Dimanche 25 décembre 2023
Messe du jour
Lectures
- Isaïe 52, 7-10 : Eclatez en cris de joie, vous, ruines de Jérusalem.
- Psaume 97 : La terre entière a vu le salut que Dieu nous donne.
- Hébreux 1, 1-6 : Dieu nous a parlé par son Fils…
- Jean 1, 1-18 : Au commencement était le Verbe… et le Verbe était Dieu.
Lire les textes de la liturgie
Tous nous avons eu part à sa plénitude,
nous avons tous reçu grâce après grâce.
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Homélie
Frères et soeurs
Frères et sœurs, hier soir, lors de la veillée de Noël, la liturgie nous a fait entendre le récit de la naissance de Jésus, dans la pauvreté, dans une mangeoire, à l’insu du tous, sauf de quelques bergers et d’une multitude d’anges qui l’acclament et rendent gloire à Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
Ce matin de Noël, pour célébrer la Nativité du Seigneur, la liturgie nous propose un tout autre texte : le prologue de l’évangile de Jean. L’évangile de Jean, nous le savons, le quatrième des évangiles, a été écrit tardivement à la fin du premier siècle. C’est un évangile plus méditatif, plus contemplatif, plus théologique qui prend de la hauteur et envisage le mystère du Christ comme illuminant l’histoire du monde et comme la révélation de Dieu Trinité, Père, Fils et Esprit. Le prologue de l’évangile de Jean est caractéristique de son style. En une page, il évoque le mystère du salut de l’humanité entière, en Jésus, le Fils du Père, le Verbe incarné dans notre histoire.
Pour entrer dans ce texte dense et complexe, je voudrais partir d’une phrase du prologue qui, étonnamment, en quelques mots, résume tout : « De sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ». Deux questions nous sont posées par ce bout de phrase : qu’est-ce que la grâce ? Et en quoi consiste cette succession de grâces dont témoigne le prologue ?
La grâce tout d’abord. La grâce n’est pas un terme confiné au domaine religieux. C’est un mot de la vie courante comme lorsque l’on dit, par exemple, « c’est grâce à toi, c’est grâce à ceci que j’ai pu obtenir cela ». La grâce, dans la vie courante, c’est ce que l’on reçoit, ce que l’on obtient d’un autre par don, sans l’avoir produit, sans l’avoir mérité, sans devoir payer ni l’avoir payé. La grâce est ainsi attachée à une relation de gratuité ; une relation de gratuité où il y a du don. Et cette relation de gratuité provoque un sentiment de gratitude, un sentiment de reconnaissance et de bonheur. Considérons les mots qui sont apparentés au mot « grâce ». Il y a les mots « gratuit, gratitude, gracier, gratifier, gracieux, gracile, agrément, gré, agréable » ; tous ces mos apparentés qui dérivent du mot « gratia » latin, sont riches de sens et désignent un champ de relations ou il y a du don, de la joie, de la beauté, de la liberté, du pardon, du plaisir, de la non-violence, bref, du bonheur.
Ce que le prologue nous dit, c’est que Dieu, en Jésus-Christ, nous comble de grâces. En quoi consiste cette succession de grâces ? Le prologue évoque d’abord la création. La première grâce reçue, en effet, est celle de la création elle-même, le don de la vie et de tout l’environnement. « Par lui tout a été fait » est-il dit dans le prologue, s’agissant du Verbe de Dieu. Rappelons-nous, dans le récit de la genèse, la première parole que Dieu adresse à humanité est une parole de don : « Voici que je vous donne » (Gn 1,29), dit Dieu et « Dieu vit que cela était bon ». Dieu créateur est le Dieu donateur, donateur de vie. Mais ne confinons pas la création à l’origine, dans le passé ; la création elle est aussi, maintenant, aujourd’hui et demain. Ainsi peut-on dire que la création, le don de Dieu, est encore devant nous, à venir. Première grâce donc, la grâce de la création toujours en cours.
