Un cri s’élève dans Rama

« Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte :
c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus. »

Ce qui se passe à Gaza bouleverse les consciences de beaucoup, les nôtres certainement. Cela ne nous renvoie-t-il pas au récit du “massacre des innocents” quand Jésus qui vient de naître est menacé par le pouvoir d’Hérode. C’est au début de l’évangile de Matthieu (Mt 2, 18). L’évangéliste fait référence au prophète Jérémie (Jr 31, 15) qui, des siècles auparavant, parlait au peuple juif dans une situation d’exil dramatique.

Aujourd’hui, il est temps, plus que temps, d’arrêter les violences et les horreurs qui se déploient sur le territoire de Gaza — massacres, famine, crimes de guerre —, visant des innocents, des familles, de nombreux enfants. Le traumatisme et la haine s’enracinent dans le cœur de beaucoup et cela pour des années ! Les gouvernements occidentaux ne peuvent plus chercher de faux-fuyants pour éluder la question.

Dans le monde, de nombreuses manifestations ont lieu à l’initiative de personnes et de collectifs de toutes opinions pour leur demander d’agir et de prendre les mesures indispensables, on pense en particulier à l’arrêt des livraisons d’armes, quels que soient les camps en présence !

Déjà le 15 janvier, les évêques de Belgique appelaient à un cessez-le-feu immédiat et à une solution négociée.
Le 21 mai, les responsables des cultes et de la laïcité reconnus en Belgique ont publié une déclaration commune sur le conflit à Gaza.
Ce dimanche 15 juin, à Bruxelles, une chaîne humaine rouge rassemblera citoyens et citoyennes, syndicats, ONG et collectifs… en vue d’interpeller les autorités belges que toutes les lignes rouges ont été dépassées et qu’elles doivent en faire plus pour que vienne la paix en Palestine.

“Ce cri qui s’élève dans Rama”, nous l’entendons aujourd’hui dramatiquement à Gaza. Mais de telles situations se répètent en tant de lieux de notre planète… à Haïti, à l’est du Congo, au Soudan, en Birmanie, au Mali, en Ukraine, au Yémen, au Nigéria… Des hommes, des femmes, des enfants souffrent de la haine et de la violence.

Nous ne pouvons pas rester insensibles. Notre monde va mal !
Il s’organise de plus en plus au profit de l’individualisme, de la richesse, de l’autoritarisme et du refus de l’autre. D’une manière ou d’une autre, nous ne pouvons pas rester sourds au cri de la terre et de l’humanité, nous devons être attentifs à ce qui se passe ailleurs, mesurer notre responsabilité et rester solidaires, ne serait-ce que par un retour sur nous-mêmes et sur notre manière de vivre, et par la prière.

Rude mais indispensable tâche, si nous voulons espérer un avenir de justice et de paix.

Henri Aubert sj
Chapelle Universitaire Notre-Dame de la Paix