Dimanche 2 mai 2021
Cinquième dimanche de Pâques
Demeurez en moi, comme moi en vous

Textes de la liturgie (à consulter ici)

  • Actes 9, 26-31 : Quand Paul paraît…
  • Psaume 21 : Tu seras ma louange, Seigneur, dans la grande assemblée.
  • 1 Jean 3, 18-24 : Garder ses commandements.
  • Jean 15, 1-8 : Jésus est la vigne.

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L’homélie

Frères et sœurs,

L’Évangile d’aujourd’hui nous invite à une chose à la fois très simple et très difficile. Il nous invite à demeurer. A demeurer en Jésus comme lui demeure en nous. Or, comment Jésus demeure-t-il en nous ? « Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde » dit-il à la fin de l’Évangile de Matthieu. Tous les jours, jusqu’à la fin, demeurer en lui, comme lui en nous.

Ce commandement de Jésus, si simple en apparence, est pourtant aux antipodes de ce à quoi nous pousse le monde où nous vivons. Celui-ci nous incite au contraire à ne jamais demeurer en place, mais à sauter continuellement d’une chose à l’autre, à batifoler, à papillonner, à zapper, d’une image à l’autre, d’une nouvelle à l’autre, d’une relation à l’autre, d’une sollicitation à l’autre. Regardez le principe des réseaux sociaux. Il ne s’agit jamais de demeurer, mais toujours de capter, le plus vite possible, une bribe d’information, pour passer à la suivante, et à la suivante. Sans jamais s’arrêter plus que quelques secondes, il y a toujours autre chose qui attend, ou plutôt, qui n’attend pas. Or, demeurer suppose justement de s’arrêter, de prendre le temps, de rester avec ou devant, de goûter.

Si vous êtes amateurs de bon vin, vous le savez bien. Pour goûter un bon cru, il ne s’agit pas de boire le plus possible, le plus vite possible. Non, il s’agit de prendre le verre, de sentir le bouquet, d’admirer la robe, de prendre une gorgée, de laisser le vin jouer avec les papilles gustatives, de s’imprégner de ses saveurs, avant d’en apprécier la longueur en bouche… De la même façon, si vous voulez apprécier une œuvre d’art, un tableau par exemple, il ne s’agit pas d’y jeter un coup d’œil rapide avant de passer au suivant. Non. Il faut prendre le temps de s’asseoir, et de contempler. De laisser le regard flotter sur l’œuvre, en sorte que les détails apparaissent petit à petit, avec le jeu des couleurs, des formes, des symétries, des perspectives, des symboles et des significations. Tout ce qui n’apparaît pas immédiatement, mais qui se révèle, peu à peu, à mesure que l’on prend le temps de demeurer.

Voilà ce à quoi le Seigneur nous invite avec lui. Et voilà sa façon d’être avec nous. Demeurer. Non seulement, il est toujours avec nous, présent, à nos côtés, mais il prend encore le temps de la patience, de la connaissance en profondeur en sorte que nous lui devenions familiers, proches, intimes. Jésus nous connaît d’une connaissance longue et patiente, bienveillante.

Alors, comment faire pour lui rendre la pareille ? Comment faire pour, à notre tour, demeurer en lui ?

Jean nous donne une piste dans sa première lettre et cette piste se déploie dans deux directions : « Celui qui garde ses commandements, demeure en Dieu, et Dieu en lui. Or, voici son commandement : mettre votre foi dans le nom de son fils Jésus-Christ et nous aimer les uns les autres, comme il nous l’a commandé. »

Il y a d’abord la voie de la foi, de la confiance et de l’abandon en lui, de cet élan intérieur de tout notre être qui nous porte vers Jésus, qui nous donne le désir de le connaître, de le suivre, de voir où il demeure et de demeurer avec lui. D’entendre sa parole, de nous laisser habiter par elle et d’en vivre. La voie de la foi, la voie de la prière, de la méditation, de l’écoute de sa parole, de l’intimité partagée, qui nous met en communion avec le Christ et avec Dieu. Première voie.

Seconde voie. La voie de l’amour mutuel. La voie de l’action où nous demeurons en Dieu parce que nous mettons en pratique, entre nous, l’amour même dont il nous aime et que nous en éprouvons du coup la réalité dans notre vie. « N’aimons ni en parole, ni par des discours, dit encore saint Jean, mais par des actes et en vérité. » Car lorsque nous agissons par amour, c’est-à-dire en voulant du bien à l’autre, en voulant le bien de l’autre, qu’il nous soit sympathique ou non, ce n’est pas la question, nous entrons dans le mouvement même qui anime Dieu à notre égard, et nous demeurons en lui.

Voie de la foi, voie de l’amour. Jésus nous invite à prendre le temps, avec lui, comme lui le prend, avec nous. Et ainsi nous vivrons, solidement ancré, enracinés, puisant notre sève à la sienne, comme le sarment ancré à la vigne. Et notre vie portera du fruit en abondance. Tous les couples, tous les parents, tous les amis le savent, il y a de la joie et du bonheur à demeurer simplement avec celui, avec celle, avec ceux que l’on aime. Comment n’en serait-il pas de même avec celui qui est la source et l’origine de tout amour ? Trouverons-nous ce temps pour demeurer avec lui ? Amen.

Paul Malvaux s.j.
Communauté Notre Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner la prière:
Pour accomplir les œuvres du Père

Paroles : Didier Rimaud Musique : Jacques Berthier

Refrain : L’Esprit nous appelle à vivre aujourd’hui,
A vivre de la vie de Dieu.
L’Esprit nous appelle à croire aujourd’hui,
A croire au bel amour de Dieu.

  1. Pour accomplir les œuvres du Père
    En croyant à celui qui a sauvé le monde,
    Pour témoigner que Dieu est tendresse
    Et qu’il aime la vie et qu’il nous fait confiance,
    Pour exposer ce temps à la grâce
    Et tenir l’univers dans la clarté pascale.
  2. Pour découvrir les forces nouvelles
    Que l’Esprit fait lever en travaillant cet âge,
    Pour nous ouvrir à toute rencontre
    Et trouver Jésus Christ en accueillant ses frères,
    Pour être enfin le sel, la lumière,
    Dans la joie de servir le Serviteur de l’homme.
  3. Pour inventer la terre promise
    Où le pain se partage, où la parole est libre,
    Pour que s’engendre un peuple sans haine
    Où la force et l’argent ne seront plus les maîtres,
    Pour annoncer le jour du Royaume,
    Sa justice et sa paix qui briseront les guerres.
  4. Pour épouser la plainte des autres
    En berçant le silence au plus secret de l’âme,
    Pour assembler les pierres vivantes
    Sur la pierre angulaire où se construit l’Eglise,
    Pour entonner un chant d’espérance
    Dans ce monde sauvé et qui attend sa gloire.