Deuxième grâce. La grâce de la première alliance. Dieu créateur a fait alliance avec l’humanité par Moïse. « La loi nous est venue par Moïse » dit le prologue. C’est l’alliance avec le peuple d’Israël, une alliance salvatrice qui le sauve de l’esclavage et est déjà une promesse de salut qui s’étend sur l’humanité entière. La deuxième grâce est donc la grâce de l’ancienne ou de la première alliance : l’alliance avec Israël. Cette alliance, soulignons-le, apparaît comme une nouveauté absolue, comme un coup de tonnerre, dans l’histoire religieuse de l’humanité. Pour la première fois, en effet, dans l’histoire religieuse de l’humanité, Dieu se révèle comme un Dieu libérateur, comme un Dieu qui se place du côté des pauvres, des humiliés, des opprimés. Un Dieu qui prend parti pour les blessés de la vie, qui assume la cause des pauvres et les exclus. Il y a là un bouleversement radical dans les représentations de Dieu. Dieu se révèle aux côtés des pauvres ; Il sauve de la servitude.
Puis vient encore une troisième grâce. « Le Verbe – celui par qui tout a été fait – s’est fait chair et il a habité parmi nous. Et nous avons vu sa gloire » (J1,14), avons-nous entendu dans le prologue. En Jésus-Christ, vient la révélation, à nouveau bouleversante, d’une proximité inouïe entre le Verbe de Dieu et sa créature au point de dire que Dieu a pris un corps, un visage humain. Jésus, le Christ, le Fils de Dieu, le Verbe incarné dans notre chair, institue entre Lui et nous une proximité étonnante au point qu’il nous dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis » (Jn 15,15). « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je serai au milieu d’eux » (Mt 18,20), « Je suis parmi vous à la place de celui qui sert » (Lc 22,27) « Prenez et mangez, Ceci est mon corps, ceci est mon sang » ou encore « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40). Cette grâce bouleversante du Christ parmi nous, incarné dans notre chair, est ainsi poussée jusqu’à l’extrême. « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ » (Rm 8,39), pas même notre péché. Que nous soyons, bons ou mauvais, ouvrier de la première ou de la dernière heure, tous et toutes, nous avons l’assurance, d’en être toujours accueillis, aimés, par grâce, sans condition, sans devoir payer. Tel est l’inouï de la grâce de Dieu qui nous est manifesté et révélé en Jésus-Christ, né parmi nous. Nous le savons et le prologue le dit : il a été rejeté, condamné. Mais si nous nous tournons vers lui, si nous nous confions à lui, il nous « donne, comme le dit encore le prologue, le pouvoir de devenir enfants de Dieu », le pouvoir de naître et de renaître par la grâce de Dieu. C’est là la troisième grâce qui nous advient : la grâce de naître, de renaître, d’être entraînés dans la vie éternelle : Autrement dit, la grâce de la rédemption, du salut, de la résurrection.
Mais ce n’est pas tout. Pour que nous puissions bénéficier de cette succession de grâce, encore faut-il qu’elle soit annoncée et que l’on puisse l’entendre. C’est là encore une grâce supplémentaire : la grâce d’entendre la Bonne Nouvelle et d’y faire foi ; la grâce de connaitre et de reconnaître le salut de Dieu à l’œuvre dans notre chair. C’est, en d’autres termes, la grâce de la foi, la grâce de pouvoir se réunir et de célébrer avec joie, comme nous le faisons ce matin, notre foi et de proclamer le Credo. C’est la grâce de nous nourrir et de vivre jour après jour du don de Dieu.
Aussi, en ce matin de Noël, réjouissons-nous sans réserve. De Lui, du Christ Jésus, Verbe incarné, nous avons reçu grâce après grâce.
Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur
Un chant pour accompagner notre méditation
Jubilez ! Criez de joie !
Paroles et musique : Frère Jean-Baptiste de la Sainte Famille
Jubilez ! Criez de joie !
Acclamez le Dieu trois fois Saint !
Venez le prier dans la paix ; témoigner de son amour.
Jubilez ! Criez de joie ! Pour Dieu notre Dieu.
- Louez le Dieu de lumière, il nous arrache aux ténèbres.
Devenez en sa clarté́, des enfants de sa lumière. - Ouvrez vous, ouvrez vos cœurs, au Dieu de miséricorde.
Laissez-vous réconcilier, laissez-vous transfigurer. - Notre Dieu est tout amour, toute paix toute tendresse.
Demeurez en son amour, il vous comblera de Lui. - A l’ouvrage de sa grâce, offrez votre vie
Il pourra vous transformer, Lui, le Dieu qui sanctifie. - Louange au Père et au Fils, louange à l’Esprit de gloire.
Bienheureuse Trinité : Notre joie et notre vie !