Dimanche 27 novembre 2022

Premier dimanche de l’Avent (A)

Textes de la liturgie

  • Isaïe 2, 1-5 : Venez, montons à la montagne du Seigneur.
  • Psaume 121 : Dans la joie, nous irons à la maison du Seigneur.
  • Romains 13, 11-14 : C’est le moment…
  • Matthieu 24, 37-44 : Comme il en fut aux jours de Noé…

Lire les textes de la liturgie

Venez, montons
à la montagne du Seigneur

Illustration de Nathalie Philétas (Éditions Jésuites)
Pour méditer et cheminer, un flyer est disponible à la sortie de la Chapelle,
pour les enfants et les adultes (avec une méditation de Tommy Scholtes).

L’homélie

Frères et sœurs,

Un réveil et un rêve ! Voici les deux mots-clés de ce premier dimanche de l’Avent !

Deux personnes qui m’étaient proches sont décédées récemment, de manière tout à fait inopinée. Il m’est aussi arrivé de célébrer les funérailles de certains de mes anciens élèves, parfois très jeunes. C’est toujours un choc. Et si j’étais le suivant ?

Si j’imagine que nécessairement ce sont les aînés de ma communauté qui me précéderont, je risque de m’endormir. L’essentiel de ma vie se joue chaque jour, se joue donc aujourd’hui.

« Et moi, suis-je prêt ? » Cette pensée me tient-elle en éveil ? joue-t-elle comme un réveil ? Non pas que je n’ai plus rien à réaliser, que je n’aurais plus rien à apporter, comme si j’avais déjà fait mon testament et que j’attendais l’injection qui mettra fin à mes jours ! Une telle attitude serait morbide et n’a rien à voir avec « être prêt » au sens évangélique ; ce serait plutôt vouloir tout maîtriser.

Suis-je prêt, c’est : « Est-ce que je vis aujourd’hui comme si c’était mon dernier jour, avec la même intensité que si c’était mon dernier jour ! sans regret ni rancune, en donnant le meilleur de moi-même, pardonnant à ceux pour qui j’ai de la rancœur ; exprimant à ceux que j’aime que je les aime. »

Un rêve : c’est ce qu’exprime Isaïe (le prophète qui nous accompagne au cours de l’Avent) : « la montagne de la maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines ». Je ne suis pas allé en Israël, mais je me souviens que mon professeur d’exégèse soulignait combien cette vision n’avait rien de géographique : Jérusalem n’est pas sur une montagne exceptionnelle, mais sur une simple colline qui ne domine guère ses voisines.

La vision d’Isaïe est bien symbolique : « Ah, si notre ville, notre religion, notre temple voyaient converger des femmes et hommes de toutes les nations ! » N’oublions pas qu’Israël a toujours été un petit peuple (comme notre pays) coincé entre des grandes nations au destin éblouissant (l’Egypte, l’Assyrie) (comme la Belgique). Dès lors exprimer que les peuples convergent vers Jérusalem c’est bien exprimer un rêve : comme si on espérait que les Français, les Anglais, les Allemands convergent vers Bruxelles ou Namur.

Ce rêve n’exprime pas la supériorité d’un peuple sur les autres (puisque le peuple est petit) : c’est tout simplement un rêve de paix. « De leurs épées ils forgeront des socs de charrue et de leurs lances des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre ».

Les aînés parmi nous ont connu la guerre. Les gens de ma génération la découvrent avec effroi en Ukraine. Pendant trois quarts de siècle on ne s’est plus fait la guerre en Europe occidentale : quelle chance ! et c’est exceptionnel dans l’histoire de nos pays ! Cette paix nous la devons à des hommes et des femmes qui ont rêvé comme Isaïe : la sidérurgie, qui pouvait couler des canons et des obus, a servi à fabriquer des tracteurs ; l’intelligence des stratèges a servi à développer une politique agricole commune et un marché commun, plutôt qu’à diriger des armées. Des hommes ont rêvé et ont assis les fondements d’une paix qui dure depuis 77 ans. Si la guerre en Ukraine nous rappelle que rien n’est définitif, reconnaissons combien la paix est bonne et que pour défendre cette paix et l’approfondir, il faut continuer à rêver et à veiller.

Un réveil pour nous éveiller, pour éveiller nos rêves. Est-ce que nous rêvons encore ? Avons-nous des envies, des désirs, des ambitions ? Ou bien sommes-nous convaincus que cela ne vaut plus la peine : « Je suis trop vieux ; on a déjà essayé, cela ne sert à rien, tout est tellement compliqué… » Si vous raisonnez ainsi, il y a de vrais défis et du travail pour cette période d’Avent !

Lorsqu’on commence une nouvelle année il y a toujours un échange de vœux (pour les autres), et l’engagement par de bonnes résolutions (pour soi). Dans le cycle liturgique, c’est aujourd’hui la nouvelle année, pleine d’opportunités.

Les randonneurs parmi nous connaissent les combats de la marche en montagne. Avant de partir il y a l’attrait de la hauteur : « C’est là en haut que je veux aller. » Désir qui m’aimante et me tire en avant ! En cours de route, il y a souvent des découragements : « Je n’y arriverai jamais. C’est beaucoup trop loin. » Mais heureusement, il y a des lacets et des cols sur le chemin. J’ai toujours un point que je puis viser. Provisoirement je me concentre sur ce point. « Je vais au moins jusqu’à ce col, je vise au moins ce virage. » De là on recommence à viser le virage ou le col suivant. De col en col, de virage en virage, de lacet en lacet, on se rapproche du sommet.

Ainsi en est-il de nos années ! Notre chemin n’est pas une ligne droite. Si on voyait tout le chemin à parcourir en une fois, on n’avancerait plus, découragés. Mais d’année en année, il y a une spirale qui s’étire. Avec le recul on peut percevoir l’avancée.

J’avance parce que je rêve ! Je veille à garder mes rêves éveillés. Mes rêves me gardent éveillé.

Père Thierry Dobbelstein sj
Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Le Seigneur passe…

Paroles : CFC (Prière du Temps Présent) – Musique : Jacques Berthier

  1. Le Seigneur passe…
    Ouvriras-tu
    Quand frappe l’inconnu ?
    Peux-tu laisser mourir la voix
    Qui réclame ta foi ?
    Le Seigneur passe…
    Entendras-tu
    L’Esprit de Jésus Christ ?
    Il creuse en toi la pauvreté
    pour t’apprendre à prier.
  2. Le Seigneur passe…
    Eteindras-tu
    L’amour qui purifie ?
    Vas-tu le fuir et refuser
    D’être l’or au creuset ?
    Le Seigneur passe…
    Entreras-tu
    Dans son eucharistie ?
    Rappelle-toi que dans son corps
    Il accueille ta mort.
  3. Le Seigneur passe…
    Oseras-tu
    Lancer ton cri de joie ?
    Christ est vivant, ressuscité,
    Qui voudra l’héberger ?
    Le Seigneur passe…
    Attendras-tu
    Un autre rendez-vous ?
    Pourquoi tarder ?  Prends avec lui
    Le chemin de la vie.