Dimanche 29 octobre 2023

30ème dimanche ordinaire (A)

Lectures

  • Exode 22, 20-26 : Tu n’exploiteras pas l’immigré.
  • Psaume 17 : Je t’aime, Seigneur, ma force.
  • 1 Thessaloniciens 1, 1-5c-10 : Vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants.
  • Matthieu 22, 15-21 : Quel est le grand commandement ?

Lire les textes de la liturgie

Aimer pour vivre pleinement
et vivre en Dieu pour aimer infiniment

 

Homélie

Chers frères & sœurs,

Même si personne n’a demandé notre avis avant de nous faire advenir sur cette terre, en prenant conscience de notre existence, il naît en nous le besoin de nous approprier cette vie que nous découvrons chaque jour. Cela devient alors un devoir existentiel de chaque instant. Il nous faut l’apprivoiser, lui donner une raison d’être, un contenu à la mesure des buts que nous nous fixons et en lien avec les valeurs acquises et les élans qui de l’intérieur nous travaillent. Vivre devient alors une mission, celle de donner un sens au don que nous avons reçu de Dieu par le truchement de nos parents. Il nous faut habiter notre vie pour qu’elle devienne toujours un peu plus, nôtre. Ce cheminement est absolument personnel, même s’il ne peut se faire sans la prise en compte des autres avec lesquels nous vivons en interaction ; car Dieu nous a voulus interdépendants les uns des autres. Que d’efforts ne devons-nous pas fournir pour vivre en harmonie avec nous-même et notre environnement !

C’est dans ce sens que quelques questions surgissent à l’esprit. Ces questions sont les suivantes : Premièrement, pourquoi sommes-nous en ce monde ? C’est la raison de notre être au monde qui est ici interrogée. Secondement, pour quoi (en deux mots) existons-nous ? C’est le but qui est ici recherché. Ces questions, chacun se les a posées au moins une fois dans son existence. Et tout chrétien convaincu de sa foi peut y répondre sans hésitation aucune. Nous sommes voulus par Dieu qui nous aime et nous existons pour l’aimer et pour aimer.

Il est clair que cette réponse n’est pas partagée par tous et que différentes autres voies s’offrent comme des alternatives de réponse. Ainsi, on pourrait attribuer notre existence à un accident, au hasard de la rencontre de nos parents. On pourrait vouer toute notre vie à la réussite sociale, à l’accumulation d’avoir et de savoir, à la quête d’influence, de pouvoir et de triomphe y percevant ainsi le but ultime de notre existence. Sauf qu’ils sont nombreux ces hommes et ces femmes qui après avoir conquis le monde et thésaurisé d’énormes biens en sont encore à éprouver un manque profond, un vide que rien ne semble combler, une soif que rien n’arrive à étancher ; parce qu’elle est en fait, soif de transcendance. Ce vide est une invitation de l’infini qui murmure en nos cœurs qu’ils ne sont pas faits pour ne se satisfaire que des affections de ce monde.

« Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en Toi » disait à juste titre Saint Augustin inspiré par les Écritures.

La réponse de Jésus au pharisien du texte évangélique de ce jour nous situe clairement et définitivement face à l’origine et au but de notre existence : nous sommes faits pour aimer Dieu et les autres hommes et femmes puisque nous sommes tous de lui, créés à son image et à sa ressemblance. « Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit » ne peut être que la source du bonheur humain. Puisque lui seul peut nous combler entièrement, il nous veut donc sans partage.

Frères & sœurs, il ne faut pas oublier que les commandements du Seigneur sont au service de la vie que le Christ nous donne en plénitude (Jean 10,10). Dans l’Évangile de Jean 15, 10-12 le Christ affirme : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour… Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». C’est donc dans le fait d’aimer que se trouve la joie parfaite, le bonheur sans fin. Mais en cela, l’amour de Dieu est primordial. Car, l’amour humain tendu vers le fini est appelé à n’aboutir qu’à éprouver le manque et l’insatisfaction. Il est donc nécessaire de s’élever pour trouver dans la transcendance de Dieu, la réponse à l’appel de l’infini qui fait que nous sommes tendus vers ce toujours plus. S’ouvrir au divin, pour aimer à la dimension de l’infini, et ne point risquer d’être déçu en n’ayant pour unique objet d’amour ce qui est extérieur à nous et qui est appelé à disparaitre, c’est à cela que Dieu nous appelle. Lui seul peut venir au secours de nos fragilités et de nos manques. De même que le nourrisson a besoin de l’affection et des attentions de sa mère pour se développer harmonieusement, de même, nous avons besoin de Dieu et de son amour pour être pleinement comblés.

Cet amour que nous devons avoir pour Dieu est inexorablement et inséparablement lié au second commandement issu de la réponse du Christ : aimer son prochain comme soi-même. Car si quelqu’un dit : « J’aime Dieu, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jean 4,20).

En outre, en entrant dans ce monde, nous sommes insérés dans une communauté humaine, un faisceau de relations qui nous préexiste et nous lie les uns aux autres et nous ne pouvons rien y faire. Au moment où la menace du repli identitaire pointe, et que l’intolérance à la différence trouve des laudateurs, il nous faut nous le rappeler : le prochain à aimer a le visage de l’humanité en ses différentes composantes, celui de cet étranger qui nous paraît bien étrange, de cet immigré perçu comme envahisseur, de ces pauvres, ces veuves et ces orphelins dont la vue dérange notre confort affectif ou social.

Frères et sœurs, l’amour humain a besoin de se laisser nourrir par l’amour divin. Il en a besoin pour se débarrasser de l’égoïsme et de l’égocentrisme qui peuvent vite le pervertir et l’emmener à aimer l’autre non pas pour lui-même, mais uniquement pour soi, à des fins de satisfaction d’envies et d’ambitions hautement personnelles. On peut dire que l’Amour de Dieu est au service de la perfection de l’amour humain.

Finalement, frères et sœurs, nous devons aimer pour vivre pleinement et nous devons vivre en Dieu pour aimer infiniment.

Père Philippe Amanfo sj

Communauté Notre-Dame de la Paix, Namur

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Un chant pour accompagner notre méditation

Aimer, c’est tout donner

D’après Sainte Thérèse de Lisieux (chant de l’Emmanuel)

Aimer c’est tout donner (ter)
Et se donner soi-même !

  1. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges
    Si je n’ai pas l’amour, je suis comme l’airain qui sonne
    Ou la cymbale qui retentit.
  2. Si je prophétisais et connaissais tous les mystères
    Si j’avais la foi à transporter les montagnes
    Sans l’amour je ne suis rien.
  3. Quand je distribuerais ce que je possède en aumônes
    Et si je livrais mon corps à brûler dans les flammes
    Cela ne me sert de rien.