Mardi 1er novembre 2022

La Toussaint

Textes de la liturgie

  • Apocalypse de saint Jean 7, 2-4 .9-14 : Une foule immense.
  • Psaume 23 : Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur.
  • 1 Jean 3, 1-3 : Nous lui serons semblables car nous serons tel qu’il est.
  • Matthieu 5, 1-12 : Heureux les pauvres de cœur…

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Les saints de la porte d’à côté

Fra Angelico, prédelle du retable de l’église du couvent saint Marc à Florence, 1423-24,
National Gallery, Londres.

L’homélie

Frères et sœurs, la fête de la Toussaint est la célébration de l’œuvre de sanctification de notre humanité par la grâce de Dieu. La Toussaint célèbre l’action de Dieu qui nous rend saints, tous et toutes.

Les lectures de ce jour insistent toutes sur la dimension universelle de cette action de sanctification.  Elle s’étend à l’humanité entière. Dans l’apocalypse : « Je vis une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toutes nations, tribus, peuples et langues, qui se tenaient debout devant le trône de l’agneau. (…) Et ils s’écriaient : le salut appartient à notre Dieu ». Et dans la première lettre de Jean : « Nous sommes appelés enfants de Dieu et nous le sommes. Quiconque met en lui son espérance, se rend pur comme lui-même est pur ». Et dans l’Evangile de ce jour, Jésus voit les foules qui s’étendent devant lui et se mit à les enseigner : « Heureux les pauvres, les doux, les miséricordieux, les artisans de paix, le Royaume des cieux est à eux »

Ainsi, donc, nous sommes-nous, tous et toutes appelés, à entrer dans un processus de sanctification par la grâce de Dieu.

La Constitution conciliaire Lumen Gentium, en son chapitre 4, nous rappelle que nous sommes appelés à la sainteté. « La volonté de Dieu, c’est notre sanctification », souligne le Concile. L’Exhortation Apostolique «Gaudete et exsultate[1] » du pape François reprend, elle aussi, cet appel à la sainteté « que le Seigneur adresse à chacun d’entre nous : vous êtes devenus saints car je suis saint » (1 Pierre 1,16)

La sainteté dont il est question ici n’est pas le fruit d’un combat ; elle ne résulte pas d’une lutte pour notre propre perfection. Ce n’est pas à coup d’efforts et par nos propres mérites que nous devenons des saints. S’agissant de la sainteté, il n’y a pas d’échelle de valeurs, il n’y pas de classement comme si, après examen, il y avait des saints avec grande distinction, distinction, satisfaction ou échec. La sainteté ne se mesure pas comme des performances sportives qui obtiennent la médaille d’or, la médaille d’argent ou de bronze ou pas de médaille du tout. Saint Ignace, au début de sa vie de converti, voulait imiter ceux qu’il considérait comme des grands saints ; il voulait se mesurer à eux et les égaler. Cela l’a conduit au désespoir et à la tentation du suicide. La sainteté, en effet, n’est pas un exercice de musculation spirituelle.

La sainteté est un don que l’on reçoit dès lors que l’on se dispose à s’en remettre à la grâce de Dieu. C’est cette disposition qui nous met sur le chemin de la sainteté. Les saints, en ce sens, ne sont pas des êtres d’exception. Bien sûr, il y a des saints canonisés que l’Eglise donne en exemple à la mémoire collective. Mais il y a aussi et surtout la multitude des saints de la vie ordinaire. Le pape François parle d’ailleurs, dans une expression originale, des « saints de la porte d’à côté ».  Les saints de « la porte d’à côté », ce sont des saints de la vie quotidienne qui ne sont pas parfaits, mais qui sont habités par une bonne volonté de fond, par un désir droit, un désir de paix, de justice, de miséricorde qui est la trace, en eux, de la grâce agissante et sanctifiante de l’Esprit de Dieu. « J’aime, dit le pape François, la sainteté chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades et chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. C’est cela souvent, la sainteté de la porte d’â côté, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu»[2].

La sainteté, ici, est un style de vie qu’on ne conquiert pas de haute lutte ; elle est plutôt une manière d’être que l’on apprend de son entourage et qui dispose spontanément, par la grâce de Dieu, à vivre au jour le jour selon les valeurs de l’évangile. L’important n’est pas d’être au bout du chemin, mais de faire un pas et d’avancer.

Relisons donc les béatitudes comme les voies de sainteté que l’on peut emprunter sans être pour autant des êtres d’exception.

Heureux les pauvres de cœur qui savent qu’ils ont beaucoup reçu, qui sont reconnaissants, qui disent merci et sont tout disposés à rendre et à partager.

Heureux les miséricordieux, heureux les doux qui ne rendent pas le mal pour le mal mais sont vainqueurs du mal par le bien.

Heureux ceux qui pleurent avec ceux qui pleurent, qui compatissent à leur souffrance et les aident à marcher néanmoins avec espérance.

Heureux les artisans de paix qui inventent jour après jour les solutions les plus habiles pour éteindre les rancunes et ouvrir les voies de la réconciliation.

Heureux les cœurs purs et droits qui font ce qu’ils disent et disent ce qu’ils font.

Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, qui ne cherchent pas à accumuler les richesses mais sont soucieux d’une répartition équitable des biens.

Heureux tous ceux et celles-là que l’Esprit de Dieu travaille et font la joie de leur entourage. Ils sont les saints et saintes de Dieu.

Cette sainteté ordinaire, elle est là en nous parfois à notre insu tant elle nous est devenue coutumière et naturelle. Parfois, il est vrai, nous faisons le bien sans l’avoir voulu, sans y penser, un peu comme par habitude. Cette sainteté habituelle en nous, nous n’en tirons pas orgueil. Elle est plutôt un motif d’action de grâce.

La sainteté à laquelle nous sommes invités, elle est aussi la sainteté du regard qui discerne en l’autre, parfois malgré les apparences et les préjugés, la bonté. Elle révèle l’autre à lui-même en reconnaissant en lui la présence sanctifiante de Dieu.

La fête de Toussaint, c’est la fête de tous les saints ; nous sommes tous et toutes des saints et saintes de Dieu de par sa grâce qui nous sanctifie.

Père André Fossion sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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[1] Exhortation Apostolique du pape François, Gaudete et Exsultate, Soyez dans la joie et l‘allégresse, n°10, Editions Fidélité, 2018.

[2] Ibidem, 7.

Un chant pour accompagner notre méditation

Au coeur de ce monde

Texte : Didier Rimaud – Musique : Jacques Berthier

Au coeur de ce monde, le souffle de l’Esprit
fait retentir le cri de la bonne nouvelle !
Au coeur de ce monde, le souffle de l’Esprit
met à l’oeuvre aujourd’hui des énergies nouvelle !

  1. Voyez ! les pauvres sont heureux :
    Ils sont premiers dans le Royaume !
    Voyez ! les artisans de Paix :
    Ils démolissent leurs frontières !
    Voyez ! les hommes au coeur pur :
    Ils trouvent Dieu en toute chose !
  2. Voyez ! les affamés de Dieu :
    Ils font régner toute justice !
    Voyez ! les amoureux de Dieu :
    Ils sont amis de tous les hommes !
    Voyez ! les doux sont vainqueurs :
    Ils font que dansent les montagnes !
  3. Voyez ! le peuple est dans la joie :
    L’amour l’emporte sur la haine !
    Voyez ! les faibles sont choisis :
    Les orgueilleux n’ont plus de trône !
    Voyez ! les doux qui sont vainqueurs :
    Ils ont la force des colombes !