Un seul corps

La Pentecôte, c’est la fête de l’humanité. Cette humanité qui se réunit dans la paix et la joie, à Jérusalem, aux portes du Cénacle.

Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. (Actes 2,11)

Il y a vingt siècles, l’humanité se trouvait ainsi rassemblée par la force de l’Esprit, réunie en une mystérieuse communion.
Aujourd’hui ne nous faudrait pas oser dire :

Russes et Ukrainiens, Juifs et Palestiniens, Congolais et Rwandais, Flamands et Wallons, Africains et Belges, Américains et Européens, Chrétiens et Musulmans, et même hommes et femmes… ?

Par là, je souligne combien cette humanité a beaucoup de mal à vivre dans la paix et la concorde ! Question de langue, question de religion, question de culture, d’histoire, question de genre…
Il y a toujours quelque chose qui risque de nous opposer, de nous séparer, de nous diviser !

En réalité, être différent n’est-ce pas une bénédiction : chaque être humain est unique devant Dieu, une merveille aux yeux de Dieu ? Cela explique la multiplicité des langues et cela devient même une règle de conduite, un commandement de Dieu :
même le plus petit d’entre les humains est aimable,
c’est-à-dire qu’il peut être aimé.

C’est cela le mystère de la Pentecôte : chacun de ces hommes qui regardent les apôtres émergeant du cénacle sous le feu de l’Esprit, chacun a une mère différente, chacun parle sa langue maternelle, mais tous peuvent se reconnaître fils d’un même Père, se reconnaître frères et sœurs, bénéficiaires des merveilles de Dieu qui leur ont été révélées par l’incarnation de Jésus.

« Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps » dit saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens (1 Co 13) !
C’est bien le message de la Pentecôte.

Henri Aubert sj
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix