigneur.

Baptême du Seigneur – Piero della Francesca (1449)
National Gallery – Londres

L’homélie

En ce premier Dimanche du Temps Ordinaire, l’évangile donné à notre méditation s’ouvre avec un peuple en attente d’un Messie, un peuple assoiffé d’un sauveur au point d’introniser Jean-Baptiste comme le Christ. Il se termine comme une réponse à cette soif, une intronisation du Messie par une voix venue d’en haut qui dit : « Tu es mon Fils bien aimé (mon agapetos), en toi, je trouve ma joie » et une colombe qui descend sur lui. Cette parole résonne profondément dans le cœur de Jésus au moment où il est projeté sur le devant. Elle est lourde de son identité et de sa mission. Elle est aussi la trame de l’évangile de ce jour.

Chers frères et Sœurs,

La parole adressée à Jésus combine deux expressions bien chargées dans l’histoire du salut. Il s’agit des expressions « bien-aimé, agapetos en grec » et « en toi j’ai mis ma joie ».

Dans l’Ancien Testament, Isaac, fils d’Abraham est qualifié de bien-aimé, d’agapetos (selon la version grecque de l’A.T.). Dieu dit à Abraham : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes (ton agapetos), Isaac; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste » (Gn 22, 2). Abraham n’avait plus qu’Isaac comme héritier de sa promesse. Il l’aimait beaucoup et s’était attaché à lui. Dieu lui demandait de lui offrir ce qu’il avait de plus cher. Un tel acte devait mesurer son amour pour son Dieu. Appliqué à Jésus, celui-ci est l’« Isaac » du Père, l’Aimé du Père, ce qu’il a de plus cher. En envoyant son Fils parmi les hommes, Le Père offre à l’humanité ce qu’il a d’unique et de plus cher. Il montre ainsi son amour infini pour l’humanité. La petite différence avec Isaac est que celui-ci ne savait pas qu’il était l’offrande de son Père. Jésus par contre conçoit le projet rédempteur avec le Père et l’Esprit Saint dans une communion parfaite.

Le bien aimé est aussi évoqué dans la liturgie du sacre des rois d’Israël (Ps. 2, 6-7) : « Tu es mon fils (mon agapetos) ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré». La parole venue d’en haut intronise Jésus dans sa mission royale de conduire l’humanité et de la protéger de tout mal.

L’on comprend pourquoi Jean-Baptiste considérait celui qui vient comme plus fort que lui et dont il n’était même pas digne d’exercer la corvée dévolue aux esclaves de dénouer ses sandales. Jean-Baptiste, inspiré par l’Esprit-Saint, pressentait l’origine royale et divine du Messie. A la surprise de ce dernier et contre sa volonté, il le baptise tout de même. Pourquoi Jésus se fait baptiser, lui le Saint de Dieu ?

En se faisant baptiser, Jésus pose un acte d’humilité. Celui-ci a caractérisé l’incarnation et caractérisera toute sa mission. Il est le parfait humble, le roi d’humilité. L’autre signification de cette humilité se révèle au moment du lavement des pieds de ses apôtres : le service (Jn 13, 1-13). Jésus est un roi serviteur. Le dernier sens de cet abaissement est de nous élever. En s’abaissant dans l’eau, Jésus effectue un admirable échange. Il prend la place des pécheurs pour que les pécheurs prennent sa place et deviennent des fils de Dieu. C’est toute la mission de Jésus : nous révéler que Dieu est Père, que nous sommes ses fils et que nous devons nous adresser à lui comme « Abba », Père. C’est tout le sens de notre baptême. Il nous configure au Christ, nous ouvre le ciel et nous fait entrer dans la communion du Père et du Fils.

La seconde expression « En Toi j’ai mis ma joie » vient du chant dédié au serviteur souffrant : « Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir » (Is 42, 1). Une fois de plus, cette parole venue d’en haut suggère que Jésus est ce serviteur souffrant. Sa mission sera de sauver le monde en prenant sur lui toute sa violence et sa souffrance (Is 53, 4ss). L’humble naissance du Christ, sa vie cachée, l’humble condition de sa vie, les miracles en faveurs des lépreux, des sourds, des muets et des aveugles, sa passion et sa mort manifestent à quel point Jésus voulait communier avec tous les hommes en commençant par les plus petits d’entre tous, les plus délaissés et abandonnés. En mettant ses pas dans ceux des pécheurs, Jésus montre à quel point il n’a pas peur de prendre sur lui nos souillures.

Chers Frères et Sœurs,

Aujourd’hui, la parole adressée à Jésus : « Tu es mon Fils bien aimé ; en toi j’ai mis ma joie » s’adresse à chacun de nous comme il l’a été au jour de notre Baptême. Dieu désire être notre Père, il veut vivre en communion avec nous tous. Il veut que là où est son Fils, nous y soyons. C’est notre identité profonde, être des fils de Dieu. C’est un honneur et une grâce pour nous. Accueillons ce projet avec une grande joie et une louange à Dieu. Aussi, comme fils de Dieu nous participons à la mission rédemptrice du Christ par la force de l’Esprit Saint. Ainsi avec le Fils qui s’abaisse pour nous élever, pour nous servir, pour nous ramener à son Père, nous sommes invités à faire de même : aller vers les autres, les rabaissés, les délaissés, les abandonnés, les blessés pour témoigner de l’amour de Dieu, leur rendre un peu plus de dignité.

Amen.

Père Williams Dhelonga s.j.
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Pour accompagner la prière

Agneau de Dieu, conduis nos pas

Paroles : Claude Bernard  –  Musique : Jo Akepsimas

Agneau de Dieu, conduis nos pas jusqu’à la source des eaux vives ;
Agneau de Dieu, tu donneras le feu pascal sur l’autre rive.

  1. Près du Jourdain quand tu parais, quel baptisé te reconnaît,
    Jésus Seigneur ? (bis)
    Toi l’inconnu, le charpentier, depuis trente ans tu t’es plongé
    Dans le grand fleuve des pécheurs,
    Agneau de Dieu, Agneau de Dieu.
  2. Mais Jean-Baptiste, en vrai témoin, révèlera celui qui vient :
    Voici l’Agneau ! (bis)
    Allez vers lui, le serviteur, dans notre nuit c’est le veilleur,
    L’Épiphanie du Dieu très-haut,
    Agneau de Dieu, Agneau de Dieu.
  3. Pour que tu sois sur Israël colombe et paix, venu du ciel,
    L’Esprit descend ! (bis)
    Tribus et peuples te verront, toi la lumière des nations,
    Qui nous relève au prix du sang,
    Agneau de Dieu, Agneau de Dieu.
  4. Quel mal du monde est enlevé quand notre terre est ébranlée
    Par tant de maux ? (bis)
    Toute justice est accomplie si ton baptême donne vie
    Au plus profond des cœurs nouveaux,
    Agneau de Dieu, Agneau de Dieu.
  5. Bientôt les cieux pourront s’ouvrir aux pèlerins que tu conduis,
    Vers ton grand jour. (bis)
    Ton Père annonce au baptisé : « Tu es mon Fils, mon bien-aimé,
    En toi j’ai mis tout mon amour,
    Agneau de Dieu, Agneau de Dieu.