
Dimanche 6 avril 2025
5ème dimanche de Carême (C)
Lectures
- Isaïe 43, 16-21 : Je vais faire passer un chemin dans le désert.
- Psaume 125 : Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous, nous étions en grande fête.
- Philippiens 3, 8-14 : Ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur.
- Jean 8, 1-11 : La femme adultère.
Lire les textes de la liturgie
Ce qui enferme, celui qui libère.
La femme adultère. Berna
Bernadette Lopez, Évangile et Peinture
Homélie
Frères et sœurs,
Chacune des lectures de ce dimanche de Carême, nous met en présence de situations ou d’attitudes qui enferment, et d’une espérance éveillée en Jésus Christ qui nous invite à entrer dans la liberté.
Le récit de la Femme adultère (Jn 8, 1-11) est particulièrement dense à cet égard.
Qui est présent ? Quel type de relations sont à l’œuvre ? Enferment-elles ou ouvrent-elles un espace de liberté ? S’agit-il de lier ou de délier ?
- Voyons d’abord les scribes et pharisiens qui sont au départ de l’action. Ils avancent sous couvert de justice, de respect de l’Alliance. Celle-ci est ramassée dans les dix commandements (dont l’adultère) qui doivent garantir la liberté du peuple après sa sortie de l’esclavage. Mais leur intention réelle est ailleurs et clairement énoncée : mettre Jésus à l’épreuve pour pouvoir l’accuser, s’en débarrasser définitivement. Ils ne cherchent pas du tout la justice, mais tendent un piège : mettre Jésus hors la Loi et donc hors l’Alliance entre Dieu et son peuple. Voilà qui interroge la pureté d’intentions, mais aussi les stratégies mortifères d’une institution, ici religieuse, qui se protège de celui qui dérange, Jésus en l’occurrence.
- Quant à la femme surprise en flagrant délit, elle n’est finalement qu’un objet pour atteindre leur but. Elle est traitée comme un objet qu’on amène et humilie. Elle seule d’ailleurs est présentée, mise au milieu, dévisagée, en l’absence du partenaire masculin qui pourtant devait être présent lors du flagrant délit. Tous sont enfermés : les scribes et pharisiens dans leur intention dévoyée qui s’enracine dans une loi qui cadenasse ; la femme dans sa culpabilité et surtout dans le regard humiliant qui la juge et condamne.
- Et qu’en est-il de Jésus, dans son rapport à la femme, aux scribes et pharisiens (et sans doute aux badauds qui sont là sur la place publique aujourd’hui comme hier) ?
- Tout d’abord Jésus baisse le regard, prend la parole, puis à nouveau baisse le regard. Refuser ainsi de suivre les doigts accusateurs, et imposer le silence c’est détourner de la femme ces paroles, ces regards qui humilient, enferment et tuent.
- Ensuite, Jean nous raconte qu’il finit par s’adresser aux scribes et pharisiens. Il se dresse, nous dit-il, il affronte les accusateurs les yeux dans les yeux, et les renvoie à leur conscience. Ensuite, il se baisse à nouveau, histoire de ne pas entrer dans l’œil pour œil, dans une violence réciproque, mais de leur ouvrir l’espace de la conscience. Aucune trace d’humiliation ici : ils se retirent un à un, dans un cheminement libre seul à seul. Ainsi donc les premiers à être libérés ici ce sont les accusateurs, les soi-disant protecteurs de l’Alliance.
- Ensuite seulement, Jésus se redresse une deuxième fois et s’adresse à la femme, seul à seul : les yeux dans les yeux d’une sœur en humanité. Parole où « amour et vérité se rencontrent », parole qui libère de toute condamnation, de tout enfermement : « Va et ne pèche plus ».
C’est au fond la même dynamique qui se déploie dans l’extrait de la lettre aux Philippiens. Paul a éprouvé cette libération en Jésus Christ dans sa chair : « J’ai moi-même été saisi par le Christ ». Lui le persécuteur, au nom de la Loi, a été sorti de son enfermement par sa rencontre personnelle avec le Christ. Ici, il ajoute, que cette entrée dans la connaissance, dans la communion, n’est pas l’affaire d’un instant, mais le chemin dynamique de toute une vie : « je poursuis ma course pour saisir » « lancé (tendu) de tout mon être » « afin de gagner un seul avantage, le Christ ».
Puissions-nous avoir le même élan, cette même recherche constante de communion intime avec le Christ, pour sortir des étroitesses personnelles et institutionnelles. Il y a là un passage pour nous, pour devenir « témoins d’espérance ». Nous pourrons alors voir ce qui germe, le chemin dans le désert, les fleuves dans les lieux arides dont nous parle Isaïe.
Père Bernard Peeters sj
Communauté Notre-Dame de la Paix. Namur
La prière universelle de ce dimanche
Le célébrant : En ce cinquième dimanche de Carême, nous confions nos sœurs et nos frères, proches et lointains, à Dieu notre Père.
Refrain : Entends le cri des hommes monter vers toi Seigneur.
- L’Eglise régulièrement adresse des messages, localement ou de manière universelle. Nous te prions Seigneur pour que ses interventions auprès des habitants du monde, des gouvernants en particulier, soient inspiratrices d’attitudes justes et réalistes au service de la paix et du bonheur de tous.
Nous t’en prions Seigneur. - En avril, le Pape nous invite à prier pour l’utilisation des nouvelles technologies. Seigneur nous te prions pour qu’elles ne remplacent pas les relations humaines, mais respecte la dignité des personnes et aide à affronter les crises de notre temps.
Nous t’en prions Seigneur. - Aujourd’hui, les personnes qui en ont exprimé le désir, reçoivent le sacrement des malades. Donne-leur, ainsi qu’à tous ceux qui souffrent, la force et le courage de traverser l’épreuve de la maladie ; donne-leur
la guérison si, dans ta grande bonté, tu veux bien la leur procurer.
Nous t’en prions Seigneur. - En ce cinquième dimanche de Carême nous sommes invités à changer de regard. Ainsi la femme adultère est condamnée par les hommes mais aimée de Dieu. Et Jésus la libère. Seigneur, donne-nous la grâce de changer notre regard sur l’autre et sur le monde. Aide-nous à nous libérer de nos jugements qui nous replient sur nous-mêmes et qui enferment les autres dans des préjugés.
Nous t’en prions Seigneur.
Le célébrant : Dieu miséricordieux, reçois nos prières suscitées par ton Esprit, nous te le demandons par Jésus, le Christ, ton Fils, notre Seigneur. Amen.
Un chant pour accompagner notre méditation
N’aie pas peur !
Paroles et musique : Georges Lefèbvre
N’aie pas peur, laisse-toi regarder par le Christ,
Laisse-toi regarder car il t’aime.
- Il a posé sur moi son regard, un regard plein de tendresse,
Il a posé sur moi son regard, un regard long de promesse. - Il a posé sur moi son regard, et m’a dit : Viens et suis-moi
Il a posé sur moi son regard, et m’a dit : Viens ne crains pas. - Il a posé sur moi son regard, et ses yeux en disaient long,
Il a posé sur moi son regard, c’était celui du pardon. - Il a posé sur moi son regard, alors j’ai vu qu’il pleurait,
Il a posé sur moi son regard, alors j’ai su qu’il m’aimait.